La dernière fois qu’une équipe canadienne a soulevé la Coupe Stanley, Kurt Cobain était encore en vie, l’internet en était à ses balbutiements, et “Jurassic Park” venait de sortir en salle. Alors que les Oilers d’Edmonton s’apprêtent à affronter les Panthers de la Floride en finale de la Coupe Stanley 2024, ils portent avec eux non seulement leurs propres rêves de championnat, mais aussi l’espoir collectif d’une nation obsédée par le hockey, endurant une sécheresse historique qui s’est douloureusement étirée jusqu’à sa quatrième décennie.
Pour un pays où le hockey n’est pas seulement un sport mais une pierre angulaire de l’identité nationale, l’absence de 30 ans de la Coupe Stanley a évolué d’une anomalie curieuse à une crise existentielle. Les Canadiens de Montréal de 1993 demeurent figés dans le temps comme les derniers champions canadiens, un fait qui devient plus déconcertant à chaque saison qui passe, dans une ligue où près d’un tiers des équipes sont basées au Canada.
“Cette sécheresse défie les probabilités,” explique l’historien du sport Dr. Martin Cohen, avec qui j’ai discuté la semaine dernière. “Quand on considère la passion, les ressources et le vivier de talents dans le hockey canadien, les chances de passer trois décennies sans un seul championnat parmi sept franchises sont astronomiquement faibles. C’est devenu un poids psychologique pour ces organisations.”
La sécheresse a engendré de nombreuses théories parmi les analystes de CO24 Culture – de la pression de jouer dans des marchés fous de hockey jusqu’au désavantage des impôts canadiens plus élevés dans une ère de plafond salarial. Pourtant, la vérité plus simple pourrait être que les championnats nécessitent à la fois l’excellence et la chance, et les équipes canadiennes ont manqué de ce dernier ingrédient crucial dans les moments pivots.
Les fantômes des occasions manquées hantent les partisans de hockey canadiens. Les Flames de Calgary de 2004, les Oilers d’Edmonton de 2006, les Sénateurs d’Ottawa de 2007, les Canucks de Vancouver de 2011 et les Canadiens de Montréal de 2021 ont tous atteint la finale pour finalement échouer. Chaque défaite a ajouté une couche à ce qui est devenu un psychodrame sportif national.
“J’avais huit ans la dernière fois qu’une équipe canadienne a remporté la Coupe,” raconte Samantha Krishnan, partisane basée à Toronto. “Mon père en parle comme s’il avait été témoin d’un événement historique. Pour ma génération, un champion canadien semble presque mythologique.”
Les implications financières de cette sécheresse sont importantes. Des études publiées sur CO24 Trends montrent que les franchises canadiennes de la LNH ont parmi les coûts d’exploitation les plus élevés, mais font face à des défis accrus pour attirer des joueurs autonomes de premier plan prêts à endurer un examen intense, des impôts plus élevés et des climats plus froids. Malgré ces vents contraires, les bases de partisans canadiens restent parmi les plus loyales – et tourmentées – dans les sports professionnels.
La qualification d’Edmonton pour la finale a réveillé un espoir dormant à travers le pays. Même les rivaux traditionnels se retrouvent dans la position inhabituelle de soutenir les Oilers, ne serait-ce que pour mettre fin à la souffrance collective. Connor McDavid, largement considéré comme le meilleur joueur au monde, porte maintenant sur ses épaules non seulement les attentes d’Edmonton, mais aussi la rédemption hockey de toute une nation.
“Ce qui est fascinant d’un point de vue culturel,” note la sociologue Dr. Elaine Nguyen, “c’est comment cette sécheresse a créé une sorte de traumatisme sportif national. Le succès au hockey est tellement entrelacé avec l’identité canadienne que son absence au plus haut niveau a produit une anxiété partagée qui transcende les rivalités typiques entre équipes.”
Les enjeux dépassent le sport. Un championnat pour Edmonton fournirait un coup de pouce économique nécessaire à une province qui navigue dans les transitions du secteur énergétique, unirait un pays politiquement divisé et, peut-être plus important encore, soulèverait un poids psychologique qui a plané sur le hockey canadien pendant une génération.
Alors que la rondelle tombe sur cette série finale, les Canadiens de Vancouver à Halifax regarderont avec un mélange d’espoir et d’appréhension. Ils ont déjà été là auparavant – au bord de mettre fin à la sécheresse – seulement pour avoir le cœur brisé. Les Panthers représentent non seulement un adversaire, mais l’incarnation de la domination américaine qui a maintenu la Coupe au sud de la frontière pendant trois décennies.
Est-ce que ce sera finalement l’année? La question résonne d’un océan à l’autre, à travers les bars sportifs et les salons, parmi des partisans qui attendent depuis 30 ans une réponse. Dans un pays où l’hiver est long et le hockey est une religion, la sécheresse a mis la foi à l’épreuve. Mais comme tout joueur de hockey vous le dira, la belle chose dans ce sport est que l’espoir se renouvelle à chaque mise au jeu.
La nation observe et attend, désespérée de mettre à jour ce point de référence douloureusement daté de 1993. Peut-être est-il temps pour une nouvelle génération de partisans canadiens de hockey d’avoir leur propre moment de triomphe national à retenir.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les vues de CO24. Rejoignez la conversation sur CO24 Opinions.