L’invitation de Modi au G7 signale un changement dans les relations Canada-Inde

Olivia Carter
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Dans une manœuvre diplomatique qui a surpris de nombreux observateurs, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a adressé une invitation au Premier ministre indien Narendra Modi pour le prochain sommet du G7 au Québec. Cette ouverture inattendue survient après plusieurs mois de relations extrêmement tendues entre Ottawa et New Delhi, marquant ce qui pourrait être un tournant significatif dans les liens bilatéraux entre les deux nations.

L’invitation, confirmée hier par des responsables canadiens, représente la première démarche diplomatique significative depuis que les relations se sont détériorées dramatiquement en septembre dernier. À cette époque, Trudeau avait formulé des allégations explosives liant des agents du gouvernement indien au meurtre du séparatiste sikh Hardeep Singh Nijjar sur le sol canadien – des accusations que New Delhi a vigoureusement niées et qualifiées “d’absurdes”.

“Cette invitation doit être vue comme un recalibrage diplomatique calculé,” explique Dr. Amrita Singh, professeure de relations internationales à l’Université de Toronto. “Les deux nations reconnaissent que cette impasse prolongée a été coûteuse économiquement et stratégiquement, particulièrement pour le Canada, qui cherche à développer ses opportunités commerciales dans la région indo-pacifique.”

Les retombées diplomatiques l’année dernière ont été rapides et sévères. L’Inde a expulsé six diplomates canadiens, suspendu les services de visa pour les citoyens canadiens, et exigé que le Canada réduise sa présence diplomatique en Inde. Les discussions commerciales ont été brusquement interrompues, portant un coup significatif à la stratégie indo-pacifique du Canada, qui avait identifié l’Inde comme un partenaire économique crucial.

Les données économiques révèlent les coûts tangibles de ce gel diplomatique. Le commerce bilatéral, qui avait atteint près de 8,8 milliards de dollars annuellement avant la crise, s’est contracté d’environ 15% au premier trimestre 2024 par rapport à la même période l’année précédente. Ce déclin a particulièrement affecté les exportations agricoles canadiennes et les établissements d’enseignement, qui ont constaté une forte baisse des inscriptions d’étudiants indiens.

Des sources au sein du ministère des Affaires étrangères du Canada suggèrent que l’invitation fait suite à plusieurs semaines d’efforts diplomatiques en coulisses par les deux parties. “Il y a eu une reconnaissance que la relation est trop importante pour la laisser se détériorer davantage,” a révélé un haut fonctionnaire canadien sous couvert d’anonymat. “Bien que des désaccords fondamentaux persistent, particulièrement concernant l’enquête Nijjar, il existe un intérêt mutuel à compartimenter ces problèmes.”

Le sommet du G7, prévu du 8 au 10 juin dans la région de Charlevoix au Québec, réunira les dirigeants des économies les plus avancées du monde. Le gouvernement canadien a invité certains pays non-membres, dont l’Inde, signalant l’importance stratégique qu’Ottawa accorde à l’engagement avec New Delhi malgré les tensions récentes.

La réponse de l’Inde à l’invitation reste mesurée. Un porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères a accusé réception de l’invitation mais a indiqué que “les décisions concernant la participation seront prises en fonction de la compatibilité des agendas et de la pertinence des sujets à l’ordre du jour,” sans confirmer la participation de Modi.

Pour Trudeau, cette initiative diplomatique comporte d’importantes implications politiques. Sa gestion de la relation avec l’Inde a fait l’objet de critiques de la part des partis d’opposition et des groupes d’affaires, qui ont soutenu que l’approche du gouvernement mettait en péril d’importants liens économiques sans preuves suffisantes pour étayer ses graves allégations.

“C’est une tentative de Trudeau pour sauver ce qui est devenu un handicap diplomatique et économique,” note Richard Thompson, chercheur principal à l’Institut canadien des affaires mondiales. “Le défi sera de trouver une voie qui ne semble pas compromettre la position du Canada sur les allégations initiales tout en reconstruisant la relation.”

Si Modi accepte l’invitation, ce serait la première rencontre en face-à-face entre les deux dirigeants depuis leur bref et visiblement tendu échange au sommet du G20 à Delhi en septembre dernier, quelques jours seulement avant que la relation n’implose.

Alors que les deux nations naviguent prudemment dans ce potentiel dégel diplomatique, la question fondamentale demeure: le Canada et l’Inde peuvent-ils reconstruire une coopération significative alors que l’enquête sur le meurtre non résolu continue de jeter une ombre sur les relations bilatérales?

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