L’impact de la politique énergétique renouvelable de l’Alberta frappe la confiance des investisseurs
Le revirement soudain de la politique énergétique renouvelable de l’Alberta a provoqué des ondes de choc dans le paysage d’investissement vert de la province, un nouveau rapport révélant que la confiance des investisseurs a chuté à des niveaux préoccupants. Selon une recherche publiée mardi par l’Institut Pembina, les changements politiques mis en œuvre par le gouvernement de la première ministre Danielle Smith ont effectivement fait dérailler la trajectoire autrefois prometteuse de l’Alberta en tant que chef de file canadien en matière d’énergie renouvelable.
Le rapport, qui a sondé des acteurs clés de l’industrie, a constaté que la confiance des investisseurs dans le secteur des énergies renouvelables de l’Alberta a considérablement diminué, 80% des répondants indiquant qu’ils ont soit suspendu, soit réorienté leurs investissements hors de la province. Cela représente un renversement frappant pour une région qui menait le pays en matière de développement d’énergie renouvelable il y a seulement quelques mois.
“Ce que nous observons est un effondrement sans précédent de la confiance du marché,” a déclaré Jorden Dye, directeur albertain de l’Institut Pembina. “Les décisions politiques prises ces derniers mois ont fondamentalement modifié le paysage d’investissement, créant une incertitude que les investisseurs ne peuvent tout simplement pas tolérer.”
Les changements politiques ont commencé en août dernier lorsque le gouvernement de la première ministre Smith a brusquement annoncé un moratoire de sept mois sur les approbations d’énergie renouvelable, citant des préoccupations concernant l’utilisation des terres agricoles et les impacts esthétiques. Ceci a été suivi par des politiques plus restrictives, notamment de nouvelles règles exigeant que les projets démontrent comment ils réhabiliteraient les terres et l’interdiction de développements sur des terres agricoles de haute qualité.
L’impact financier a été substantiel. Le rapport estime qu’environ 5 milliards de dollars d’investissements en énergie renouvelable ont été réorientés vers d’autres juridictions, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique voisines étant les principaux bénéficiaires. Plus préoccupant encore est le dommage réputationnel à long terme au climat d’investissement de l’Alberta, 75% des répondants indiquant qu’ils considèrent maintenant la province comme un environnement d’investissement “à haut risque”.
“Les décisions prises concernant la pause des renouvelables et le cadre politique subséquent n’étaient pas fondées sur des preuves,” a expliqué Nagwan Al-Guneid, directrice exécutive du Business Renewables Centre Canada. “Elles étaient motivées par des positions idéologiques plutôt que par des considérations économiques ou environnementales.”
Bien que le gouvernement albertain ait défendu son approche comme nécessaire pour protéger les terres agricoles et assurer un développement responsable, la réponse de l’industrie suggère que ces justifications n’ont pas trouvé écho auprès des investisseurs. Ces changements politiques arrivent à un moment particulièrement inopportun, alors que les capitaux mondiaux affluent de plus en plus vers les initiatives d’énergie propre.
Le ministre de l’Énergie de l’Alberta, Brian Jean, a répondu au rapport en soulignant l’engagement du gouvernement envers une “approche équilibrée” du développement énergétique, déclarant: “Notre gouvernement soutient toutes les formes de développement énergétique qui ont un sens économique pour les Albertains, y compris les renouvelables, mais le développement doit être responsable et durable.”
Cependant, le rapport souligne que le secteur des énergies renouvelables de l’Alberta avait auparavant connu une croissance sans subventions gouvernementales, stimulée plutôt par des accords d’achat d’électricité corporatifs et les abondantes ressources éoliennes et solaires de l’Alberta. Cette approche axée sur le marché avait positionné la province comme leader dans la transition énergétique du Canada.
Le moment de ce revirement politique est particulièrement significatif car il coïncide avec d’importantes incitations fédérales pour l’investissement dans l’énergie propre via le Crédit d’Impôt à l’Investissement, qui aurait pu accélérer la croissance du secteur renouvelable de l’Alberta. Au lieu de cela, ces opportunités pourraient maintenant profiter à d’autres provinces.
Alors que l’Alberta navigue dans son avenir énergétique au milieu des transitions mondiales vers des sources d’énergie plus propres, une question cruciale se pose: la province peut-elle reconstruire la confiance des investisseurs dans son secteur renouvelable, ou ce changement politique a-t-il définitivement modifié le rôle de l’Alberta dans le paysage énergétique propre du Canada?