Les souvenirs brûlants de la dévastatrice saison des feux de forêt de l’année dernière restent gravés dans la mémoire de nombreux Canadiens alors que les météorologues avertissent maintenant que l’été 2024 pourrait apporter une autre période prolongée de températures anormalement chaudes dans la majeure partie du pays, intensifiant les préoccupations concernant les conditions de sécheresse et les risques d’incendie.
Selon les dernières prévisions saisonnières d’Environnement Canada, les températures devraient grimper au-dessus des niveaux normaux à l’échelle nationale entre juin et août, avec une chaleur particulièrement intense prévue dans les provinces des Prairies et jusqu’aux Territoires du Nord-Ouest.
“Nous observons un modèle persistant de haute pression qui dominera probablement une grande partie du centre du Canada cet été,” explique Dre Sarah Mitchell, climatologue principale chez Environnement Canada. “Combiné aux effets continus du changement climatique, nous constatons les conditions qui peuvent mener au développement d’une sécheresse importante.”
Ces prévisions surviennent alors que plusieurs régions connaissent déjà des déficits d’humidité préoccupants. Des parties de l’Alberta et de la Saskatchewan ont commencé le printemps avec des niveaux d’humidité du sol bien inférieurs à la moyenne après un hiver de manteau neigeux réduit, selon les données de CO24 News.
“Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est l’effet cumulatif que nous observons,” déclare Michael Torres, spécialiste de la prévention des feux de forêt chez Ressources naturelles Canada. “Quand vous avez plusieurs années de déficits d’humidité combinés à des fontes printanières plus précoces et des périodes chaudes prolongées, vous créez des conditions idéales pour l’allumage et la propagation des feux de forêt.”
Le risque de sécheresse semble le plus grave dans le sud des Prairies, où les producteurs agricoles mettent déjà en œuvre des plans d’urgence pour d’éventuelles pertes de récoltes. Les implications économiques pourraient être substantielles pour le secteur agricole canadien, qui contribue environ 140 milliards de dollars annuellement à l’économie nationale, selon les rapports de CO24 Business.
Les responsables fédéraux ont commencé à coordonner des mesures de préparation aux urgences avec les autorités provinciales, allouant des ressources supplémentaires pour la capacité de lutte contre les incendies et mettant en œuvre des interdictions de feu plus strictes dans les zones à haut risque. Le gouvernement fédéral a récemment annoncé un investissement de 256 millions de dollars dans les capacités de préparation et de réponse aux feux de forêt, une augmentation significative par rapport aux années précédentes.
“Nous avons tiré des leçons précieuses de la saison des feux de forêt de 2023,” note Jennifer Collins, porte-parole de Sécurité publique Canada. “Une coordination précoce entre les juridictions et une allocation proactive des ressources seront essentielles pour gérer ce qui pourrait être un autre été difficile.”
Pour les résidents urbains, les prévisions soulèvent également des préoccupations concernant la qualité de l’air, car la fumée des incendies potentiels peut voyager sur des centaines de kilomètres depuis leur source. L’été dernier, des villes aussi à l’est que Toronto et Montréal ont connu plusieurs jours de qualité d’air dangereuse lorsque la fumée des feux de forêt de l’ouest a dérivé à travers le pays.
Les autorités sanitaires conseillent aux populations vulnérables – y compris celles souffrant de problèmes respiratoires, les personnes âgées et les jeunes enfants – de se préparer à d’éventuels épisodes de fumée en s’assurant d’avoir accès à des purificateurs d’air et en limitant les activités extérieures pendant les périodes de mauvaise qualité de l’air.
Les climatologues considèrent ces prévisions comme une preuve supplémentaire de la vulnérabilité du Canada aux impacts du changement climatique. Le pays se réchauffe à un rythme environ deux fois supérieur à la moyenne mondiale, les régions nordiques connaissant des augmentations de température encore plus dramatiques.
“Ce que nous observons n’est pas simplement une série d’années inhabituelles – c’est la nouvelle normalité sous l’effet du changement climatique,” explique Dr Robert Chen, chercheur en climatologie à l’Université de Colombie-Britannique. “La fréquence accrue des événements météorologiques extrêmes que nous vivons correspond précisément aux projections des modèles climatiques d’il y a des décennies.”
Les dirigeants municipaux à travers le Canada se concentrent de plus en plus sur les stratégies d’adaptation, de nombreuses communautés mettant en œuvre des mesures de conservation de l’eau plus strictes, améliorant les capacités d’intervention d’urgence et reconsidérant les approches d’urbanisme pour réduire la vulnérabilité aux impacts climatiques.
Pour les Canadiens ordinaires, les experts recommandent des mesures pratiques de préparation : créer des plans d’urgence, rassembler des fournitures pour d’éventuelles évacuations et rester informés des conditions locales. Les propriétaires dans les zones sujettes aux feux de forêt sont encouragés à mettre en œuvre les principes de FireSmart autour de leurs propriétés pour réduire les matériaux combustibles.
À l’approche de l’été, la question qui se pose aux communautés à travers le pays n’est pas seulement comment répondre aux défis météorologiques immédiats à venir, mais comment s’adapter à ce qui semble de plus en plus être un changement fondamental dans les modèles climatiques du Canada. Comment notre société va-t-elle transformer son infrastructure, son économie et son mode de vie pour prospérer dans cette nouvelle réalité?