Dans une déclaration qui a provoqué des ondes de choc diplomatiques parmi les nations du G7, l’ancien président américain Donald Trump a qualifié l’expulsion de la Russie du G8 en 2014 de “terrible erreur” lors d’un rassemblement de campagne au Michigan hier. Ces remarques controversées ont déclenché de vives critiques de la part des responsables canadiens et des alliés internationaux, qui considèrent l’agression continue de la Russie en Ukraine comme une justification de son isolement prolongé.
“Quand ils ont exclu la Russie, c’était une erreur,” a déclaré Trump à ses partisans. “Avoir la Russie à la table des négociations nous donne un levier. Je les inviterais à revenir dès le premier jour.” Ces commentaires surviennent quelques jours seulement après la conclusion du Sommet du G7 2025 en Italie, où les dirigeants ont réaffirmé leur engagement à soutenir l’Ukraine et à maintenir les sanctions contre Moscou.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau a répondu vivement lors d’une conférence de presse à Ottawa ce matin. “Soyons absolument clairs,” a affirmé Trudeau, “nous parlons d’un régime qui a annexé illégalement la Crimée, envahi une nation souveraine et continue de violer le droit international. Les actions du président Poutine ont démontré à maintes reprises pourquoi la Russie n’a pas sa place à cette table.”
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a fait écho à ces sentiments, qualifiant la déclaration de Trump de “profondément préoccupante” et soulignant que la position du Canada sur l’exclusion de la Russie demeure inébranlable. “Le G7 représente des démocraties engagées en faveur d’un ordre international fondé sur des règles,” a noté Joly. “Les actions de la Russie sous Poutine ont constamment sapé ces principes.”
Les analystes politiques suggèrent que les commentaires de Trump pourraient être destinés à distinguer son approche de politique étrangère de celle de l’administration actuelle à l’approche des élections de novembre. Dr. Melissa Richardson, professeure de relations internationales à l’Université de Toronto, a déclaré que “Trump signale un retour potentiel à son approche plus transactionnelle de la diplomatie, qui privilégie souvent les relations bilatérales au détriment du consensus multilatéral.”
La controverse a particulièrement résonné au Canada, où près de 1,4 million de personnes revendiquent un héritage ukrainien—la troisième plus grande diaspora ukrainienne au monde. Des manifestations organisées par des groupes canado-ukrainiens ont déjà été annoncées à Toronto, Montréal et Vancouver.
Les marchés financiers ont également réagi à ce potentiel changement de politique, avec une volatilité modeste des actions énergétiques européennes. Les analystes économiques de RBC Marchés des Capitaux notent que toute réintégration de la Russie dans les forums économiques mondiaux pourrait avoir un impact significatif sur les prix de l’énergie mondiale et les chaînes d’approvisionnement, particulièrement pour les entreprises canadiennes ayant une exposition internationale.
Ce n’est pas la première fois que Trump suggère de réintégrer la Russie. Durant sa présidence, il a plaidé à plusieurs reprises pour le retour de la Russie dans le groupe, créant des tensions avec d’autres membres du G7 qui maintenaient que le comportement de la Russie n’avait pas changé depuis son expulsion en 2014 suite à l’annexion de la Crimée.
Les sondages actuels suggèrent que la course présidentielle américaine reste extrêmement serrée, les positions de Trump en matière de politique étrangère pouvant influencer les décisions des électeurs dans des États clés comptant d’importantes populations d’Europe de l’Est.
Alors que les retombées diplomatiques se poursuivent, une question demeure centrale dans la conversation internationale: dans un monde où les régimes autoritaires défient de plus en plus les valeurs démocratiques, les considérations économiques et stratégiques devraient-elles jamais l’emporter sur la défense de la souveraineté et du droit international?