Dans un changement significatif de la politique de santé publique, les résidents de l’Alberta devront bientôt sortir leur portefeuille pour obtenir des vaccins contre la COVID-19. Les responsables provinciaux de la santé ont annoncé hier qu’à partir de cet automne, les Albertains assumeront la responsabilité financière des vaccins contre le coronavirus—une décision qui marque la fin de l’accès universel gratuit à ces immunisations dans la province.
Cette décision s’inscrit dans la stratégie plus large de l’Alberta visant à normaliser la gestion de la COVID-19 dans le cadre sanitaire existant. Selon la ministre de la Santé, Adriana LaGrange, “Nous transitionnons vers un traitement des vaccinations contre la COVID-19 similaire à d’autres immunisations comme le vaccin contre la grippe saisonnière, où les coûts sont couverts pour certaines populations vulnérables tandis que d’autres y accèdent via l’assurance ou le paiement direct.”
Pour de nombreux Albertains, ce changement de politique soulève des questions immédiates concernant l’accessibilité financière. Bien que la structure tarifaire exacte n’ait pas été finalisée, les responsables de la santé estiment que les coûts pourraient se situer entre 30 et 55 dollars par dose, conformément aux prix actuels d’autres vaccins pour adultes non universellement couverts par les régimes de santé provinciaux.
La province continuera de couvrir les coûts de vaccination pour certains groupes à haut risque, notamment les aînés de plus de 65 ans, les personnes immunodéprimées, les résidents des établissements de soins de longue durée et ceux souffrant de conditions de santé chroniques spécifiques. Cette approche ciblée reflète les programmes existants pour les vaccins contre la grippe saisonnière, qui fonctionnent dans la province depuis des années.
Le Dr Mark Joffe, médecin hygiéniste en chef de l’Alberta, a souligné que ce changement reflète l’évolution de la pandémie. “La COVID-19 demeure une préoccupation sanitaire sérieuse, mais nous entrons dans une phase différente de notre réponse. Les vaccins continuent d’offrir une protection importante, particulièrement pour les populations vulnérables, et nous encourageons les Albertains à rester à jour avec les doses recommandées.”
Les experts en politique de santé ont exprimé des réactions mitigées. La Dre Lynora Saxinger, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de l’Alberta, note que “Maintenir un large accès aux vaccins est crucial pour la protection communautaire. Lorsque des barrières financières surviennent, nous observons typiquement une diminution de l’adoption, ce qui pourrait potentiellement affecter notre immunité collective.”
L’Association médicale de l’Alberta a exhorté le gouvernement à reconsidérer, avertissant que créer des barrières financières à la vaccination pourrait entraîner une augmentation des hospitalisations et des coûts de soins de santé à long terme. Le Dr Paul Parks, président de l’AMA, a déclaré que “La prévention demeure bien plus rentable que le traitement, tant économiquement qu’en termes de souffrance humaine.”
Pour les travailleurs albertains, l’impact financier variera considérablement selon la couverture d’assurance. Ceux bénéficiant d’avantages sociaux complets pourront continuer à accéder aux vaccins à peu ou pas de frais, tandis qu’environ 20% des Albertains sans assurance privée supporteront la totalité des coûts—créant potentiellement un système d’accès à deux vitesses.
Les provinces voisines n’ont pas encore annoncé de mesures similaires, bien que les analystes en politique de santé suggèrent que cela pourrait signaler une tendance nationale plus large alors que les provinces sont aux prises avec des contraintes budgétaires post-pandémiques et des priorités changeantes dans les dépenses de soins de santé.
Alors que l’Alberta se prépare à cette transition, des questions cruciales demeurent concernant les implications à long terme pour la santé publique : Cette réorientation politique compromettra-t-elle des années d’efforts pour atteindre des taux de vaccination élevés? Comment l’accessibilité réduite affectera-t-elle la protection communautaire contre les futures variantes? Et peut-être plus fondamentalement, à quel moment une mesure de santé publique devient-elle une responsabilité individuelle plutôt que collective?