Dans un témoignage révélateur des défis persistants en matière d’infrastructure à Hamilton, l’avenue Aberdeen a obtenu le douteux honneur d’être nommée la pire route de l’Ontario pour la deuxième année consécutive. La campagne annuelle des pires routes de la CAA, qui a recueilli plus de 20 000 votes de citoyens préoccupés à travers la province, a une fois de plus mis en évidence l’état de détérioration des artères de transport essentielles dont dépendent quotidiennement des milliers d’Ontariens.
“L’avenue Aberdeen est devenue un symbole de négligence des infrastructures,” note Teresa Di Felice, vice-présidente adjointe aux relations gouvernementales de CAA Centre-Sud de l’Ontario. “Lorsqu’une route apparaît sur cette liste plusieurs années de suite, cela signale une défaillance fondamentale dans les priorités d’entretien qui affecte tout le monde, des navetteurs quotidiens aux services d’urgence.”
Le classement 2024 révèle une constance troublante dans les défis d’infrastructure. L’avenue Eglinton Est de Toronto a maintenu sa deuxième position pour une autre année, tandis que la rue Barton Est à Hamilton est montée à la troisième place, comparativement à son précédent classement en cinquième position. Ces apparitions persistantes suggèrent des problèmes systémiques plutôt que des préoccupations temporaires.
Selon l’analyse détaillée de la CAA, les principaux problèmes à l’origine de l’insatisfaction du public comprennent les surfaces criblées de nids-de-poule (87%), les bords de chaussée qui s’effritent (57%) et une gestion inadéquate de la circulation (31%). Ces problèmes vont au-delà du simple inconvénient—ils présentent de véritables dangers pour la sécurité et causent des dommages économiques mesurables par le biais de réparations de véhicules et de retards dans la circulation.
La présence prononcée de Hamilton sur la liste—revendiquant trois des dix premières places—témoigne d’une crise localisée que les autorités municipales peinent à résoudre efficacement. En plus d’Aberdeen et Barton, la rue Burlington Est a obtenu la neuvième position, créant un inquiétant regroupement d’infrastructures détériorées au sein d’une seule municipalité.
Pour les résidents de Toronto, la nouvelle n’offre guère de réconfort. Cinq grandes artères de Toronto figurent en bonne place dans le top dix : l’avenue Eglinton Est (2e), l’avenue Finch Est (4e), la rue Dufferin (6e), l’avenue Eglinton Ouest (7e) et l’avenue Steeles Est (8e). Cette concentration géographique suggère que la plus grande ville de la province fait face à des défis uniques pour maintenir son vaste réseau routier.
La campagne annuelle de la CAA remplit une fonction démocratique vitale au-delà de la simple identification des zones problématiques. Elle amplifie la voix des citoyens et transforme les frustrations individuelles en données exploitables que les autorités municipales et provinciales peuvent utiliser pour la planification des infrastructures. L’année dernière, six routes de la liste 2023 ont vu d’importants projets de réhabilitation être lancés—preuve que la pression publique exercée par cette campagne peut catalyser des actions significatives.
“Nous avons observé une corrélation directe entre les routes apparaissant sur notre liste et les priorités de réparation subséquentes,” explique Di Felice. “La campagne crée une responsabilité et aide les municipalités à justifier l’allocation de budgets d’infrastructure limités vers les besoins les plus critiques.”
Les implications économiques vont au-delà des budgets gouvernementaux. Une récente étude de la CAA a révélé que les Ontariens dépensent environ 3 milliards de dollars annuellement en réparations de véhicules directement attribuables au mauvais état des routes—des coûts qui affectent de manière disproportionnée les familles de travailleurs et les petites entreprises exploitant des flottes de livraison.
Alors que les gouvernements provinciaux et municipaux font face à une pression croissante pour remédier à ces lacunes en matière d’infrastructure, la campagne de la CAA s’est imposée comme un outil puissant pour la participation démocratique aux priorités de planification urbaine. Les experts en transport notent qu’une intervention précoce sur les routes en détérioration coûte généralement beaucoup moins cher que les grands projets de reconstruction rendus nécessaires par une négligence prolongée.
Pour les résidents des zones touchées, particulièrement à Hamilton et Toronto, la question demeure de savoir si le classement de cette année se traduira par des améliorations tangibles ou si ces mêmes rues continueront leur apparition annuelle sur une liste qu’aucune communauté ne souhaite dominer. Alors que le changement climatique apporte des régimes météorologiques de plus en plus sévères en Ontario, notre planification des infrastructures peut-elle évoluer assez rapidement pour prévenir une détérioration supplémentaire de ces actifs publics essentiels?