Face à une inquiétante escalade des feux de forêt dans le Nord canadien, les autorités du Yukon ont placé environ 200 foyers en alerte d’évacuation alors que plusieurs incendies menacent les communautés près de Whitehorse. Cette situation qui évolue rapidement a déclenché des protocoles d’intervention d’urgence et soulève des inquiétudes quant à ce qui pourrait devenir une autre saison d’incendies éprouvante pour le territoire.
Les alertes d’évacuation concernent les résidents d’Ibex Valley et du lac Laberge, des communautés situées au nord-ouest de Whitehorse, où des éclairs ont déclenché plusieurs feux de forêt en fin de semaine dernière. Ces incendies se sont considérablement étendus en raison de conditions exceptionnellement sèches et de températures supérieures à la moyenne qui persistent depuis le début de l’été.
“Nous surveillons trois feux particulièrement préoccupants”, a déclaré Mike Smith, coordonnateur de la gestion des feux de forêt du Yukon. “La combinaison d’une faible humidité, de températures élevées et de régimes de vent imprévisibles a créé des conditions difficiles pour contenir les flammes. Notre priorité reste la sécurité publique pendant que nous déployons toutes les ressources disponibles.”
Les résidents en alerte d’évacuation ont reçu pour consigne de préparer des trousses d’urgence, de sécuriser leurs documents importants et de rester vigilants face à d’éventuels ordres d’évacuation. Les équipes locales de gestion des urgences ont établi des abris temporaires au Centre des Jeux du Canada de Whitehorse, où les évacués seraient dirigés si une évacuation complète devenait nécessaire.
Le plus important des incendies, désigné YU-WL042, s’est étendu à environ 1 200 hectares depuis vendredi et est classé comme “hors de contrôle” par les autorités territoriales de lutte contre les incendies. Des moyens aériens de lutte contre les incendies, notamment des avions-citernes et des hélicoptères équipés de seaux, ont été déployés pour combattre les flammes, complétés par des équipes au sol qui s’efforcent d’établir des lignes de confinement autour des zones peuplées.
“Nous avons demandé des ressources supplémentaires aux juridictions voisines”, a confirmé le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, lors d’une conférence de presse hier. “Bien que nous n’en soyons pas encore au stade des évacuations obligatoires, nous voulons que les résidents soient préparés si les conditions venaient à se dégrader davantage.”
Les climatologues ont noté que la saison des feux au Yukon a commencé plus tôt que d’habitude cette année, ce qui correspond aux prédictions relatives aux changements climatiques pour les régions nordiques. Selon les données du Système canadien d’information sur les feux de forêt, le territoire a déjà enregistré plus de 40 feux actifs cette saison, un chiffre nettement supérieur à la moyenne des cinq dernières années pour cette période de l’année.
Le gouvernement du Yukon a activé son Centre des opérations d’urgence pour coordonner l’intervention multi-agences, avec des représentants de la gestion des feux de forêt, des services d’urgence et des gouvernements municipaux travaillant en collaboration. Des avis sur la qualité de l’air ont été émis pour les communautés dans un rayon de 100 kilomètres des incendies, avec des conditions particulièrement mauvaises signalées à Whitehorse, où les résidents ont été invités à limiter leurs activités extérieures.
Pour les résidents possédant du bétail ou de grands animaux, l’Association des cavaliers du Yukon a organisé un hébergement d’urgence dans des installations plus éloignées des zones d’incendie. “Nous avons reçu un élan de solidarité de membres prêts à accueillir les animaux évacués”, a déclaré la présidente de l’Association, Emily Tredger. “La communauté se rassemble toujours pendant ces moments difficiles.”
Alors que le changement climatique continue de modifier les schémas d’incendie dans le Nord canadien, sommes-nous témoins d’un changement fondamental dans la façon dont les communautés nordiques doivent se préparer et répondre à des menaces d’incendies de forêt de plus en plus fréquentes et graves?