Après des années de retards et une frustration grandissante parmi les navetteurs torontois, la Commission de transport de Toronto (TTC) a finalement commencé à prendre le contrôle du train léger Eglinton Crosstown, marquant une étape importante dans l’histoire mouvementée du projet. La commission de transport a confirmé jeudi qu’elle a commencé à faire circuler des trains sur des segments de la ligne de 19 kilomètres, signalant les premières étapes concrètes vers un éventuel service public.
“Cela représente le début de la phase finale avant que nous puissions accueillir les passagers,” a déclaré le PDG du TTC Rick Leary lors du briefing opérationnel d’hier. “Nos équipes testent activement les systèmes, forment les opérateurs, et assument progressivement la responsabilité des différentes sections de la ligne.”
Ce développement survient après de nombreux reports qui ont repoussé le projet près de quatre ans au-delà de sa date d’achèvement initiale. Initialement prévu pour ouvrir en 2020, le Crosstown a fait face à des défis de construction, des différends contractuels, et plus récemment, d’importantes préoccupations de sécurité qui ont nécessité des réparations.
Des sources au sein de Metrolinx confirment que bien que ce processus de transfert ait commencé, il se déroulera par étapes soigneusement gérées. L’agence de transport met en œuvre une approche zone par zone, le TTC assumant progressivement le contrôle de différents segments seulement après que des protocoles de test rigoureux soient complétés.
“Nous ne prenons pas de raccourcis à ce stade,” a expliqué Maria Santos, analyste principale en infrastructure à l’Institut de recherche sur les transports de l’Université de Toronto. “La complexité d’intégrer les systèmes de signalisation de la ligne, l’infrastructure électrique et les installations des stations nécessite une vérification méthodique avant que le service aux passagers puisse commencer.”
Le projet de 12,5 milliards de dollars — initialement budgété à 5,3 milliards — représente le plus grand investissement en infrastructure de transport de l’Ontario depuis des décennies. La ligne reliera la station Kennedy à Scarborough à Mount Dennis à l’ouest, avec 25 stations le long de l’avenue Eglinton, dont 15 arrêts souterrains.
Pour les entreprises le long de l’avenue Eglinton qui ont enduré des années de perturbations dues à la construction, la nouvelle offre une lueur d’espoir. La Zone d’amélioration commerciale d’Eglinton rapporte que plus de 140 petites entreprises ont définitivement fermé depuis le début de la construction en 2011.
“Ça a été dévastateur de voir nos membres lutter à travers une construction sans fin,” a déclaré Alia Hassan, porte-parole de la ZAC d’Eglinton. “Bien que nous soyons prudemment optimistes face à ce développement, de nombreux propriétaires d’entreprises ne célébreront pas avant de voir des passagers réels sortir de ces stations.”
Le TTC a indiqué que la formation des opérateurs s’est intensifiée, avec des équipes effectuant maintenant des essais réguliers dans diverses conditions pour assurer la préparation au service éventuel. Pendant ce temps, les équipes techniques évaluent les systèmes automatisés de la ligne, les portes palières et les protocoles d’intervention d’urgence.
La ministre provinciale des Transports Caroline Mulroney a souligné l’importance de cette phase de transition lors de la session législative d’hier. “Le processus de transfert démontre notre engagement à livrer ce projet transformateur aux navetteurs torontois. Bien que nous comprenions la frustration concernant les retards, notre priorité reste d’assurer que le système réponde aux normes de sécurité les plus élevées.”
Les critiques, cependant, pointent l’absence continue d’une date d’ouverture ferme comme raison de scepticisme. Le défenseur du transport en commun et ancien urbaniste Roger Chen a noté que des processus de transfert similaires pour d’autres projets de train léger précèdent généralement l’ouverture au public de trois à six mois.
“Les résidents de Toronto ont déjà entendu des mises à jour prometteuses, seulement pour faire face à d’autres déceptions,” a déclaré Chen. “Le vrai test sera de savoir si Metrolinx et le TTC peuvent maintenir la transparence concernant tout problème supplémentaire découvert durant cette phase finale.”
Alors que les tests se poursuivent, l’attention se tourne maintenant vers la façon dont la ligne s’intégrera aux services existants du TTC et si elle offrira la réduction promise des temps de trajet. Les projections suggèrent que le Crosstown pourrait réduire les temps de déplacement est-ouest jusqu’à 60 pour cent par rapport aux lignes d’autobus existantes.
Alors que le paysage du transport en commun de Toronto se tient prêt pour cette évolution significative, la question demeure: est-ce que cette addition tant attendue au réseau de transport de la ville va finalement offrir la transformation promise aux navetteurs qui ont enduré des années de chaos de construction et des retards répétés?