Alors que l’aube se levait ce matin sur les grandes villes canadiennes, les résidents se sont réveillés sous un ciel orange inquiétant et l’odeur âcre de fumée—un rappel sinistre que la saison des feux de forêt est arrivée avec une intensité sans précédent en 2025. Environnement Canada a émis des alertes de qualité de l’air pour de vastes régions à travers le pays, de la Colombie-Britannique au Canada atlantique, alors que la fumée de centaines de feux actifs dérive sur des milliers de kilomètres de sa source.
“Nous observons des lectures de particules fines cinq à sept fois supérieures à ce que nous considérerions comme sécuritaire pour les populations vulnérables,” a déclaré Dre Amelia Richardson, spécialiste en santé respiratoire à l’Hôpital général de Toronto. “Ce n’est pas seulement un problème de visibilité—c’est une véritable urgence de santé publique.”
À Vancouver, où l’Indice de la qualité de l’air a atteint 9 sur 10 hier, les autorités sanitaires ont conseillé aux résidents de reporter leurs activités extérieures. Des avertissements similaires s’étendent à Calgary, Edmonton, Winnipeg et Toronto, où les particules fines ont dépassé 150 microgrammes par mètre cube—un niveau classé comme “très malsain” selon les normes internationales.
La fumée provient principalement d’immenses feux de forêt qui brûlent dans le nord de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, mais les images satellites montrent également une contribution des incendies en Saskatchewan et au Manitoba. Les climatologues notent que la convergence de multiples zones d’incendie a créé ce qu’ils appellent un “dôme de fumée” sur une grande partie du pays.
“Ce que nous observons est le résultat direct de l’intensification des changements climatiques,” a expliqué Dr Martin Chen, météorologue à Environnement Canada. “Des températures plus élevées, la fonte printanière précoce et les conditions de sécheresse ont créé des conditions parfaites pour ces comportements d’incendie extrêmes.”
Ce qui préoccupe particulièrement les experts en santé, c’est l’exposition prolongée à laquelle de nombreux Canadiens font maintenant face. Contrairement aux années précédentes où les épisodes de fumée duraient généralement quelques jours, les prévisions suggèrent que cet épisode pourrait persister pendant des semaines, les efforts de lutte contre les incendies étant entravés par des conditions difficiles et des ressources limitées.
L’impact économique se fait déjà sentir dans plusieurs secteurs. Les principales compagnies aériennes ont annulé des dizaines de vols en raison de la mauvaise visibilité, des événements sportifs extérieurs ont été reportés, et les opérateurs touristiques signalent d’importantes annulations pendant ce qui devrait être le début de la haute saison.
Le gouvernement fédéral a annoncé hier avoir activé la Réserve nationale stratégique d’urgence pour distribuer des masques N95 aux populations vulnérables. Pendant ce temps, les ministères provinciaux de la santé ont ouvert des refuges d’air pur dans les centres communautaires et les bibliothèques pour ceux qui n’ont pas accès à la climatisation ou à la purification d’air.
“Les personnes souffrant de problèmes respiratoires préexistants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les jeunes enfants doivent prendre des précautions supplémentaires,” a averti Dre Richardson. “Même les individus en bonne santé peuvent ressentir des symptômes comme l’irritation des yeux, la toux et l’essoufflement.”
Alors que les Canadiens s’adaptent à ce que les experts craignent de devenir la “nouvelle normalité” pour les saisons estivales, la discussion politique autour des stratégies d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques s’est intensifiée. Les dirigeants provinciaux réclament un soutien fédéral accru pour les ressources de lutte contre les incendies et des améliorations d’infrastructure pour aider les communautés à devenir plus résilientes.
Alors que la fumée continue de dériver au-delà des frontières provinciales et internationales, affectant la qualité de l’air jusqu’au Maine et New York, la question demeure : comment le Canada équilibrera-t-il la réponse d’urgence immédiate avec les investissements à long terme nécessaires pour s’attaquer aux causes profondes de ces saisons de feux de forêt de plus en plus graves?