Le retard du budget fédéral du Canada 2025 suscite de vives inquiétudes

Daniel Moreau
6 Min Read
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L’horloge tourne bruyamment dans les couloirs du pouvoir à Ottawa. Alors que mai tire à sa fin, les Canadiens se retrouvent dans la position particulière de voir leur gouvernement fédéral fonctionner sans avoir présenté de budget pour l’année fiscale 2025. Ce retard sans précédent soulève de profondes questions, non seulement sur la gestion fiscale, mais aussi sur le contrat fondamental entre les citoyens et leurs élus.

Traditionnellement, les budgets fédéraux arrivent avec la régularité des oies canadiennes qui retournent vers le nord—généralement entre février et avril. Ils fournissent la feuille de route financière pour les opérations gouvernementales et signalent les priorités pour l’année à venir. Quand cela ne se produit pas, nous nous retrouvons à naviguer dans l’obscurité.

“Un budget n’est pas seulement des colonnes de chiffres,” explique Dre Élise Marchand, professeure d’administration publique à l’Université McGill. “C’est l’expression la plus concrète des valeurs et des priorités d’un gouvernement. Sans lui, la responsabilité devient au mieux nébuleuse.”

Le gouvernement a cité “les incertitudes économiques” et “l’évolution des conditions mondiales” comme justifications du retard. Des préoccupations valables, peut-être, mais auxquelles chaque administration est confrontée. La vérité est que les budgets sont conçus précisément pour faire face à l’incertitude—pas pour l’éviter.

Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est la façon dont ce retard affecte divers secteurs en attente de décisions de financement. Les organismes de services sociaux, les projets d’infrastructure et les initiatives de soins de santé à travers le pays sont laissés en suspens, incapables de planifier efficacement. Des initiatives de crise du logement à Vancouver aux projets de protection côtière à Halifax, des travaux importants sont au point mort pendant qu’Ottawa délibère.

Il ne s’agit pas simplement d’un accroc administratif. L’absence de budget crée un déficit démocratique. Les citoyens méritent de la transparence sur la façon dont leurs impôts seront alloués, surtout en période de difficultés économiques. Lorsque les gouvernements retiennent ces informations, ils compromettent la capacité du public à s’engager de façon significative dans les décisions politiques qui affectent leur vie quotidienne.

Le directeur parlementaire du budget a souligné à plusieurs reprises que les retards budgétaires compliquent la surveillance fiscale et entravent la capacité du Parlement à tenir le gouvernement responsable. Il est à noter que les partis d’opposition ont été étonnamment discrets dans leurs critiques, reconnaissant peut-être que les retards budgétaires pourraient un jour bénéficier à leurs propres intérêts politiques s’ils accèdent au pouvoir.

Historiquement, les retards budgétaires se sont produits en période de bouleversements importants—guerres mondiales, dépressions économiques ou crises constitutionnelles. Sans de telles circonstances extrêmes aujourd’hui, ce retard suggère soit un calcul politique stratégique, soit, plus inquiétant encore, un dysfonctionnement administratif.

Comme je l’ai déjà mentionné, la transparence fiscale est directement corrélée à la confiance du public dans les institutions gouvernementales. Lorsque cette transparence faiblit, nous observons des baisses correspondantes de l’engagement civique et des augmentations du cynisme politique. Dans notre ère actuelle de fragilité démocratique, ce sont des conséquences que nous ne pouvons pas nous permettre.

La stratégie de communication du gouvernement concernant ce retard a été particulièrement décevante. Plutôt que d’aborder franchement les préoccupations, les responsables se sont appuyés sur de vagues assurances que le budget arrivera “lorsque les conditions seront appropriées.” Ce vide de communication a été comblé par des spéculations et des interprétations partisanes, érodant davantage la confiance du public.

L’examen des précédents provinciaux offre peu de réconfort. Lorsque les provinces ont retardé leurs budgets, les résultats ont rarement profité aux citoyens. Les budgets tardifs signifient généralement une mise en œuvre précipitée, une consultation publique réduite et une analyse moins rigoureuse des priorités de dépenses.

Les marchés financiers, quant à eux, réagissent mal à l’incertitude fiscale. Bien que le Canada maintienne une solide notation de crédit, les investisseurs internationaux et les entreprises nationales préfèrent une gouvernance économique prévisible. Plus ce retard persiste, plus il risque d’affecter les décisions d’investissement et les projections de croissance économique.

Notre analyse récente des tendances économiques suggère que les retards budgétaires touchent de façon disproportionnée les populations vulnérables qui dépendent des services gouvernementaux et des mises en œuvre politiques opportunes. Pour eux, il ne s’agit pas d’une préoccupation abstraite concernant la propriété fiscale—il s’agit de savoir si les programmes de soutien se poursuivront sans interruption.

Ce qui rend cette situation particulièrement frustrante, c’est à quel point elle était évitable. La préparation du budget ne commence pas le mois précédant sa présentation—c’est un processus continu avec des protocoles et des échéanciers établis. Rompre ces normes sans justification convaincante suggère soit un calcul stratégique, soit un échec administratif. Aucune des deux explications n’inspire confiance.

Alors que nous avançons plus profondément dans 2025 sans ce plan fiscal crucial, les Canadiens devraient exiger mieux. Un gouvernement qui ne peut pas—ou ne veut pas—présenter ses plans de dépenses en temps opportun soulève des questions fondamentales sur sa capacité à gouverner efficacement.

Quand Ottawa livrera-t-il le budget que les Canadiens méritent? La réponse à cette question révélera beaucoup sur la façon dont notre gouvernement perçoit ses responsabilités envers les citoyens en ces temps incertains. En attendant, le silence de la Colline du Parlement en dit long.

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