Dans un virage important qui pourrait accélérer la transition du Canada vers le transport propre, le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault a confirmé hier que le gouvernement fédéral se prépare à rétablir les rabais pour véhicules électriques après que le programme populaire ait atteint sa limite de financement plus tôt cette année. Cette annonce survient dans un contexte de pression croissante des groupes environnementaux et des consommateurs qui ont constaté un ralentissement des achats de VÉ depuis la disparition des incitatifs en avril.
“Les Canadiens ont clairement démontré leur enthousiasme pour les véhicules électriques lorsque des incitatifs appropriés sont en place,” a déclaré Guilbeault lors d’une conférence de presse à Ottawa. “Nous reconnaissons que l’abordabilité demeure un obstacle critique à l’adoption, et nous nous engageons à combler cette lacune dans les semaines à venir.”
Le programme de rabais précédent, qui offrait jusqu’à 5 000 $ pour les véhicules électriques à batterie et les hybrides rechargeables à longue autonomie admissibles, a épuisé son financement alloué trois mois plus tôt que prévu en raison d’une demande croissante. Les données de Transports Canada montrent que les ventes de VÉ ont chuté d’environ 23 % dans les deux mois suivant la suspension du programme, soulignant l’impact significatif des incitatifs financiers sur le comportement des consommateurs.
Les analystes de l’industrie suggèrent que le retour du rabais ne pourrait pas être plus opportun. “Le marché commençait tout juste à atteindre un point de bascule lorsque les incitatifs ont disparu,” explique Dre Melissa Chen, chercheuse en transport durable à l’Université de Toronto. “Sans ces rabais, nous avons vu de nombreux acheteurs potentiels retarder leurs décisions d’achat, ce qui menace de faire dérailler nos objectifs de réduction des émissions pour le secteur des transports.”
Le programme remanié devrait inclure plusieurs modifications conçues pour étendre le financement tout en maintenant son impact. Des sources au sein du ministère indiquent que les montants des rabais pourraient être ajustés en fonction des seuils de prix des véhicules et de la capacité des batteries, offrant potentiellement des incitatifs plus importants pour les modèles plus abordables afin de rendre les VÉ accessibles aux Canadiens à revenu moyen.
Les réactions provinciales à l’annonce ont été mitigées. Le Québec et la Colombie-Britannique, qui offrent leurs propres incitatifs complémentaires pour les VÉ, ont accueilli favorablement la décision du gouvernement fédéral. “Cela crée un incitatif cumulable puissant qui pourrait amener de nombreux véhicules électriques sous la parité de prix avec les modèles conventionnels,” a noté le ministre québécois de l’Environnement, Claude Beaudoin.
Pendant ce temps, les intervenants de l’industrie sont prudemment optimistes quant à la relance du programme. “La cohérence des politiques est cruciale tant pour les consommateurs que pour les fabricants,” a déclaré Jennifer Morris, porte-parole de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules. “La nature intermittente des programmes d’incitatifs crée une incertitude sur le marché qui complique la planification de la production et la gestion des stocks.”
Les rabais rétablis soutiendront les objectifs climatiques plus larges du Canada, y compris le mandat fédéral exigeant que 100 % des nouveaux véhicules de passagers vendus soient à émission zéro d’ici 2035. Selon les projections gouvernementales, les transports représentent environ 25 % des émissions totales de gaz à effet de serre du Canada, ce qui en fait un secteur critique pour les efforts de décarbonisation.
Pour les acheteurs potentiels de VÉ, l’annonce offre une raison de suspendre les projets d’achat actuels. “Nous conseillons aux clients d’attendre les détails officiels du programme avant de finaliser toute décision,” a expliqué Thomas Farrell, consultant principal chez GreenDrive Advisory. “La différence pourrait représenter des milliers de dollars d’économies, particulièrement pour les familles qui envisagent des VUS et multisegments électriques de milieu de gamme.”
Les défenseurs de l’environnement, bien que favorables, soulignent que les rabais ne représentent qu’un élément d’une stratégie globale pour les VÉ. “Nous avons besoin d’investissements simultanés dans l’infrastructure de recharge, particulièrement dans les communautés rurales et nordiques,” a déclaré Emma Williams, directrice du Réseau Action Climat Canada. “Les rabais s’attaquent à la barrière du coût initial, mais l’anxiété d’autonomie et la commodité de recharge demeurent des préoccupations importantes pour de nombreux adoptants potentiels.”
Le gouvernement n’a pas encore divulgué l’allocation totale de financement pour le programme rétabli, bien que les analystes s’attendent à ce qu’elle dépasse l’engagement précédent de 300 millions de dollars pour refléter la demande croissante du marché et les prix des véhicules ajustés à l’inflation.
Alors que les Canadiens attendent d’autres détails qui devraient être publiés le mois prochain, une question reste au cœur de la conversation nationale sur les transports : ces incitatifs renouvelés pousseront-ils enfin les véhicules électriques dans le courant dominant de la culture automobile canadienne, ou les préoccupations économiques plus larges continueront-elles à maintenir les véhicules à émission zéro dans la catégorie de marché de niche?