Une décision qui suscite une intense controverse à travers le Canada: un ancien responsable de la santé de la Colombie-Britannique, condamné pour agression sexuelle sur un enfant, a obtenu une libération conditionnelle de jour après avoir purgé moins d’un an de sa peine. La Commission des libérations conditionnelles du Canada a approuvé cette libération malgré la reconnaissance de “l’impact dévastateur” des infractions sur la jeune victime.
Le fonctionnaire, dont l’identité reste protégée par une interdiction de publication pour préserver la victime, avait été condamné à trois ans d’emprisonnement en juin 2023 après avoir été reconnu coupable de contacts sexuels et d’agression sur mineur. Les documents judiciaires révèlent que les agressions se sont produites sur plusieurs années alors que l’individu occupait un poste d’autorité significative au sein du système d’administration de la santé de la C.-B.
Selon les documents obtenus lors de l’audience de la Commission, l’ancien cadre de la santé a démontré ce que la Commission a décrit comme “des progrès dans la gestion des facteurs de risque” pendant son incarcération. “Le délinquant a participé régulièrement aux programmes de réhabilitation recommandés et a exprimé des remords pour ses actes”, a indiqué la Commission dans sa décision écrite.
Les groupes de défense des victimes à travers le Canada ont exprimé leur profonde déception face à cette décision. Sarah Tennyson, directrice de l’Alliance pour la protection des enfants à Vancouver, a déclaré à notre journal: “Cette libération anticipée envoie un message troublant sur la façon dont notre système judiciaire évalue le traumatisme vécu par les jeunes victimes par rapport aux prétentions de réhabilitation des délinquants en position de pouvoir.”
L’affaire a relancé le débat sur les lignes directrices en matière de détermination de la peine et les considérations de libération conditionnelle pour les personnes reconnues coupables de crimes contre des enfants. Les experts juridiques soulignent que la libération conditionnelle de jour devient généralement accessible aux délinquants après avoir purgé un sixième de leur peine, bien que cela varie en fonction de l’évaluation des risques et du comportement pendant l’incarcération.
“Le système de libération conditionnelle doit équilibrer la sécurité publique, les préoccupations des victimes et les perspectives de réhabilitation”, a expliqué Martin Schulman, professeur de justice pénale à l’Université de Toronto. “Cependant, lorsqu’il s’agit de crimes contre des enfants, particulièrement par des individus qui occupaient autrefois des postes de confiance publique, les normes pour démontrer une réhabilitation devraient être exceptionnellement élevées.”
Les conditions de la libération conditionnelle comprennent un suivi psychologique obligatoire, aucun contact avec la victime ou des mineurs, des restrictions résidentielles et des rapports réguliers aux autorités. L’ancien responsable résidera dans un établissement correctionnel communautaire pendant les six premiers mois de sa libération.
Cette affaire suit plusieurs incidents médiatisés qui ont soulevé des questions sur la responsabilité au sein des institutions publiques canadiennes. L’année dernière, un audit complet des procédures de vérification pour les fonctionnaires travaillant dans des postes avec accès à des populations vulnérables a été lancé dans plusieurs provinces.
Alors que les communautés sont aux prises avec cette décision, la question fondamentale demeure: dans les cas impliquant des enfants victimes et des auteurs qui occupaient autrefois des postes de confiance publique, comment équilibrer correctement les principes de réhabilitation face à l’impératif de protéger les membres les plus vulnérables de notre société?