L’emblématique détaillant canadien La Baie d’Hudson a lancé l’une des plus importantes réductions d’effectifs de ses 354 ans d’histoire, avec le projet de licencier plus de 8 000 employés d’ici juin dans le cadre d’une vaste restructuration opérationnelle.
Les licenciements, révélés par des documents internes obtenus par CO24 News, représentent environ 20 pour cent de l’effectif total de l’entreprise au Canada et coïncideront avec la fermeture de plusieurs emplacements sous-performants. Cette annonce survient alors que la chaîne de grands magasins lutte contre les défis persistants des concurrents du commerce électronique et l’évolution des habitudes d’achat des consommateurs, accélérée par la pandémie.
« C’était une décision incroyablement difficile, mais nécessaire pour positionner La Baie d’Hudson en vue d’une durabilité future dans un paysage commercial en rapide évolution », a déclaré un porte-parole de l’entreprise dans une communication à CO24. « Nous nous engageons à soutenir les employés touchés tout au long de cette transition avec des indemnités de départ complètes et des services de placement professionnel. »
Le détaillant, dont les origines remontent à 1670 et qui occupe une place unique dans l’histoire canadienne, est aux prises avec une baisse de l’achalandage et l’évolution des préférences des consommateurs. Les analystes de l’industrie pointent l’adaptation tardive de l’entreprise au commerce numérique comme facteur clé de sa situation actuelle.
L’économiste spécialiste du commerce de détail Patricia Morgan a confié à CO24 que La Baie d’Hudson fait face à des défis structurels au-delà des pressions financières immédiates. « Le modèle même du grand magasin est sous menace existentielle. Ce que nous observons n’est pas simplement une réduction des coûts, mais une réinvention fondamentale de ce que La Baie d’Hudson doit devenir pour survivre dans l’environnement commercial des années 2020. »
Les licenciements toucheront des employés à tous les niveaux de l’organisation, des associés en magasin aux postes de l’entreprise. Selon des documents internes, l’entreprise prévoit de mettre en œuvre la réduction des effectifs par phases, la majorité des avis étant émis entre avril et mai.
Les représentants syndicaux des travailleurs du commerce de détail ont exprimé d’importantes préoccupations concernant l’ampleur des pertes d’emplois. « Ce ne sont pas seulement des statistiques – ce sont des milliers de travailleurs canadiens qui font face au chômage pendant une période économique déjà difficile », a déclaré Robert Khalil, porte-parole de l’Alliance canadienne des travailleurs du commerce de détail.
L’entreprise a souligné son intention de renforcer sa présence en ligne tout en maintenant une empreinte physique plus restreinte et plus ciblée. Le plan de restructuration comprend des investissements importants dans l’infrastructure technologique commerciale et une expérience client repensée dans les emplacements phares restants.
Les analystes financiers qui surveillent le secteur du commerce de détail ont noté que les défis de La Baie d’Hudson reflètent des tendances plus larges de l’industrie. Les grands magasins du monde entier ont du mal à redéfinir leur pertinence à une époque où les détaillants spécialisés et les plateformes en ligne ont fragmenté le marché.
« Cela fait partie d’un plus grand règlement de comptes dans le commerce de détail », a expliqué Michael Chen, analyste du commerce de détail chez Toronto Economic Partners. « La Baie d’Hudson n’est pas seule – les grands magasins traditionnels du monde entier sont forcés de réduire considérablement leur présence physique ou de risquer une obsolescence complète. »
L’entreprise a confirmé qu’elle honorera toutes les commandes clients et les cartes-cadeaux pendant la période de transition, et les membres du programme de fidélité conserveront leurs avantages. Cependant, les consommateurs devraient s’attendre à d’importantes ventes de liquidation dans les emplacements fermés dès le mois prochain.
Alors que La Baie d’Hudson navigue dans cette réduction drastique, la question demeure de savoir si cette institution canadienne historique peut se transformer avec succès en un détaillant rationalisé, axé sur le numérique, tout en maintenant l’héritage et la fidélité des clients qui l’ont soutenue à travers plus de trois siècles d’évolution économique. Ces coupes douloureuses s’avéreront-elles l’étape difficile mais nécessaire vers le renouveau, ou signalent-elles le début de la fin pour l’une des marques de commerce de détail les plus durables du Canada?