Dans une démarche qui a déclenché une importante controverse dans le paysage des soins de santé de l’Alberta, le plus grand syndicat de soins de santé de la province a lancé une campagne d’opposition féroce contre les changements proposés par le gouvernement aux politiques de vaccination. L’Association des sciences de la santé de l’Alberta (HSAA), représentant plus de 28 000 professionnels de la santé, exige la suspension immédiate des plans qui limiteraient les exigences en matière de vaccination contre la COVID-19 et la grippe pour les travailleurs de la santé.
Le différend porte sur la directive du gouvernement du Parti conservateur uni à Services de santé Alberta (AHS) de revoir et réviser ses politiques d’immunisation. Selon des documents obtenus par des demandes d’accès à l’information, ces changements réduiraient considérablement les exigences de vaccination qui ont été une pratique courante tout au long de la pandémie.
“C’est un précédent dangereux qui expose inutilement les travailleurs de la santé et les patients vulnérables à des risques,” a déclaré Mike Parker, président de la HSAA, lors d’une conférence de presse à Edmonton hier. “Ces décisions devraient être guidées par des preuves scientifiques et l’expertise en santé publique, pas par des considérations politiques.”
Les modifications proposées à la politique élimineraient les vaccinations obligatoires contre la COVID-19 pour les nouvelles embauches et limiteraient les exigences de vaccination contre la grippe à des environnements à haut risque spécifiques comme les unités de soins intensifs et les départements d’oncologie. Actuellement, les travailleurs de la santé refusant les vaccins contre la grippe doivent porter des masques pendant les éclosions, mais la nouvelle politique pourrait supprimer même cette mesure de précaution.
Les experts en soins de santé ont exprimé leur inquiétude quant au moment choisi pour ces changements, qui coïncide avec le système de santé albertain déjà aux prises avec des pénuries de personnel et le surpeuplement des établissements. Dr Noel Gibney, professeur émérite à la Faculté de médecine de l’Université de l’Alberta, a qualifié cette initiative de “contre-productive pour maintenir une main-d’œuvre en bonne santé.”
“Nous avons vu à quelle vitesse les maladies respiratoires peuvent dévaster les niveaux de personnel de santé,” a noté Gibney. “Supprimer ces mesures de protection risque de créer des crises de personnel encore plus importantes pendant les saisons d’éclosion.”
Le gouvernement de l’Alberta a défendu la révision de la politique comme faisant partie de son effort plus large pour aligner les pratiques de soins de santé sur celles des autres provinces et respecter les choix individuels des travailleurs. La ministre de la Santé Adriana LaGrange a déclaré que le gouvernement est “engagé à trouver le juste équilibre entre les mesures de santé publique et les libertés personnelles.”
Cependant, cette position contredit les recommandations du Comité consultatif provincial sur l’immunisation, qui a constamment préconisé des politiques de vaccination complètes pour les travailleurs de la santé qui interagissent avec des populations vulnérables.
La HSAA a obtenu le soutien d’autres organisations syndicales, dont les Infirmières unies de l’Alberta et le Syndicat des employés provinciaux de l’Alberta, créant un front uni contre ce qu’ils décrivent comme une “ingérence politiquement motivée dans les politiques de soins de santé fondées sur des preuves.”
La controverse reflète des tensions plus larges dans les systèmes de santé canadiens alors que les provinces naviguent dans le paysage post-pandémique avec différentes approches des mesures de santé publique. Les changements proposés par l’Alberta représentent l’un des revirements politiques les plus importants au pays concernant les exigences d’immunisation des travailleurs de la santé.
Les groupes de défense des patients sont également entrés dans le débat, exprimant des préoccupations quant aux impacts potentiels sur les populations vulnérables. La Société des immunodéprimés de l’Alberta a souligné que les patients dont le système immunitaire est affaibli comptent sur des environnements de soins de santé maintenant les normes les plus élevées possibles en matière de prévention des infections.
Alors que ce différend se déroule, la question fondamentale demeure: en équilibrant l’autonomie des travailleurs de la santé avec la sécurité des patients, l’Alberta a-t-elle trouvé le bon équilibre, ou sacrifie-t-elle des protections essentielles de santé publique pour des raisons politiques?