Face au panorama époustouflant des collines ondulantes de Charlevoix, la Première ministre Anita Anand s’est tenue résolue lors de la clôture du Sommet du G7 2025 organisé par le Canada hier, soulignant qu’à une époque d’instabilité mondiale croissante, l’engagement du Canada envers la coopération multilatérale demeure “inébranlable et non négociable”.
“Les défis auxquels nous faisons face aujourd’hui – le changement climatique, l’incertitude économique, le recul démocratique et les bouleversements technologiques – ne peuvent être résolus par une seule nation agissant isolément,” a déclaré Anand aux journalistes lors de la conférence de presse finale. “Ce sommet a renforcé ce que nous savions déjà : une gouvernance mondiale efficace nécessite une véritable collaboration.”
La rencontre de trois jours a réuni les dirigeants des économies les plus avancées du monde dans un contexte de tensions croissantes entre la Chine et les nations occidentales, de préoccupations persistantes concernant l’agression russe en Ukraine, et d’inégalités économiques grandissantes exacerbées par les effets persistants de la pandémie. Selon des sources diplomatiques présentes lors des sessions à huis clos, les discussions ont été “franches et parfois animées”, particulièrement concernant les politiques commerciales et les engagements climatiques.
La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, qui a joué un rôle crucial dans la négociation du communiqué final du sommet, a souligné que le document représente “des progrès substantiels” sur plusieurs fronts. “Nous avons obtenu des engagements concrets sur le financement climatique, un soutien unanime à la souveraineté de l’Ukraine, et un cadre pour aborder la gouvernance de l’intelligence artificielle,” a affirmé Joly. Le document de 32 pages définit des échéanciers spécifiques et des mesures de responsabilisation – une rupture avec le langage plus aspirationnel des sommets précédents.
Les marchés financiers ont réagi positivement aux résultats du sommet, la Bourse de Toronto enregistrant une hausse de 1,2 % suite à la publication de la déclaration commune des dirigeants sur la coopération économique. Le communiqué comprend des dispositions pour coordonner les politiques monétaires et renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement – des priorités que les responsables canadiens avaient placées en tête de l’ordre du jour.
Les analystes économiques de la Banque Royale du Canada notent que l’accent mis par le sommet sur la diversification commerciale pourrait bénéficier aux exportations canadiennes, ajoutant potentiellement 0,3 % à la croissance du PIB au cours du prochain exercice financier. “L’accent mis sur les chaînes d’approvisionnement sécurisées et les minéraux critiques présente une opportunité significative pour le secteur des ressources du Canada,” a expliqué l’économiste en chef de RBC, Craig Wright, dans une analyse publiée ce matin.
Les militants écologistes ont toutefois exprimé leur déception face à ce qu’ils ont décrit comme des “engagements progressifs” qui ne sont pas à la hauteur de l’action transformatrice nécessaire. Le Réseau Action Climat Canada a critiqué les résultats du sommet comme “un reconditionnement des promesses existantes” plutôt que l’établissement de nouveaux objectifs audacieux que les scientifiques jugent nécessaires pour éviter un réchauffement catastrophique.
Les dirigeants autochtones qui ont participé aux consultations préalables au sommet ont offert des évaluations mitigées. La cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse, a reconnu les progrès réalisés en matière d’inclusion autochtone dans les initiatives de développement économique, mais a noté qu’une “consultation significative nécessite plus qu’une reconnaissance cérémonielle”.
L’aspect peut-être le plus controversé du sommet a été l’approche des dirigeants vis-à-vis de la Chine. Le communiqué final s’abstient de condamner explicitement les pratiques commerciales de Pékin, mais inclut un langage plus ferme sur les droits de l’homme et les “mesures économiques coercitives” que les déclarations précédentes du G7. Lorsqu’on lui a demandé si cela représentait un compromis diplomatique, Anand a souligné “l’approche fondée sur des principes” du Canada en matière de politique étrangère.
“Nous ne reculerons pas devant la défense de nos valeurs et de nos intérêts,” a-t-elle déclaré, “mais nous reconnaissons qu’un engagement constructif reste essentiel, même – peut-être surtout – avec les nations avec lesquelles nous avons de profonds désaccords.”
L’opération de sécurité du sommet, impliquant plus de 4 000 personnels et coûtant environ 330 millions de dollars, s’est déroulée sans incidents majeurs malgré les inquiétudes concernant d’éventuelles manifestations. Une petite manifestation d’environ 200 militants anti-mondialisation est restée pacifique sous l’œil vigilant de la Sûreté du Québec.
Alors que le Canada passe la présidence du G7 à l’Italie pour 2026, des questions demeurent quant à la pertinence continue du bloc dans un paysage géopolitique en rapide évolution. Les critiques soulignent l’influence croissante du G20 et d’autres forums multilatéraux qui incluent des puissances émergentes comme l’Inde, le Brésil et l’Indonésie.
La vice-première ministre Chrystia Freeland, qui a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de la politique économique internationale du Canada, a défendu l’importance continue du G7. “Le G7 représente une coalition de démocraties engagées envers un ordre international fondé sur des règles,” a déclaré Freeland aux journalistes. “Cet engagement commun envers les valeurs démocratiques crée une base de coopération que d’autres forums ne peuvent simplement pas reproduire.”
Alors que les dirigeants mondiaux quittaient Charlevoix hier soir, l’impact à long terme du sommet demeure incertain. Cette rencontre sera-t-elle considérée comme un moment où les nations démocratiques se sont réengagées dans l’action collective, ou simplement comme un autre exemple de rhétorique ambitieuse sans suivi significatif? La réponse dépendra peut-être moins des mots contenus dans le communiqué que des actions que les gouvernements prendront dans les mois critiques à venir.