Politique fédérale canadienne sur la criminalité 2025 : Pourquoi la sécurité publique devrait être la prochaine grande priorité d’Ottawa

Daniel Moreau
8 Min Read
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Face à l’augmentation des statistiques criminelles et à l’anxiété croissante du public, un curieux décalage politique est apparu partout au Canada. Alors que les Canadiens citent de plus en plus la sécurité publique comme préoccupation principale dans tous les sondages, les décideurs fédéraux continuent de traiter la criminalité comme un enjeu secondaire—quelque chose qui relève davantage de la compétence provinciale ou des forces policières municipales. Cette angle mort politique n’est pas seulement un échec de gouvernance; il devient un handicap dangereux dans les communautés, de Halifax à Vancouver.

Les chiffres racontent une histoire préoccupante. Le dernier indice de gravité de la criminalité de Statistique Canada montre une augmentation de 9% de la criminalité violente à l’échelle nationale depuis 2022, avec des pics particuliers d’attaques aléatoires, de vols à l’étalage et d’infractions liées à la drogue dans les centres urbains. Ce qui rend ces tendances particulièrement inquiétantes n’est pas seulement les données brutes, mais la nature changeante de la criminalité elle-même. Nous assistons à des incidents publics plus effrontés, une meilleure organisation des réseaux criminels, et des intersections croissantes entre les crises de santé mentale, la toxicomanie et les comportements criminels.

“La criminalité a évolué plus rapidement que nos cadres politiques,” explique Dre Sarah Jennings, criminologue à l’Université McGill. “Le gouvernement fédéral fonctionne encore avec un modèle quelque peu dépassé qui traite la criminalité comme principalement locale, alors que l’activité criminelle moderne traverse les juridictions, exploite les réseaux numériques et nécessite des réponses nationales coordonnées.”

Cette réalité exige une reconsidération fondamentale de l’approche d’Ottawa. Le gouvernement fédéral possède des pouvoirs et des ressources uniques que les autorités provinciales et municipales ne peuvent tout simplement pas égaler. Du Code criminel à la sécurité frontalière, de la collecte de renseignements aux priorités de financement national, la politique fédérale façonne les fondements sur lesquels tous les autres efforts de prévention de la criminalité doivent s’appuyer.

L’approche fragmentée actuelle a créé des incohérences troublantes à travers le Canada. À Toronto, des réseaux organisés de vol au détail opèrent avec des réseaux sophistiqués et de la technologie, tandis que dans les communautés plus petites, la crise des opioïdes continue d’alimenter les crimes contre les biens avec un soutien fédéral inadéquat pour le traitement des dépendances. Pendant ce temps, les cybercrimes ciblent de plus en plus les Canadiens vulnérables, les agences fédérales peinant à suivre le rythme des menaces en rapide évolution.

À quoi ressemblerait une stratégie fédérale complète en matière de criminalité? D’abord, elle reconnaîtrait que la réduction efficace de la criminalité nécessite de traiter à la fois les préoccupations immédiates de sécurité et les conditions sociales sous-jacentes. Cela signifie coordonner les services de santé mentale, le traitement des dépendances, les initiatives de logement abordable et les programmes de soutien communautaire parallèlement aux approches traditionnelles d’application de la loi.

Deuxièmement, une sérieuse stratégie fédérale contre la criminalité moderniserait le Code criminel pour faire face aux comportements criminels en évolution tout en garantissant des conséquences proportionnelles qui dissuadent la criminalité sans trop dépendre de l’incarcération. L’équilibre entre une responsabilisation significative et la réhabilitation reste insaisissable dans notre système actuel.

Troisièmement, Ottawa doit assumer le leadership dans la coordination du partage des renseignements et de la formation spécialisée entre les juridictions. Les forces policières municipales ne peuvent tout simplement pas gérer la nature de plus en plus complexe du crime organisé, des cybermenaces et des entreprises criminelles transfrontalières sans coordination et ressources fédérales.

Plus important encore, une approche nationale efficace serait basée sur des données et des preuves plutôt que sur l’opportunisme politique. “Nous savons ce qui fonctionne,” affirme l’ancien chef de police Michael Harrison, maintenant consultant en sécurité. “Le défi est de maintenir la volonté politique pour des solutions qui nécessitent souvent des délais plus longs que les cycles électoraux ne le permettent.”

La réticence politique à prioriser la criminalité au niveau fédéral découle en partie de préoccupations légitimes concernant l’empiétement juridictionnel et en partie de la nature complexe et clivante des débats sur la justice pénale. Les voix progressistes s’inquiètent du potentiel de politiques punitives qui touchent de manière disproportionnée les communautés marginalisées, tandis que les perspectives conservatrices mettent souvent l’accent sur la responsabilisation et les droits des victimes. Trouver un terrain d’entente nécessite le genre de leadership politique soutenu et nuancé qui a été notablement absent.

Ce vide politique crée des conséquences réelles dans les communautés canadiennes. Lorsque le leadership fédéral est absent, les autorités locales se retrouvent à gérer les symptômes plutôt que les causes. La police devient l’intervenant par défaut pour les crises de santé mentale qu’elle est mal équipée pour gérer. Les communautés mettent en œuvre des approches contradictoires face à des problèmes similaires. Et la confiance du public dans les institutions s’érode lorsque les citoyens perçoivent le gouvernement comme insensible à leurs préoccupations fondamentales en matière de sécurité.

La voie à suivre ne concerne pas la posture politique ou la rhétorique simpliste “dure contre le crime”. Il s’agit de reconnaître que la sécurité publique est fondamentale pour une société fonctionnelle et mérite le même niveau d’attention fédérale que les soins de santé, le logement ou la politique économique. En fait, ces questions sont profondément interconnectées—les opportunités économiques, la cohésion sociale et la santé publique influencent toutes les taux de criminalité et sont influencées par eux.

À l’approche du prochain cycle électoral fédéral, les Canadiens devraient exiger des stratégies claires et complètes en matière de criminalité de tous les grands partis. Quelles modifications législatives spécifiques proposent-ils? Comment équilibreront-ils l’application de la loi et la prévention? Quels engagements financiers prendront-ils? Et surtout, comment mesureront-ils le succès au-delà des arguments politiques?

L’écart croissant entre les préoccupations du public et la priorité fédérale ne peut pas continuer indéfiniment. La question n’est pas de savoir si Ottawa devrait faire de la criminalité une priorité fédérale—c’est de savoir combien de temps elle peut se permettre de ne pas le faire.

Alors que nous naviguons dans des défis sociaux de plus en plus complexes en 2025 et au-delà, peut-être est-il temps de reconnaître que la sécurité publique n’est pas une question partisane mais une condition préalable à tout ce que nous valorisons en tant que société. Nos dirigeants fédéraux peuvent-ils relever ce défi, ou les Canadiens continueront-ils à sentir que leur gouvernement reste en retard sur les préoccupations de sécurité qui définissent de plus en plus la vie quotidienne?

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