La politique climatique sur le gaz offshore de Terre-Neuve suscite le débat

Olivia Carter
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Le littoral accidenté de Terre-Neuve-et-Labrador se trouve à la croisée des chemins alors que les responsables fédéraux et provinciaux s’affrontent sur l’avenir du développement du gaz naturel offshore, dans le contexte des engagements climatiques évolutifs du Canada. Cette tension croissante met en évidence l’équilibre complexe entre la croissance économique basée sur les ressources et les impératifs environnementaux de plus en plus urgents.

“Ce que nous observons est une collision fondamentale entre deux visions pour l’avenir énergétique du Canada”, explique Dr. Eleanor Chambers, économiste environnementale à l’Université Memorial. “Les réserves offshore de Terre-Neuve représentent à la fois une bouée de sauvetage économique et une responsabilité climatique, selon votre point de vue.”

Le gouvernement provincial a récemment annoncé des plans pour accélérer trois grands projets gaziers offshore, évalués collectivement à plus de 4,2 milliards de dollars, promettant environ 3 700 emplois dans une région historiquement confrontée à l’instabilité économique. Le premier ministre Andrew Furey a présenté ces développements comme des “combustibles de transition” qui s’alignent sur la voie du Canada vers la neutralité carbone tout en sécurisant les fondements économiques de la province.

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a toutefois exprimé d’importantes réserves concernant l’expansion des infrastructures de combustibles fossiles alors que le Canada peine à respecter ses engagements climatiques internationaux. “La science est sans ambiguïté sur ce point”, a déclaré Guilbeault lors des discussions parlementaires la semaine dernière. “Nous ne pouvons pas approuver de nouveaux projets d’extraction sans compromettre nos objectifs de réduction des émissions pour 2030.”

La controverse s’étend au-delà des chambres gouvernementales jusque dans les communautés de toute la province. À St. John’s, où l’industrie offshore est un pilier économique depuis des générations, l’opinion reste fortement divisée. Un récent sondage de CO24 a révélé que 58% des résidents provinciaux soutiennent le développement offshore continu, tandis que 42% favorisent une action climatique plus agressive, même au détriment de la création potentielle d’emplois.

“Il ne s’agit pas simplement de choisir entre emplois et environnement”, note Samantha Brooks, directrice de l’Institut atlantique de l’énergie. “La question plus nuancée consiste à déterminer combien de temps le gaz naturel peut légitimement servir de combustible de transition avant de devenir un actif délaissé que les contribuables finissent par subventionner.”

Les analystes de l’industrie désignent le projet Bay du Nord comme particulièrement emblématique de ce dilemme. Ce projet en eau profonde, qui a reçu l’approbation fédérale l’année dernière malgré une opposition environnementale significative, devrait produire 200 000 barils d’équivalent pétrole par jour une fois opérationnel. Les partisans soulignent ses émissions d’extraction relativement faibles, tandis que les critiques remettent en question la viabilité de tout nouveau développement de combustibles fossiles dans une économie mondiale en décarbonisation.

L’analyse économique du gouvernement provincial, publiée par le ministère de l’Industrie, prévoit 3,9 milliards de dollars en redevances sur la durée de vie du projet—des revenus essentiels pour une province confrontée à des coûts de santé croissants et à des défis démographiques. Les évaluations environnementales suggèrent cependant que les combustibles extraits généreraient environ 130 millions de tonnes d’émissions de carbone une fois brûlés.

Parallèlement, les leaders autochtones du Labrador ont appelé à une consultation plus significative sur les développements de ressources affectant les territoires traditionnels. “Ces décisions ont des conséquences générationnelles pour nos communautés”, a déclaré l’Aîné Joseph Naskapi lors d’audiences récentes. “Nos perspectives sur le développement durable nécessitent une considération égale à côté des prévisions économiques.”

Ce différend reflète des tensions plus larges qui se manifestent dans toute l’économie des ressources du Canada, où les politiques climatiques fédérales entrent de plus en plus en conflit avec les stratégies provinciales de développement des ressources. Des conflits similaires ont émergé dans les sables bitumineux de l’Alberta et le secteur du gaz naturel de la Colombie-Britannique, remettant en question la cohésion de l’approche climatique du Canada.

Les investisseurs internationaux observent attentivement. Une analyse récente de Morgan Stanley indique une hésitation croissante parmi les marchés de capitaux mondiaux à financer des projets de combustibles fossiles à long terme, particulièrement dans les juridictions avec des cadres réglementaires en évolution. Cette incertitude financière ajoute une autre couche de complexité aux calculs de développement de Terre-Neuve.

Alors que les processus fédéraux d’évaluation environnementale se poursuivent pour les projets proposés restants, la question fondamentale demeure non résolue : le Canada peut-il concilier son modèle économique basé sur les ressources avec ses engagements climatiques, ou l’un devra-t-il inévitablement céder la place à l’autre? La réponse pourrait bien déterminer non seulement la trajectoire économique de Terre-Neuve, mais aussi la place du Canada dans la transition mondiale vers un avenir à faibles émissions de carbone.

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