Dans une ville connue pour sa prospérité et sa résilience économique, un lien alarmant a émergé entre deux crises grandissantes. Une nouvelle recherche de la Fondation pour les sans-abri de Calgary révèle une corrélation troublante entre la dépendance croissante aux banques alimentaires et l’augmentation des taux d’itinérance, suggérant une urgence sociale plus interconnectée qu’on ne le pensait auparavant.
L’étude exhaustive, publiée hier, a analysé cinq ans de données à travers le réseau de services sociaux de Calgary et a découvert que les personnes qui dépendent des banques alimentaires pendant plus de trois mois consécutifs font face à un risque 68% plus élevé de connaître l’itinérance dans l’année suivante, comparativement à la population générale.
“Ce que nous observons n’est pas simplement deux crises distinctes, mais plutôt un dangereux effet cascade,” explique Dr. Meredith Sinclair, chercheuse principale à la Fondation pour les sans-abri de Calgary. “L’insécurité alimentaire représente souvent la première fissure visible dans la stabilité économique d’une personne, l’insécurité du logement suivant fréquemment lorsque les ressources financières sont continuellement étirées.”
Les résultats montrent des tendances particulièrement préoccupantes parmi les familles avec enfants, où l’utilisation des banques alimentaires a augmenté de 34% depuis 2022. Parmi ces familles, près d’une sur cinq a déclaré avoir dû choisir entre la nourriture et le paiement du logement au moins une fois au cours des six derniers mois.
Les banques alimentaires de Calgary ont servi environ 270 000 personnes en 2024, représentant une augmentation de 23% par rapport aux niveaux pré-pandémiques. Simultanément, la population sans-abri de la ville a augmenté d’environ 17% pendant la même période, les refuges d’urgence signalant des problèmes constants de surcapacité.
La conseillère municipale Jyoti Henderson qualifie ces résultats de “signal d’alarme” pour le leadership municipal. “Nous avons traité ces problèmes comme des enjeux séparés avec des solutions distinctes, mais cette recherche démontre que nous avons besoin d’approches globales qui abordent simultanément la sécurité alimentaire et celle du logement,” a déclaré Henderson.
La recherche a également mis en évidence les facteurs économiques qui alimentent cette corrélation. Le marché locatif de Calgary a vu les coûts moyens augmenter de 12% d’une année à l’autre, tandis que l’inflation alimentaire, bien qu’en baisse à l’échelle nationale, continue de dépasser la croissance des salaires en Alberta. Cette combinaison crée ce que les chercheurs appellent un “effet de compression des ressources” où les ménages doivent continuellement sacrifier des besoins essentiels.
James Maclean, un ancien travailleur pétrolier de 42 ans qui a vécu cette trajectoire personnellement, a partagé son histoire: “Ça a commencé par des visites occasionnelles à la banque alimentaire après avoir été licencié. En huit mois, je ne pouvais plus payer mon loyer. Les chiffres ne fonctionnaient tout simplement pas, peu importe comment je budgétais.”
Les organismes communautaires réagissent déjà aux résultats. La Banque alimentaire de Calgary a élargi son équipe de ressources en logement, tandis que le Conseil municipal examine des propositions pour des centres de services intégrés qui offriraient à la fois une aide alimentaire et un soutien au logement sous un même toit, abordant les deux crises simultanément.
Alors que Calgary fait face à ces défis interconnectés, la question demeure: notre approche pour résoudre l’itinérance va-t-elle fondamentalement changer maintenant que nous comprenons son lien profond avec l’insécurité alimentaire? La réponse pourrait déterminer si des milliers de Calgariens trouveront la stabilité ou continueront à tomber à travers les fissures grandissantes de notre filet de sécurité sociale.