Le déclin du tourisme autochtone au Canada en 2025 en raison de la baisse des visiteurs en provenance des États-Unis et des coupes budgétaires

Olivia Carter
6 Min Read
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À l’ombre des majestueuses Montagnes Rocheuses, Roy Louis, aîné de la Nation sioux Alexis Nakota, observe un autre autocar partir avec moins de passagers que l’an dernier. « Nous avons construit quelque chose de magnifique ici, quelque chose d’authentique », me confie-t-il, en montrant du geste le centre culturel qui fourmillait autrefois de visiteurs américains. « Maintenant, nous nous demandons si nous pourrons garder les lumières allumées pendant l’hiver. »

Cette scène se répète partout au Canada alors que les entreprises touristiques autochtones font face à un double défi sans précédent : une baisse marquée des visiteurs américains et d’importantes réductions du financement fédéral. L’Association touristique autochtone du Canada (ATAC) signale une chute de 23 % des visiteurs américains dans les sites touristiques autochtones au premier semestre 2025, tout en composant avec une réduction de 2,7 millions de dollars du soutien fédéral.

« Nous vivons une tempête parfaite », explique Keith Henry, président-directeur général de l’ATAC. « Alors que notre secteur se remettait des perturbations causées par la pandémie, nous avons été frappés par cette combinaison de diminution des voyages américains et de coupes budgétaires qui menace d’anéantir des années de progrès. »

Les implications économiques vont bien au-delà des entreprises individuelles. Le tourisme autochtone a contribué à hauteur d’environ 1,9 milliard de dollars à l’économie canadienne en 2023, employant plus de 39 000 personnes et soutenant des initiatives de préservation culturelle dans des centaines de communautés. Ces chiffres devaient atteindre 2,5 milliards de dollars d’ici 2026, mais les tendances actuelles suggèrent plutôt une contraction.

L’analyse des données de passage à la frontière révèle que les visiteurs américains au Canada ont diminué de 17 % dans l’ensemble, avec des taux plus élevés dans les régions dépendantes du tourisme automobile. Le renforcement du dollar américain par rapport à la devise canadienne devait stimuler les voyages transfrontaliers, mais les experts de l’industrie soulignent la concurrence accrue des destinations internationales et l’évolution des préférences de voyage.

« Les Américains ont plus d’options que jamais », note Tzeporah Williams, économiste du tourisme à l’Université de la Colombie-Britannique. « Après la pandémie, ils recherchent des expériences qui semblent nouvelles après des années de restrictions. Malheureusement, les budgets de marketing touristique du Canada n’ont pas suivi le rythme des campagnes agressives de pays comme l’Islande, le Portugal et le Japon. »

Pendant ce temps, la réduction du financement d’Ottawa à l’ATAC a forcé l’organisation à réduire ses initiatives de marketing, son soutien au développement des entreprises et ses programmes d’authenticité culturelle. Cela survient à un moment critique où de nombreux opérateurs touristiques autochtones avaient investi massivement dans l’expansion, en se basant sur les trajectoires de croissance d’avant la pandémie.

À Wendake, au Québec, l’entrepreneure Sarah Ruperthouse a reporté l’ouverture d’un centre culturel agrandi. « Nous avions obtenu un financement privé basé en partie sur l’hypothèse d’un soutien gouvernemental continu pour le secteur », explique-t-elle. « Maintenant, nous recalculons tout et essayons de déterminer si nous pouvons procéder. »

Les responsables fédéraux défendent les changements de financement comme faisant partie de réalignements budgétaires plus larges. « Nous restons engagés envers le développement économique autochtone », a déclaré la ministre du Tourisme Angela Reynolds dans une réponse écrite. « Cependant, les réalités fiscales exigent des décisions difficiles dans tous les secteurs. »

Les critiques soutiennent que ces « décisions difficiles » touchent de façon disproportionnée les industries vulnérables encore en convalescence des perturbations pandémiques. Les critiques de l’opposition ont qualifié les coupes de « myopes » étant donné l’effet multiplicateur économique prouvé du secteur et son rôle dans l’avancement de la réconciliation par la compréhension culturelle.

L’ATAC a lancé un programme de soutien agressif pour ses membres, offrant une assistance en marketing numérique et des consultations sur l’efficacité opérationnelle pour aider les entreprises à traverser cette période difficile. L’organisation développe également des partenariats avec les organismes touristiques provinciaux pour partager les ressources et étendre le marketing domestique.

« Le tourisme autochtone n’est pas simplement un autre segment de l’industrie », souligne Henry. « C’est une voie essentielle pour la réconciliation économique et la préservation culturelle. Quand les visiteurs découvrent nos communautés, ils emportent ces histoires chez eux. Cet échange a une valeur qui dépasse les dollars. »

Alors que l’industrie touristique canadienne se prépare pour l’hiver, traditionnellement la saison de planification pour l’année suivante, de nombreux opérateurs autochtones font face à des décisions difficiles concernant le personnel, la programmation et même la poursuite des activités. La résilience qui a caractérisé ces entreprises à travers les défis précédents est mise à l’épreuve une fois de plus.

Reste à voir si ce revers représente un ajustement temporaire ou un changement plus fondamental dans le paysage touristique canadien. Et peut-être plus important encore, les Canadiens eux-mêmes prendront-ils l’initiative de découvrir les remarquables offres culturelles de leur propre pays si les visiteurs internationaux ne reviennent pas en nombre comme auparavant?

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