L’implication des patients dans les décisions sur les soins de santé au Canada négligée

Daniel Moreau
7 Min Read
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Dans le labyrinthe du système de santé canadien, il y a une absence notable à la table des décisions : le patient. Pendant que les politiciens débattent des modèles de financement et que les administrateurs jonglent avec les ressources, ceux qui sont les plus touchés par ces décisions demeurent des spectateurs sans voix dans leur propre parcours de soins.

L’ironie est frappante. Notre système de santé, censé servir les patients, les exclut systématiquement de toute participation significative, tant dans les décisions individuelles de traitement que dans les discussions politiques plus larges. En observant les débats en cours sur les soins de santé dans toutes les provinces, cette déconnexion est devenue de plus en plus troublante.

Considérons l’expérience typique des soins de santé au Canada : de longues périodes d’attente, des soins fragmentés et des plans de traitement présentés comme des décrets plutôt que des conversations. Lorsque les patients tentent de défendre leurs intérêts, ils sont souvent étiquetés comme “difficiles” ou rejetés pour leur manque d’expertise médicale. Pourtant, qui comprend mieux l’impact vécu des politiques de santé que ceux qui naviguent quotidiennement dans le système?

Cette approche paternaliste n’est pas seulement dépassée—elle est contre-productive. La recherche montre constamment que la participation des patients améliore les résultats de santé et la satisfaction tout en réduisant potentiellement les coûts. Une étude publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne a révélé que la prise de décision partagée conduisait à une utilisation plus appropriée des ressources et à une meilleure adhésion aux plans de traitement. Malgré ces preuves, notre système continue de fonctionner selon un modèle “le médecin sait mieux” qui appartient à un autre siècle.

Les conséquences vont au-delà des expériences individuelles des patients. Nos politiques de santé souffrent d’une déconnexion fondamentale de la réalité lorsqu’elles sont élaborées sans contribution significative des diverses perspectives des patients. Les conseils d’administration des hôpitaux et les autorités sanitaires prennent des décisions sur la prestation des services sans comprendre comment ces choix affectent des vies réelles. Le résultat est un système qui excelle dans les soins aigus mais qui a du mal avec la gestion des maladies chroniques, la santé mentale et la médecine préventive—précisément les domaines où l’aperçu des patients est le plus précieux.

Les ministres provinciaux de la santé annoncent régulièrement des initiatives “transformatrices” qui réorganisent les structures administratives tout en laissant l’expérience du patient largement inchangée. Ces réformes se concentrent généralement sur des métriques comme les temps d’attente et la capacité en lits sans aborder les aspects qualitatifs des soins qui comptent le plus pour les patients : la dignité, la communication et la participation à leurs propres décisions de santé.

Certains pourraient faire valoir que les soins de santé sont trop complexes pour une participation significative des patients. Cette vision sous-estime non seulement la capacité du public à s’engager sur des questions importantes, mais ignore également les modèles réussis ailleurs. Des pays comme le Danemark et les Pays-Bas ont intégré des représentants des patients à tous les niveaux de la gouvernance des soins de santé, des conseils d’administration des hôpitaux aux comités de politique nationale, avec des résultats impressionnants.

La voie à suivre nécessite plus que des gestes symboliques vers des “soins centrés sur le patient”. Elle exige un changement fondamental de pouvoir—reconnaissant les patients comme des partenaires essentiels plutôt que comme des bénéficiaires passifs de soins. Cela signifie créer des rôles formels pour les représentants des patients dans les structures de gouvernance, former les prestataires de soins de santé à la prise de décision partagée et établir des mécanismes de rétroaction qui influencent un véritable changement.

Les prestataires de soins de santé eux-mêmes reconnaissent de plus en plus ce besoin. Comme un médecin de famille m’a récemment confié : “L’outil de diagnostic le plus précieux que j’ai n’est pas dans ma trousse médicale—c’est d’écouter mes patients.” Pourtant, les praticiens individuels ne peuvent faire que tant dans un système qui exclut structurellement les voix des patients.

La pandémie de COVID-19 a brièvement mis en lumière ce problème lorsque des politiques affectant des millions de personnes ont été mises en œuvre avec une consultation publique minimale. Les campagnes de vaccination, les mesures de confinement et les restrictions des visiteurs à l’hôpital ont toutes révélé les conséquences de prendre des décisions sans tenir compte de leur impact humain.

Alors que le Canada fait face à des défis croissants en matière de soins de santé—du vieillissement de la population aux crises de santé mentale—nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer notre ressource la plus précieuse : l’expérience vécue des patients. Sans leur participation significative, nous traitons simplement les symptômes tandis que la maladie sous-jacente dans notre système de santé continue de s’aggraver.

La prochaine fois que vous entendrez des politiciens débattre du financement des soins de santé ou des administrateurs d’hôpitaux annoncer des plans de restructuration, demandez-vous : Où sont les voix des patients dans cette conversation? Leur absence en dit long sur la véritable nature de notre crise de santé.

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