L’autrefois paisible communauté de Millcroft à Burlington se retrouve maintenant au centre d’un débat houleux alors que les résidents se mobilisent contre un projet de développement qu’ils craignent pourrait menacer leur santé et leur sécurité. Le plan controversé, qui transformerait des parties du terrain de golf établi de Millcroft en logements, a uni les voisins dans une opposition sans précédent alors qu’ils tirent la sonnette d’alarme concernant les impacts potentiels sur l’environnement et les infrastructures.
“Nous avons emménagé ici en raison des espaces verts et de l’ambiance communautaire,” explique Catherine Robertson, résidente de Millcroft depuis 15 ans qui a rejoint des centaines de personnes lors d’une récente réunion publique. “Ce développement ne change pas seulement notre quartier—il modifie fondamentalement l’équilibre environnemental sur lequel nous comptons.”
Au cœur des préoccupations des résidents se trouve le risque accru d’inondations. Le secteur connaît déjà des défis de gestion des eaux, plusieurs maisons signalant des inondations de sous-sol lors de fortes pluies. Des experts en hydrologie consultant pour l’association communautaire avertissent que le remplacement d’espaces verts par des surfaces imperméables pourrait exacerber ces problèmes, créant potentiellement une crise de santé publique à travers les dégâts d’eau et la croissance de moisissures qui en résulte.
La qualité de l’air représente une autre préoccupation importante. Une récente évaluation environnementale commandée par des groupes de défense locaux suggère que la perte d’arbres matures et l’augmentation du trafic provenant des nouvelles unités de logement pourraient entraîner des baisses mesurables de la qualité de l’air, affectant particulièrement les populations vulnérables comme les enfants et les aînés qui représentent près de 40% de la population actuelle de Millcroft.
Le projet de développement, qui comprend 98 maisons détachées et plusieurs immeubles à logements multiples, réduirait les espaces verts d’environ 20 acres selon les documents de planification soumis au Comité de planification de Burlington. Les représentants municipaux se retrouvent coincés entre les pressions de développement et les appels passionnés des résidents actuels.
“Il ne s’agit pas simplement de maintenir la valeur des propriétés ou de résister au changement,” explique Dr. Alan Peterson, spécialiste en santé environnementale qui s’est adressé au conseil municipal. “Nous parlons de résultats tangibles sur la santé qui sont directement liés à l’accès aux espaces verts, à la qualité de l’air et à une bonne gestion de l’eau.”
La situation à Millcroft met en évidence une tension croissante dans les municipalités canadiennes qui doivent équilibrer les besoins en logement avec la préservation de l’environnement. Les données de Statistique Canada montrent que les projets de densification urbaine ont augmenté de 34% au cours des cinq dernières années, générant souvent des conflits similaires entre promoteurs et communautés établies.
“Ce que nous observons à Millcroft reflète une tendance plus large,” note la professeure d’urbanisme Melissa Jenkins de l’Université McMaster. “Les communautés sont de plus en plus vocales quant à la nécessité d’un développement qui respecte les capacités des infrastructures existantes et les réalités environnementales.”
Le promoteur, Argo Development Corporation, soutient que leurs plans incluent d’importantes mesures pour répondre à ces préoccupations, notamment des systèmes de gestion des eaux pluviales à la fine pointe de la technologie et la préservation de plusieurs corridors verts. Leurs représentants soulignent les pénuries de logements dans la région du Grand Toronto comme justification du projet.
“Nous comprenons les préoccupations de la communauté,” déclare James Harrison, directeur des relations communautaires d’Argo. “Mais nous avons conçu ce développement avec la durabilité environnementale comme priorité, pas comme une réflexion après coup.”
Le conseil municipal de Burlington a prévu des consultations publiques supplémentaires avant de prendre une décision finale, attendue pour le début de l’été. Entre-temps, les résidents continuent de recueillir des signatures pour une pétition qui a déjà accumulé plus de 6 000 noms.
Alors que les communautés à travers le Canada observent cette situation qui se déroule, la question fondamentale demeure: comment équilibrer le besoin pressant de logements avec les impératifs tout aussi importants de santé publique, de durabilité environnementale et de bien-être communautaire?