Dans un développement important qui pourrait affecter le service postal à travers le pays, les employés de Postes Canada ont massivement rejeté les offres finales de contrat de la société d’État, préparant le terrain pour d’éventuelles perturbations du travail à l’approche de la période achalandée des Fêtes. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), qui représente plus de 55 000 travailleurs postaux, a annoncé les résultats jeudi après plusieurs semaines de négociations tendues.
Le rejet survient après que 95,9 % des facteurs urbains et 95,3 % des facteurs ruraux et suburbains ont voté contre les propositions de la direction, signalant une profonde insatisfaction face aux conditions que les dirigeants syndicaux ont décrites comme “loin de répondre aux préoccupations cruciales en milieu de travail”.
“Les travailleurs postaux ont envoyé un message clair que Postes Canada doit revenir à la table des négociations avec des propositions qui répondent véritablement à l’équilibre travail-vie personnelle, aux préoccupations de sécurité et à une rémunération équitable,” a déclaré Jan Simpson, présidente nationale du STTP. “Nos membres fournissent des services essentiels aux Canadiens quotidiennement, et ils méritent des contrats qui reconnaissent leurs contributions.”
Les offres rejetées comprenaient des augmentations salariales modestes de 3,8 % sur quatre ans pour les employés urbains et de 3,5 % pour les facteurs ruraux et suburbains – bien en dessous des taux d’inflation actuels et des demandes syndicales pour des augmentations qui maintiendraient le pouvoir d’achat dans le climat économique actuel.
Ce rejet représente le plus grand pourcentage de membres votants s’opposant à une offre de contrat dans l’histoire récente du syndicat, reflétant une frustration croissante parmi les travailleurs postaux qui ont vu les charges de travail augmenter tandis que la rémunération peine à suivre la hausse du coût de la vie.
Jon Hamilton, porte-parole de Postes Canada, a exprimé sa déception mais a réitéré l’engagement de la société à parvenir à des accords sans perturbations de service. “Nous avons présenté des offres justes et raisonnables qui équilibrent les besoins de nos employés avec notre réalité financière alors que nous naviguons dans un contexte de volumes de courrier en déclin et de concurrence accrue dans le secteur des colis,” a déclaré Hamilton.
Les experts en relations de travail notent que le moment met une pression particulière sur les négociations, car Postes Canada traite généralement 20-30 % plus de volume pendant la période de novembre-décembre. Toute action potentielle pourrait avoir un impact significatif sur les opérations des entreprises canadiennes qui dépendent de la livraison ponctuelle du courrier et des colis, particulièrement les petites entreprises qui manquent d’arrangements d’expédition alternatifs.
Le différend porte sur plusieurs questions clés au-delà des salaires. Le STTP a souligné des préoccupations concernant les heures supplémentaires forcées, la sécurité au travail, la sécurité d’emploi et l’utilisation croissante de travailleurs temporaires sans avantages sociaux. Les facteurs ruraux sont particulièrement concentrés sur l’atteinte de l’équité salariale avec leurs homologues urbains – un problème qui persiste malgré les décisions d’arbitrage précédentes.
“Le système actuel à deux vitesses crée des inégalités fondamentales entre les travailleurs urbains et ruraux qui effectuent essentiellement les mêmes fonctions,” a expliqué l’économiste du travail Marina Levine. “C’est un problème controversé depuis des années, et les facteurs ruraux sont de plus en plus réticents à accepter ce qu’ils considèrent comme un statut de seconde classe.”
Selon les lois du travail canadiennes, les deux parties doivent maintenant retourner aux négociations. Un arrêt de travail ne peut légalement se produire sans un préavis de 72 heures, offrant une marge de manœuvre pour poursuivre les discussions. Cependant, le gouvernement fédéral s’est historiquement montré prêt à intervenir dans les conflits postaux jugés menaçants pour les intérêts économiques nationaux.
Le rejet survient alors que Postes Canada poursuit ses efforts pour se réinventer dans un monde de plus en plus numérique. La société a rapporté une perte de 548 millions de dollars en 2022, les volumes de courrier continuant leur déclin régulier tandis que la livraison de colis fait face à une concurrence intense des services de messagerie privés.
Les associations d’affaires expriment déjà leur inquiétude face aux perturbations potentielles. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a publié une déclaration exhortant les deux parties à parvenir à une résolution rapide, notant que de nombreuses petites entreprises restent fortement dépendantes de services postaux fiables pour la facturation, les paiements et la livraison de produits.
Alors que les négociations reprennent, la question fondamentale demeure : Postes Canada peut-elle équilibrer ses défis de viabilité financière avec les demandes des employés qui se sentent de plus en plus pressés par les pressions de productivité et les réalités économiques? Les semaines à venir seront cruciales pour l’avenir du service postal national du Canada et les milliers de personnes qui en dépendent.