Dans une confrontation saisissante qui souligne la relation complexe entre la vie urbaine et la faune, le résident d’Edmonton Robert Barr a échappé de justesse à des blessures graves lorsqu’une mère orignal protectrice l’a chargé dans son propre jardin mardi dernier au matin. Le retraité de 72 ans a décrit cette rencontre comme “surgissant de nulle part” alors qu’il effectuait l’entretien habituel de son terrain adossé à un ravin dans la banlieue ouest d’Edmonton.
“J’ai déjà vu des orignaux passer par ici, mais jamais aussi agressifs,” a confié Barr à CO24 News lors d’une entrevue exclusive. “Une minute je taillais des branches, la suivante je courais pour ma vie avec cet énorme animal fonçant sur moi.”
Les agents de la faune confirment que l’incident s’est produit pendant la saison de mise bas, période où les femelles orignaux sont particulièrement protectrices envers leurs petits. Les images de vidéosurveillance de la maison de Barr ont capturé le moment dramatique où la femelle orignal de 320 kilos a baissé la tête et chargé à environ 35 km/h, forçant Barr à se réfugier derrière un cabanon de jardin quelques secondes avant l’impact.
“La proximité des développements résidentiels avec les corridors naturels a entraîné une augmentation des rencontres avec la faune partout en Alberta,” explique Dr. Melissa Kumar, biologiste spécialiste de la faune à l’Université de l’Alberta. “Les orignaux, en particulier, se sont adaptés aux environnements urbains mais demeurent imprévisibles, surtout les femelles protégeant leurs petits.”
Les données provinciales indiquent une augmentation de 27 % des interactions signalées entre orignaux et humains dans les limites de la ville d’Edmonton au cours des cinq dernières années. Cette hausse correspond à l’expansion des développements résidentiels dans des habitats fauniques auparavant préservés, selon Pêches et Faune de l’Alberta.
Barr a subi des contusions mineures durant sa fuite mais a évité des blessures graves. “Je suis simplement reconnaissant d’avoir pu bouger assez vite,” a-t-il réfléchi. “Mon voisin n’a pas eu autant de chance l’an dernier quand son chien a effrayé un chevreuil – il s’est retrouvé avec un bras cassé.”
L’incident a relancé les discussions sur la gestion de la faune en milieu urbain. Le conseiller municipal James Hoffman a appelé à des programmes éducatifs renforcés pour les résidents vivant près des corridors naturels. “Nous devons équilibrer la préservation des habitats fauniques avec la sécurité publique,” a déclaré Hoffman lors de la réunion du conseil d’hier. “Beaucoup de résidents ne reconnaissent pas les signes d’avertissement de la faune ou ne comprennent pas comment réagir en toute sécurité.”
Le Service des parcs et loisirs d’Edmonton a répondu en annonçant l’augmentation de la signalisation dans les quartiers adjacents aux ravins et aux zones naturelles, soulignant particulièrement les risques saisonniers pendant les périodes de mise bas de mai à juin.
Pour des résidents comme Barr, cette rencontre a servi de rappel viscéral de l’imprévisibilité de la nature. “J’habite ici depuis vingt ans et je pensais comprendre les habitudes de la faune,” a-t-il dit. “Maintenant je scrute tout le jardin avant de sortir.”
Les experts de la faune recommandent de maintenir une distance minimale de 25 mètres des orignaux, de reconnaître les signes d’avertissement comme les oreilles couchées ou le poil hérissé, et de ne jamais se positionner entre une mère et ses petits. En cas de confrontation, chercher un abri substantiel comme un bâtiment ou un véhicule offre la meilleure protection.
Alors que les centres urbains continuent de s’étendre dans les habitats naturels à travers le Canada, comment les communautés équilibreront-elles la sécurité humaine avec la préservation des corridors fauniques qui existaient des siècles avant notre arrivée?