Le vaste chantier de construction à Kitimat, en Colombie-Britannique, représente bien plus que le premier grand terminal d’exportation de gaz naturel liquéfié du Canada—il symbolise l’entrée ambitieuse du pays dans un marché mondial compétitif. Alors que les travailleurs s’affairent sur cette installation massive qui prend forme avec en toile de fond les montagnes côtières, Jason Klein, PDG de LNG Canada, examine ce qui deviendra bientôt une force transformatrice dans le paysage énergétique canadien.
“D’ici la fin de cette décennie, le Canada sera le cinquième plus grand exportateur mondial de GNL,” déclare Klein avec une confiance indéniable lors de notre entretien exclusif sur ce développement de 40 milliards de dollars. “Ce que nous construisons ici n’est pas seulement de l’infrastructure—c’est la position stratégique du Canada dans un marché énergétique mondial en rapide évolution.”
Les chiffres qui soutiennent cette prédiction audacieuse sont substantiels. Lorsque la Phase 1 sera achevée en 2025, l’installation traitera environ 14 millions de tonnes de GNL annuellement. Si la Phase 2 reçoit l’approbation finale, cette capacité doublerait à 28 millions de tonnes, positionnant le Canada parmi les puissances mondiales du GNL comme le Qatar, l’Australie et les États-Unis.
Cette trajectoire de croissance arrive à un moment crucial alors que la demande mondiale en gaz naturel continue d’augmenter, particulièrement sur les marchés asiatiques où les pays effectuent une transition pour s’éloigner de la production d’électricité au charbon. Les analystes de l’industrie prévoient que la demande mondiale de GNL pourrait augmenter de 50% d’ici 2030, créant ce que Klein décrit comme “une opportunité générationnelle” pour les producteurs canadiens.
“L’avantage canadien est considérable,” explique Klein, soulignant les routes maritimes plus courtes vers les marchés asiatiques comparativement aux concurrents du Golfe du Mexique. “Nous parlons de trajets maritimes plus courts de 10 jours vers Tokyo par rapport aux terminaux du Golfe américain. Cela se traduit par des coûts de transport inférieurs et des émissions réduites.”
Les considérations environnementales demeurent au cœur du développement du projet. LNG Canada affirme que son installation produira environ 50% moins d’émissions de gaz à effet de serre que la moyenne mondiale des installations de GNL, grâce à l’approvisionnement en énergie hydroélectrique de BC Hydro et à une technologie de traitement avancée.
“Nous construisons ce qui sera parmi les installations d’exportation de GNL à la plus faible intensité carbone au monde,” souligne Klein. “Il ne s’agit pas seulement de développement économique—mais de développement responsable des ressources.”
Les partenariats autochtones ont formé la base de l’approche communautaire du projet. Avec 25 Premières Nations le long du tracé du pipeline Coastal GasLink ayant signé des accords, le projet représente un nouveau modèle de développement des ressources. Crystal Smith, conseillère en chef de la Nation Haisla, décrit le projet comme “transformateur” pour la souveraineté économique de sa communauté.
La dynamique du marché semble favorable malgré une concurrence mondiale accrue. Bien que les exportations américaines de GNL se soient considérablement développées et que le Qatar prévoie d’importantes augmentations de production, les experts de l’industrie estiment que le GNL canadien trouvera des acheteurs prêts, particulièrement dans les économies asiatiques avides d’énergie qui recherchent des chaînes d’approvisionnement stables.
“La fenêtre pour le GNL canadien ne se ferme pas—elle s’élargit,” affirme Klein. “La demande mondiale en gaz naturel devrait augmenter pendant des décennies, même dans les scénarios de transition énergétique les plus agressifs.”
Les critiques se demandent si les nouvelles infrastructures de combustibles fossiles s’alignent avec les engagements climatiques, mais Klein rétorque que le gaz naturel reste essentiel pour la sécurité énergétique mondiale pendant la transition vers les énergies renouvelables. “Le gaz naturel fournit l’énergie de base fiable nécessaire pour soutenir les sources renouvelables intermittentes,” argumente-t-il.
Alors que le projet progresse vers sa date d’achèvement en 2025, Klein souligne que LNG Canada ne représente que le début du potentiel du pays sur les marchés mondiaux du GNL. Avec des projets supplémentaires à l’étude le long des deux côtes, le Canada se trouve au seuil de devenir un acteur majeur dans le commerce énergétique international.
“Ce que nous observons n’est rien de moins que l’émergence du Canada comme superpuissance énergétique dans le gaz naturel liquéfié,” conclut Klein. “La question n’est pas de savoir si le Canada deviendra un exportateur mondial significatif de GNL—mais plutôt à quelle vitesse nous pourrons nous développer pour saisir l’opportunité qui s’offre à nous.”
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