Une controverse s’enflamme en Alberta alors que les syndicats de la santé mènent une vigoureuse campagne d’opposition contre la restriction proposée par le gouvernement provincial concernant les vaccins gratuits contre la COVID-19. Le Syndicat des infirmières et infirmiers unis de l’Alberta, représentant plus de 30 000 travailleurs de la santé, est en première ligne pour contester ce qu’ils décrivent comme un virage politique potentiellement dangereux qui pourrait compromettre les mesures de santé publique.
“Limiter l’accès aux vaccins gratuits contre la COVID-19 représente un changement fondamental par rapport à une politique de santé publique fondée sur des données probantes,” a déclaré Jane Thompson, présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers unis de l’Alberta, lors d’une conférence de presse à Edmonton hier. “Nous observons un schéma préoccupant de décisions qui privilégient les considérations budgétaires à court terme au détriment de la santé à long terme de la population.”
Le gouvernement provincial a annoncé la semaine dernière qu’à partir du 1er septembre, les vaccins gratuits contre la COVID-19 ne seraient disponibles que pour les Albertains considérés à haut risque, notamment les aînés de plus de 65 ans, les personnes immunodéprimées et les résidents des établissements de soins de longue durée. Tous les autres Albertains devraient payer environ 75 $ par dose dans les pharmacies locales.
Le ministre de la Santé Colin Armstrong a défendu ce changement de politique comme étant “fiscalement responsable” et conforme à l’approche de la province concernant d’autres programmes de vaccination. “La COVID-19 est passée d’une pandémie à une maladie endémique,” a affirmé Armstrong. “Notre approche doit évoluer en conséquence, en dirigeant les ressources publiques vers les plus vulnérables tout en permettant aux autres de prendre des décisions personnelles en matière de santé.”
Selon l’analyse de CO24 Santé, l’Alberta deviendrait la première province à restreindre significativement l’accès gratuit aux vaccins contre la COVID-19, bien que des discussions similaires soient apparemment en cours dans d’autres juridictions confrontées à des contraintes budgétaires.
Les experts médicaux ont exprimé des réactions mitigées. Dr Maryam Singh, épidémiologiste à l’Université de Calgary, a mis en garde contre les conséquences potentielles: “Créer des barrières financières à la vaccination réduit généralement les taux de couverture dans toutes les catégories démographiques. Même des frais modestes peuvent considérablement diminuer la participation, particulièrement parmi les populations à faible revenu.”
L’Association médicale de l’Alberta a exhorté à la prudence, notant que bien que la gravité de la COVID-19 ait diminué, le virus continue de causer une pression importante sur le système de santé. L’hiver dernier, les hôpitaux albertains ont signalé des taux d’occupation dépassant 110% pendant la saison des virus respiratoires, les patients atteints de COVID-19 représentant environ 22% des admissions.
Des documents obtenus grâce à des demandes d’accès à l’information suggèrent que cette politique pourrait faire économiser à la province environ 23 millions de dollars par année. Les critiques soutiennent que ces économies seraient probablement compensées par des coûts de soins de santé accrus résultant de maladies et d’hospitalisations évitables.
L’Association des sciences de la santé de l’Alberta s’est jointe au syndicat des infirmières dans son opposition, lançant une campagne de sensibilisation publique soulignant les conséquences potentielles. “Quand nous créons un accès à deux vitesses aux soins préventifs, nous créons inévitablement des résultats de santé à deux vitesses,” a déclaré Martin Ramirez, porte-parole de l’association. “La santé publique ne devrait jamais être déterminée par la capacité de payer.”
Les défenseurs communautaires ont soulevé des préoccupations particulières concernant les impacts sur les familles de travailleurs, les nouveaux arrivants au Canada et les personnes souffrant de maladies chroniques qui ne répondent pas aux critères de haut risque mais restent vulnérables aux conséquences graves.
Le gouvernement provincial maintient que les pharmacies seront encouragées à établir des programmes de tarification compatissante, bien qu’aucune exigence formelle n’ait été annoncée. Les unités de santé publique conserveront des stocks limités pour des circonstances extraordinaires, mais les détails concernant les situations admissibles demeurent vagues.
Comme CO24 Canada l’a rapporté le mois dernier, les autorités sanitaires nationales continuent de recommander la vaccination contre la COVID-19 comme mesure préventive importante, surtout avant les périodes de transmission accrue qui surviennent généralement en automne et en hiver.
L’annonce de cette politique survient dans un contexte de baisse des taux de vaccination à travers le Canada. En Alberta, seulement 38% des résidents admissibles ont reçu des rappels de vaccin contre la COVID-19 mis à jour au cours de la saison 2023-2024, contre 62% l’année précédente.
Alors que ce débat controversé se déroule, les Albertains se demandent: dans notre approche évolutive de la santé publique, où devons-nous tracer la ligne entre la responsabilité fiscale et l’assurance d’un accès équitable aux soins préventifs qui profitent tant aux individus qu’à l’ensemble de la communauté?