Le Canada refuse de jouer un rôle dans le débat sur le traitement forcé de la toxicomanie

Olivia Carter
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L’appel émouvant d’un père endeuillé résonne encore dans les couloirs du pouvoir. Le mois dernier, voyant son fils sombrer davantage dans l’emprise de la dépendance sans mécanismes légaux pour intervenir, il a supplié les législateurs de l’aider. Pourtant, Ottawa a maintenant clarifié sa position : le gouvernement fédéral n’empiétera pas sur les compétences provinciales pour créer des normes nationales concernant le traitement involontaire des dépendances.

« Cela relève entièrement de la compétence des provinces et des territoires », a déclaré mardi la ministre fédérale de la Santé mentale et des Dépendances, Ya’ara Saks, aux journalistes, évitant ainsi les appels de la Colombie-Britannique et de l’Alberta pour un leadership fédéral sur la législation controversée du traitement involontaire.

Le débat sur le traitement forcé s’est intensifié alors que la crise des drogues toxiques au Canada a fait plus de 40 000 victimes depuis 2016. Les approches provinciales ont fortement divergé, l’Alberta ayant mis en œuvre sa Loi sur les communautés de rétablissement l’automne dernier, permettant le traitement ordonné par la cour pour les mineurs contre leur gré. La première ministre Danielle Smith a défendu cette approche controversée, soutenant que la dépendance prive les individus de leur capacité à prendre des décisions.

« Quand quelqu’un est aux prises avec une dépendance, il n’est pas capable de prendre ces décisions », a affirmé Smith lors d’une récente conférence de presse. « Nous devons intervenir. »

Pendant ce temps, la Colombie-Britannique s’est opposée à de telles mesures. Les responsables provinciaux soulignent les preuves fournies par les professionnels de la santé suggérant que le traitement forcé peut augmenter les risques de surdose mortelle en diminuant la tolérance, tout en faisant peu pour s’attaquer aux causes profondes de la dépendance.

Le Dr Evan Wood, spécialiste en médecine des dépendances à l’Université de la Colombie-Britannique, a expliqué : « Les preuves ne soutiennent pas l’efficacité du traitement obligatoire. Ce qui fonctionne, c’est un traitement accessible et volontaire, associé à des mesures de réduction des méfaits et à la résolution des facteurs socioéconomiques. »

La divergence provinciale a créé une approche disparate à travers le Canada, les familles en crise trouvant des options radicalement différentes selon leur code postal. Des parents comme Michael Reist, qui a perdu son fils Jordan à cause de la dépendance, ont qualifié la situation de « déchirante et exaspérante ».

« Nous avons vu notre fils se détériorer sous nos yeux sans moyens légaux de l’aider », a confié Reist. « Comment peut-on accepter que la capacité d’un parent à intervenir dépende entièrement de la province où il vit? »

Au cœur du débat se trouve une tension fondamentale entre l’autonomie individuelle et le devoir de l’État de protéger les citoyens vulnérables. Les défenseurs des libertés civiles mettent en garde contre l’élargissement des pouvoirs coercitifs, tandis que les familles de personnes aux prises avec la dépendance voient souvent le traitement involontaire comme une bouée de sauvetage de dernier recours.

La réticence du gouvernement fédéral à s’engager dans ces eaux tumultueuses reflète à la fois les réalités constitutionnelles et les calculs politiques. La prestation des soins de santé demeure une compétence provinciale, bien qu’Ottawa détienne une influence significative par le biais des mécanismes de financement et du Code criminel.

Le chef du Parti conservateur fédéral, Pierre Poilievre, a critiqué l’approche du gouvernement libéral, réclamant « une action immédiate pour sauver des vies plutôt que des excuses juridictionnelles ». Son parti a signalé son soutien au modèle plus interventionniste de l’Alberta, suggérant que le débat figurera en bonne place dans le prochain cycle électoral.

Les experts en dépendance soulignent que se concentrer uniquement sur la question du traitement forcé simplifie à l’excès une crise complexe. La Dre Karen Wong, directrice du Centre canadien de recherche sur l’usage de substances, a noté que les systèmes les plus efficaces offrent « un continuum de soins complet qui inclut des options de traitement volontaire, la réduction des méfaits, le logement avec soutien, et la prise en charge des traumatismes sous-jacents et des problèmes de santé mentale ».

Alors que les provinces continuent de poursuivre des approches divergentes, les familles prises dans le feu croisé de la dépendance restent frustrées par la réticence du gouvernement fédéral à établir des normes nationales. Avec les décès liés aux opioïdes qui ne montrent aucun signe de diminution, la question demeure : dans une crise de cette ampleur, le Canada peut-il se permettre une réponse fragmentée basée sur les frontières provinciales plutôt que sur les meilleures pratiques fondées sur des données probantes?

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