Prévisions des émissions du Québec 2024 révisées suite aux changements de politique aux États-Unis

Olivia Carter
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Le balancier politique qui oscille à Washington projette une ombre inquiétante sur les objectifs climatiques ambitieux du Québec, forçant les responsables provinciaux à recalibrer leur stratégie de réduction des émissions face à l’incertitude croissante concernant les politiques environnementales transfrontalières.

Le ministère de l’Environnement du Québec a publié hier des projections révisées d’émissions de carbone, reconnaissant que les potentiels revirements politiques sous une future administration Trump pourraient considérablement affecter la capacité de la province à atteindre ses objectifs pour 2030. La province, qui s’est longtemps positionnée comme leader climatique nord-américain, fait maintenant face à la dure réalité que des facteurs externes pourraient faire dérailler sa feuille de route méticuleusement élaborée.

« Nous opérons dans un contexte de volatilité politique sans précédent », a déclaré le ministre de l’Environnement Benoit Charette lors d’une conférence de presse à Québec. « Bien que nous demeurions engagés envers nos objectifs climatiques, nous devons tenir compte de l’évolution du paysage réglementaire au-delà de nos frontières. »

Les prévisions révisées indiquent que le Québec pourrait n’atteindre que 65 à 78 % de ses objectifs de réduction d’émissions précédemment annoncés d’ici 2030, en baisse par rapport aux projections antérieures de 87 à 92 %. Cet ajustement survient alors que les analystes prévoient qu’une seconde présidence Trump pourrait démanteler des réglementations environnementales clés sur lesquelles la stratégie climatique du Québec s’est alignée depuis 2020.

Le marché du carbone québécois, lié au système de plafonnement et d’échange californien depuis 2014, représente une vulnérabilité particulière. Ce marché intégré a été une pierre angulaire de la stratégie de réduction des émissions du Québec, générant plus de 6,1 milliards de dollars de revenus depuis sa création tout en créant des incitatifs économiques pour que les entreprises réduisent leur empreinte carbone.

Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales chez Équiterre, a exprimé son inquiétude quant aux répercussions des changements de politique américaine sur les initiatives climatiques du Québec. « Le marché du carbone intégré dépend d’un alignement réglementaire. Si les politiques climatiques de la Californie font face à une opposition fédérale, l’ensemble du système d’échange d’émissions du Québec pourrait être compromis », a confié Viau à CO24 News.

Le secteur industriel de la province semble particulièrement exposé aux potentiels changements politiques. L’industrie québécoise de l’aluminium, qui a massivement investi dans des méthodes de production à faible émission de carbone pour maintenir sa compétitivité sur les marchés soucieux de l’environnement, pourrait subir d’importants revers si les normes environnementales américaines étaient assouplies.

« Nous avons bâti notre avantage concurrentiel autour du fait d’être l’un des producteurs d’aluminium les plus propres au monde », a déclaré Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie du Québec. « Un changement radical dans la politique environnementale américaine pourrait compromettre des années d’investissements stratégiques dans la durabilité. »

L’incertitude s’étend au-delà des émissions industrielles aux secteurs du transport et du bâtiment, où le Québec a mis en œuvre des réglementations de plus en plus strictes alignées sur les tendances nord-américaines plus larges. La norme québécoise sur les véhicules zéro émission, qui oblige les constructeurs automobiles à vendre un pourcentage croissant de véhicules électriques, reflète des politiques similaires en Californie qui pourraient faire face à des défis fédéraux sous une administration moins axée sur l’environnement.

Les analystes énergétiques de l’Institut économique de Montréal notent que les ressources hydroélectriques du Québec offrent une certaine protection contre la volatilité politique. « Le réseau d’électricité propre du Québec demeure un atout stratégique indépendamment de l’orientation politique américaine », a déclaré Germain Belzile, économiste principal. « Cependant, les industries exportatrices de la province ont besoin de prévisibilité réglementaire pour planifier leurs investissements à long terme. »

Les projections révisées ont déclenché un débat au sein du paysage politique québécois, les partis d’opposition critiquant le gouvernement pour ce qu’ils qualifient de dépendance excessive aux facteurs externes pour atteindre les objectifs climatiques. Alejandra Zaga Mendez, porte-parole de Québec Solidaire en matière d’environnement, a appelé à une politique climatique plus autonome qui « ne dépend pas des caprices politiques de Washington ».

Les marchés financiers réagissent déjà à l’incertitude. Les prix des crédits carbone sur le marché Québec-Californie ont connu une volatilité accrue, les contrats à terme montrant une sensibilité aux sondages électoraux américains. Cette incertitude du marché menace de saper les signaux de prix stables nécessaires pour stimuler l’investissement des entreprises dans les technologies de réduction des émissions.

Le premier ministre François Legault a reconnu les défis, mais a souligné l’engagement du Québec à poursuivre ses initiatives climatiques indépendamment des développements internationaux. « Bien que nous devions être réalistes quant aux facteurs externes affectant notre trajectoire d’émissions, le Québec continuera de montrer la voie en matière d’action climatique par l’innovation et l’adaptation », a déclaré Legault pendant la période de questions à l’Assemblée nationale.

Les prévisions révisées soulèvent des questions fondamentales sur la façon dont des juridictions infranationales comme le Québec peuvent maintenir leur élan climatique face à l’évolution des politiques nationales de leurs principaux partenaires commerciaux. Alors que la province navigue dans ce terrain incertain, son leadership climatique sera-t-il suffisamment résilient pour résister aux tempêtes politiques qui se préparent au sud de la frontière?

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