La glace du Rogers Place raconte une histoire de rédemption. Alors que les Oilers d’Edmonton se préparent pour leur affrontement en finale de la Coupe Stanley contre les Panthers de la Floride, le parcours d’un joueur se démarque au milieu de l’anticipation—Corey Perry, le vétéran de 39 ans dont la saison a été définie autant par la controverse que par la résilience.
Lorsque Perry a signé avec les Blackhawks de Chicago l’été dernier un contrat d’un an de 4 millions de dollars, peu auraient pu prédire les rebondissements que prendrait sa carrière. En novembre, son contrat a été résilié pour une conduite “inacceptable”, laissant son avenir dans la LNH en suspens. Pourtant aujourd’hui, il se tient au bord de l’immortalité du hockey, offrant aux Oilers quelque chose peut-être plus précieux que des buts: une perspective.
“J’ai connu les deux côtés de la médaille,” a confié Perry aux journalistes lors de la journée médiatique de samedi, sa voix portant le poids de l’expérience. “J’ai gagné, j’ai perdu, et je connais les deux sensations. Il s’agit de rester calme tout au long de ce processus.“
Le parcours de Perry jusqu’à ce moment ressemble à une odyssée du hockey. Après avoir passé 14 saisons avec les Ducks d’Anaheim, remportant la Coupe en 2007 et le trophée Hart en 2011, il a connu une fin de carrière nomade. Les Stars de Dallas, les Canadiens de Montréal, le Lightning de Tampa Bay, les Blackhawks de Chicago, et maintenant les Oilers d’Edmonton—cinq équipes en cinq ans, chaque étape ajoutant des couches à sa sagesse du hockey.
Ce qui rend la présence de Perry particulièrement intrigante, c’est son récent historique en finale de la Coupe. C’est sa quatrième participation en cinq ans, bien que les trois précédentes se soient soldées par des défaites. Avec Dallas en 2020, Montréal en 2021, et Tampa Bay en 2022, Perry s’est retrouvé chaque fois du côté des perdants. S’il y a quelqu’un qui comprend à la fois l’exaltation de la victoire et la douleur de la défaite sur la plus grande scène du hockey, c’est bien Perry.
“Il a tout vu,” note l’entraîneur-chef des Oilers, Kris Knoblauch. “Quand il parle dans le vestiaire, les gars écoutent.“
Les chiffres ne mentent pas sur l’impact de Perry. Depuis qu’il a rejoint les Oilers en janvier, l’équipe affiche un remarquable bilan de 29-9-5. Bien que ses contributions sur la glace aient été modestes—quatre buts et neuf passes en 38 matchs de saison régulière, avec un autre but et trois passes en 17 apparitions en séries—sa valeur transcende les statistiques.
Dans un vestiaire avec les superstars Connor McDavid et Leon Draisaitl affamés de leur premier championnat, Perry apporte quelque chose qu’aucun d’eux ne possède: la sagesse d’avoir soulevé la Coupe Stanley. Son expérience crée un pont entre le noyau talentueux des Oilers et l’état d’esprit de champion qu’ils essaient de développer.
“Tout est question de préparation,” explique Perry. “S’assurer que tout le monde comprend le moment, sans se laisser consumer par lui. La finale de la Coupe est différente—plus de médias, plus d’attention—mais au final, c’est toujours du hockey.“
Ce qui reste particulièrement fascinant dans le parcours de Perry cette saison, c’est le contraste frappant entre sa situation en début de saison et là où il se trouve maintenant. Du creux professionnel d’une résiliation de contrat à la possibilité de vivre le summum dans le hockey, son histoire renforce la nature imprévisible du sport professionnel et de la résilience humaine.
Pour les partisans d’Edmonton qui ont enduré 34 ans d’attente depuis leur dernier championnat en 1990, Perry représente quelque chose de précieux—un lien avec la culture de la victoire. Ayant vécu à la fois l’extase du championnat et le déchirement de la défaite en finale, il incarne la fine ligne entre l’immortalité du hockey et le statut d’anecdote.
“Nous devons savourer chaque moment,” conseille Perry à ses coéquipiers. “Ces opportunités ne se présentent pas souvent. J’ai eu la chance de jouer plusieurs finales, mais je connais beaucoup de grands joueurs qui n’ont jamais eu cette chance.”
La finale de la Coupe Stanley n’est pas une série comme les autres pour une ville comme Edmonton, où le hockey n’est pas simplement un sport mais un pilier culturel. Pour nous qui suivons la culture sportive, le parcours des Oilers représente quelque chose de plus profond—une restauration potentielle de l’identité d’une franchise qui dominait autrefois le paysage du hockey.
À l’approche du premier match, la présence de Perry nous rappelle que parfois les ajouts les plus importants ne sont pas les plus spectaculaires. Dans un sport de plus en plus dominé par la jeunesse et la vitesse, le vétéran aguerri avec ses cicatrices de bataille et sa sagesse apporte quelque chose d’inestimable—une perspective au milieu de la pression.
La quatrième finale de la Coupe en cinq ans de Perry se terminera-t-elle enfin par un triomphe? La réponse se trouve dans le drame qui va se dérouler sur la glace. Mais quel que soit le résultat, son parcours de vétéran écarté à figure clé de leadership d’un finaliste de la Coupe confirme ce qui rend les récits sportifs si captivants: la possibilité constante de rédemption.
Dans le monde à enjeux élevés des séries éliminatoires de la Coupe Stanley, parfois la voix la plus importante est celle qui a connu à la fois le sommet et le déchirement. Pour les Oilers d’Edmonton 2024, cette voix appartient à Corey Perry.
Daniel Moreau est rédacteur en chef Culture et Style de vie, spécialisé dans l’analyse de l’intersection entre le sport, la culture et la société.