Dans une initiative audacieuse qui va transformer le paysage numérique du Canada, Telus Corp. a annoncé des plans pour investir plus de 70 milliards de dollars à travers le pays au cours des cinq prochaines années. Le géant des télécommunications a dévoilé hier sa stratégie ambitieuse, axée sur l’expansion des infrastructures de réseau et l’amélioration de la connectivité tant dans les centres urbains que dans les communautés éloignées.
“Il ne s’agit pas seulement de construire de meilleurs réseaux, mais de créer une équité numérique à travers le Canada,” a déclaré Darren Entwistle, président et chef de la direction de Telus, lors de l’annonce au siège social de l’entreprise à Vancouver. “Quand nous connectons une communauté éloignée ou un quartier en difficulté, nous ouvrons des portes vers l’éducation, les soins de santé et les opportunités économiques.”
L’investissement représente l’un des plus importants engagements du secteur privé dans l’histoire canadienne, avec environ 20 milliards de dollars destinés à l’expansion de l’infrastructure 5G. Selon les analystes de l’industrie, cette expansion fournira une couverture à près de 97 % des Canadiens d’ici 2028, contre 85 % actuellement.
Les communautés rurales devraient bénéficier considérablement de cette initiative. Telus prévoit d’allouer 15 milliards de dollars spécifiquement pour étendre les réseaux de fibre optique à plus de 2 000 communautés mal desservies, dont beaucoup dépendent encore de connexions par fil de cuivre désuètes ou ont un accès Internet limité.
“La fracture numérique au Canada n’est pas seulement un inconvénient, elle devient de plus en plus une barrière à la participation économique et sociale,” a souligné Dre Catherine Middleton, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en technologies de communication. “Des investissements de cette ampleur sont cruciaux pour s’assurer qu’aucune région n’est laissée pour compte.”
Au-delà de l’infrastructure, Telus engage des ressources substantielles dans l’innovation technologique. L’entreprise prévoit d’établir cinq nouveaux centres de développement technologique à travers le Canada, créant environ 12 000 emplois dans le secteur technologique. Ces centres se concentreront sur l’intelligence artificielle, les applications de l’Internet des objets et les technologies sans fil de prochaine génération.
Les retombées économiques pourraient être substantielles. Le Conference Board du Canada projette que l’investissement de Telus pourrait contribuer jusqu’à 32 milliards de dollars au PIB du Canada et créer près de 100 000 emplois dans divers secteurs en tenant compte de l’emploi direct, indirect et induit.
Pour les consommateurs, l’investissement promet plus qu’une simple amélioration de la puissance du signal. Les dirigeants de Telus ont souligné les plans d’expansion des technologies de soins de santé à domicile, l’amélioration des solutions de connectivité agricole et le renforcement des systèmes d’intervention d’urgence comme applications pratiques de l’infrastructure améliorée.
Cependant, l’annonce n’a pas été sans critique. Les groupes de défense des consommateurs ont exprimé des préoccupations quant à savoir si cet investissement massif se traduira par des services plus abordables pour les Canadiens, qui paient actuellement parmi les tarifs les plus élevés pour les données mobiles dans le monde développé.
“L’investissement dans l’infrastructure est bienvenu, mais les Canadiens ont besoin d’assurance que cela ne signifiera pas simplement des factures plus élevées,” a déclaré Laura Tribe, directrice générale d’OpenMedia, une organisation de surveillance des télécommunications. “Nous avons besoin de voir des engagements envers l’abordabilité aux côtés des engagements envers la technologie.”
Comme l’équipe de CO24 Affaires l’a déjà rapporté, les investissements en télécommunications de cette ampleur déclenchent souvent un examen réglementaire. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) examinera probablement certains aspects du plan de Telus, particulièrement ceux relatifs à la dynamique du marché concurrentiel et aux obligations de service universel.
La question de 70 milliards de dollars qui se pose maintenant aux Canadiens est simple : cet investissement massif comblera-t-il enfin le fossé numérique qui persiste malgré des décennies de promesses? Avec des travaux qui doivent commencer immédiatement et des étapes importantes ciblées pour 2025, la réponse pourrait venir plus tôt que nous le pensons.