L’air frais printanier de Winnipeg portera quelque chose de spécial ce week-end—un mélange de célébration, de nostalgie et ce sentiment doux-amer qui accompagne les fins. Desiree Scott, affectueusement surnommée “La Destructrice” pour son jeu tenace au milieu défensif, chaussera ses crampons une dernière fois pour le Canada sur son sol natal, dans la ville qui l’a façonnée.
Il y a une certaine poésie dans le fait que la carrière internationale de Scott se termine là où tout a commencé. La native de Winnipeg de 37 ans, qui a accumulé 186 sélections pour son pays, jouera son dernier match pour le Canada contre l’Australie au Stade Princess Auto—à quelques kilomètres d’où elle a frappé son premier ballon, enfant, avec des rêves trop grands pour être contenus.
“Terminer ma carrière dans ma ville natale, c’est un rêve devenu réalité,” m’a confié Scott lors d’une conversation en début de semaine. Sa voix portait le poids de deux décennies de sacrifice, de triomphe et du tribut physique qui accompagne le statut de l’une des meilleures milieux défensives au monde. “Je n’aurais pas pu écrire une meilleure fin même si j’avais essayé.”
Le parcours de Scott reflète l’évolution du Canada dans le soccer féminin—de prétendantes pleines d’espoir à championnes olympiques. Ses débuts internationaux remontent à 2010, à une époque où le Canada cherchait encore son identité sur la scène mondiale. Depuis, elle a été la colonne vertébrale d’une équipe qui a captivé l’imagination d’une nation, culminant avec l’or olympique aux Jeux de Tokyo.
Les chiffres racontent une partie de l’histoire—186 apparitions internationales, trois médailles olympiques (dont cet or historique), et d’innombrables tacles qui lui ont valu son surnom. Mais ils ne parviennent pas à capturer ce que Scott a signifié pour le soccer canadien, particulièrement au Manitoba, où elle est devenue un symbole de ce qui est possible pour les jeunes filles passionnées par ce sport.
“Quand j’ai commencé à jouer, je n’avais pas de modèles locaux qui me ressemblaient au plus haut niveau,” a réfléchi Scott. “Être cette personne pour la prochaine génération de joueuses manitobaines est peut-être ce dont je suis le plus fière.”
Son influence s’étend au-delà de l’inspiration. Scott a activement créé des voies pour les jeunes joueuses de sa communauté grâce à ses camps de soccer et son travail communautaire. Alors que beaucoup d’athlètes parlent de redonner, Scott s’est impliquée dans le développement de base du sport dans une région qui n’était pas traditionnellement connue comme un bastion du soccer.
Les hommages ont afflué de la part de coéquipières passées et présentes. Christine Sinclair, l’ancienne capitaine légendaire du Canada qui a pris sa retraite l’année dernière, a qualifié Scott de “cœur et âme de notre milieu de terrain pendant une génération.” Les joueuses actuelles de l’équipe nationale parlent d’elle à la fois comme d’une mentore et d’une référence compétitive à l’entraînement.
Ce qui rend la carrière de Scott particulièrement remarquable, c’est la façon dont elle a adapté son jeu au fil des ans. Jamais la joueuse la plus tape-à-l’œil sur le terrain, elle a réinventé son rôle à mesure que le jeu évoluait, devenant plus technique tout en maintenant la présence physique qui l’a rendue indispensable pour une succession d’entraîneurs nationaux.
Le match contre l’Australie n’est pas simplement cérémoniel. Ce sont deux équipes avec des aspirations olympiques et une rivalité croissante. Scott insiste qu’elle ne veut pas de traitement spécial—”Je veux mériter chaque minute sur ce terrain”—mais l’occasion portera inévitablement un poids émotionnel pour les joueuses comme pour les fans.
Pour Winnipeg, une ville qui a embrassé le soccer malgré des hivers rigoureux qui limitent le jeu extérieur pendant des mois, accueillir les adieux de Scott représente un moment qui boucle la boucle. La foule à guichets fermés attendue au Stade Princess Auto témoigne à la fois de l’impact de Scott et de la croissance du jeu féminin au Canada.
Comme nous l’avons vu avec d’autres légendes du soccer canadien comme Sinclair, ces matchs d’adieu deviennent des moments culturels qui transcendent le sport. Ce sont des célébrations de persévérance, d’excellence et du pouvoir de la représentation. Pour les jeunes joueuses qui regardent, voir quelqu’un de leur propre communauté atteindre ces sommets redéfinit ce qu’elles croient possible.
Lorsque Scott fera sa dernière révérence sous le maillot canadien ce week-end, elle le fera après avoir contribué à transformer non seulement la façon dont les Canadiens voient le soccer féminin, mais aussi comment les jeunes athlètes féminines se perçoivent. Dans un sport où le progrès est venu grâce à l’effort collectif et au sacrifice, l’héritage de Scott en tant que destructrice et bâtisseuse est assuré.
La question devient maintenant celle de l’avenir—tant pour Scott personnellement que pour le programme canadien qui doit aller de l’avant sans une autre de ses joueuses fondatrices. Si son approche de sa carrière de joueuse est un indicateur, Scott abordera cette transition avec la même détermination qui l’a rendue indispensable sur le terrain.
Alors que le coup de sifflet final approche sur une carrière internationale remarquable, une chose est certaine : à Winnipeg et au-delà, Desiree Scott a fait en sorte que le chemin qu’elle a tracé sera emprunté par beaucoup d’autres qui suivront.