Dans une évaluation diplomatique importante, l’ancien ambassadeur américain Pete Hoekstra a indiqué que les priorités économiques du Canada pourraient trouver un alignement inattendu avec l’agenda d’un second mandat de Donald Trump, malgré l’anxiété qui règne dans les couloirs politiques d’Ottawa.
“L’avenir économique envisagé par les deux nations partage plus de terrain d’entente que de nombreux responsables canadiens ne le reconnaissent actuellement,” a déclaré Hoekstra lors d’un récent forum économique à Toronto. “L’accent mis par Trump sur l’indépendance énergétique, la relance manufacturière et la sécurité des chaînes d’approvisionnement reflète les impératifs économiques propres au Canada dans le paysage post-pandémique.”
Les remarques de l’ambassadeur surviennent alors que les responsables canadiens préparent des plans d’urgence pour un éventuel retour de Trump à la Maison Blanche. Ayant servi pendant la première administration Trump, Hoekstra apporte un aperçu unique de l’approche de l’ancien président concernant les partenariats économiques internationaux.
“Ce qui distingue l’approche de Trump, ce ne sont pas les objectifs – les deux pays veulent la prospérité et la sécurité – mais plutôt le style de négociation,” a expliqué Hoekstra. “Son administration exigera une réciprocité économique concrète plutôt que d’accepter des platitudes diplomatiques.”
Les données économiques suggèrent que le Canada a des raisons légitimes d’être à la fois optimiste et préoccupé. La nature intégrée des chaînes d’approvisionnement nord-américaines signifie qu’environ 75% des exportations canadiennes sont destinées aux marchés américains, créant une interdépendance fondamentale qui transcende la rhétorique politique. Cette relation soutient environ 1,5 million d’emplois canadiens directement liés au commerce transfrontalier.
Les analystes de l’industrie soulignent que les priorités déclarées de Trump en matière de développement énergétique, de sécurité des minéraux critiques et de relocalisation de la fabrication représentent des opportunités potentielles pour les entreprises canadiennes. L’investissement récent de 40 milliards de dollars du gouvernement Trudeau dans le développement des minéraux critiques s’aligne précisément sur les préoccupations américaines de sécurité nationale concernant la dépendance aux chaînes d’approvisionnement chinoises.
“Le nationalisme économique de Trump n’est pas intrinsèquement anti-canadien,” a noté Dr. Elizabeth Connors, chercheuse principale à l’Institut du commerce Canada-États-Unis. “Son administration cherchera des partenaires qui renforcent la sécurité économique américaine – un rôle que le Canada est particulièrement bien placé pour remplir s’il aborde les négociations de manière stratégique.”
Cependant, des défis importants demeurent. Les menaces tarifaires précédentes de Trump, y compris celles visant l’aluminium et l’acier canadiens, ont créé une incertitude économique qui a secoué les investisseurs. Les critiques persistantes de son équipe concernant la taxe canadienne sur les services numériques et le système de gestion des produits laitiers suggèrent que des points de friction restent non résolus.
La ministre des Finances Chrystia Freeland a reconnu en privé auprès des leaders de l’industrie que le Canada doit être prêt à des négociations économiques turbulentes si Trump revenait au pouvoir. Des sources proches de ces discussions indiquent que le gouvernement développe des plans de réponse spécifiques par secteur tout en soulignant l’importance stratégique du Canada pour les intérêts de sécurité américains.
La relation diplomatique entre les nations s’étend au-delà de l’économie pure vers des engagements de défense partagés, la coopération en matière de renseignement et la sécurité frontalière – des domaines où les responsables canadiens estiment qu’ils maintiennent un levier d’influence quel que soit l’occupant de la Maison Blanche.
“Le défi du Canada n’est pas de convaincre Trump que la coopération économique est importante – c’est évident,” a conclu Hoekstra. “Le véritable test sera de démontrer que le Canada offre une valeur unique que les partenaires alternatifs ne peuvent pas reproduire.”
Alors que les deux nations approchent de potentielles transitions politiques dans les années à venir, la question fondamentale demeure: le Canada peut-il transformer son interdépendance économique avec les États-Unis d’une vulnérabilité en un avantage stratégique dans une économie mondiale de plus en plus fracturée?