Une entreprise de camionnage liée au séparatiste khalistanais assassiné Hardeep Singh Nijjar a été la cible de tirs tard mercredi soir à Surrey, en Colombie-Britannique, marquant une inquiétante escalade dans ce qui semble être des tensions persistantes suite à l’assassinat de Nijjar l’année dernière.
L’incident s’est produit vers 23h30 chez Guru Nanak Trucking, une entreprise appartenant à Ramandeep Singh, cousin de Nijjar. Selon la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de Surrey, plusieurs coups de feu ont été tirés sur les locaux de l’entreprise, mais heureusement aucun blessé n’a été signalé.
“Cela semble être un incident ciblé,” a déclaré le caporal James Mason de la GRC de Surrey dans une communication officielle avec la presse. “Nos enquêteurs examinent tous les motifs possibles, y compris les liens potentiels avec des incidents antérieurs impliquant des associés de M. Nijjar.”
La fusillade survient à un moment particulièrement délicat dans les relations canado-indiennes, qui se sont considérablement détériorées depuis les allégations explosives du premier ministre canadien Justin Trudeau en septembre dernier, établissant un lien entre des agents du gouvernement indien et l’assassinat de Nijjar. L’Inde a constamment nié ces allégations, les qualifiant “d’absurdes” et “politiquement motivées.”
Ramandeep Singh, s’adressant aux médias locaux, a pointé du doigt le gang de Lawrence Bishnoi, affirmant qu’ils opéraient “à la demande des agences indiennes.” Ces allégations restent toutefois non confirmées alors que la police poursuit son enquête.
“Nous recevons des menaces depuis des mois,” a déclaré Singh aux journalistes. “Cette attaque vise clairement à intimider la communauté sikhe au Canada qui soutient le mouvement Khalistan.”
L’incident ajoute une couche de complexité supplémentaire à la situation diplomatique déjà tendue entre Ottawa et New Delhi. Les relations ont atteint un niveau historiquement bas après l’assassinat de Nijjar, les deux nations expulsant des diplomates et l’Inde suspendant temporairement les services de visa pour les citoyens canadiens.
Les experts en sécurité qui surveillent la situation notent que cela pourrait représenter un schéma inquiétant. “Ce que nous voyons potentiellement, c’est l’internationalisation de conflits qui étaient auparavant contenus en Asie du Sud,” explique Dr. Helena Moravec, professeure de sécurité internationale à l’Université de Toronto. “Les autorités canadiennes font maintenant face au défi de déterminer s’il s’agit d’une activité liée au crime organisé, d’une violence politiquement motivée, ou d’une intersection des deux.”
Surrey, qui abrite l’une des plus grandes communautés sikhes du Canada, a connu une augmentation des préoccupations sécuritaires ces derniers mois. La GRC locale a intensifié les patrouilles autour des institutions sikhes clés, y compris le Gurdwara Sikh Guru Nanak où Nijjar était président avant son assassinat dans le stationnement en juin dernier.
Les responsables canadiens sont restés prudents dans leurs déclarations publiques concernant la fusillade, probablement conscients des sensibilités diplomatiques en jeu. Cependant, le ministre de la Sécurité publique Dominic LeBlanc a réaffirmé l’engagement du gouvernement à protéger toutes les communautés contre la violence lors d’une conférence de presse à Ottawa hier.
“Chaque Canadien mérite de se sentir en sécurité dans sa communauté et son lieu de travail,” a déclaré LeBlanc. “Nous travaillons en étroite collaboration avec les forces de l’ordre pour garantir que les responsables soient traduits en justice.”
Alors que les tensions continuent de couver entre les deux nations, la question demeure : le Canada peut-il protéger efficacement les individus et les entreprises pris dans la ligne de mire de ce qui semble être un conflit de plus en plus internationalisé, ou cet incident compliquera-t-il davantage la relation diplomatique déjà endommagée avec l’Inde?