Le battement puissant des tambours traditionnels a résonné à travers La Fourche à Winnipeg hier alors que des milliers de personnes se sont rassemblées pour commémorer la Journée nationale des peuples autochtones 2025, marquant une célébration forte de la résilience culturelle et du patrimoine qui continue de s’épanouir malgré des siècles de tentatives d’effacement.
“Ce n’est pas seulement une célébration—c’est un témoignage de notre survie,” a déclaré l’Aînée Margaret Clearwater, qui a ouvert la cérémonie avec une prière en anishinaabemowin. “Chaque chanson, chaque danse, chaque mot dans nos langues représente des générations qui se sont battues pour préserver notre identité.”
La célébration du 21 juin, coïncidant avec le solstice d’été, a connu une participation record cette année à travers le Canada, les communautés des Premières Nations, métisses et inuites présentant leurs traditions distinctes. À Winnipeg, plus de 5 000 personnes ont participé à l’événement d’une journée comprenant de la nourriture traditionnelle, de l’artisanat, des récits et des spectacles qui ont mis en valeur la riche diversité des cultures autochtones.
La célébration au Manitoba revêt une importance particulière cette année suite à l’engagement récent du gouvernement provincial à mettre en œuvre les 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. Le premier ministre Adam Thompson, présent à la célébration, a reconnu les obligations de la province envers une réconciliation significative.
“Nous reconnaissons qu’une vraie réconciliation exige plus que des mots—elle demande des actions concrètes et un changement fondamental dans nos relations avec les peuples autochtones,” a déclaré Thompson à la foule. “Aujourd’hui, nous célébrons non seulement les cultures et les contributions des Premières Nations, mais nous nous engageons à nouveau dans le travail continu de justice.”
L’événement a souligné les réalisations des communautés autochtones tout en reconnaissant les défis actuels. Les données récentes de Statistique Canada montrent que le chômage des jeunes autochtones reste près du double de la moyenne nationale à 18,7%, tandis que l’accès à l’eau potable continue d’être un problème pour 31 communautés des Premières Nations à travers le pays.
David Meeches, Chef de la Première Nation de Long Plain, a souligné que la célébration culturelle et la défense politique doivent aller de pair. “Nos danses et nos chants nous renforcent pour les combats qui se poursuivent dans les tribunaux et les assemblées législatives,” a-t-il déclaré. “La résurgence culturelle et la souveraineté politique sont inséparables.”
Pour de nombreux participants, la journée a offert l’occasion de renouer avec des traditions que les pensionnats et les politiques d’assimilation ont tenté d’éradiquer. Melanie Courchene, âgée de vingt-sept ans, a amené ses enfants pour assister à la danse de la robe à clochettes pour la première fois.
“Ma grand-mère n’avait pas le droit de pratiquer ces traditions,” a expliqué Courchene. “Maintenant, mes enfants apprennent notre langue et nos danses dès la naissance. C’est ainsi que nous guérissons les traumatismes intergénérationnels—en réclamant notre identité.”
La célébration comprenait un accent particulier sur les langues autochtones, avec des ateliers offrant des introductions au cri, à l’ojibwé, au dakota et au michif. L’accent mis sur la préservation de la langue intervient alors que l’UNESCO rapporte que 75% des langues autochtones au Canada sont considérées comme en danger.
Le développement économique a également été mis en valeur à travers un marché d’entrepreneurs autochtones présentant plus de 40 entreprises appartenant à des Autochtones. Des recherches récentes du Conseil canadien pour le commerce autochtone indiquent que l’entrepreneuriat autochtone a augmenté de 23% depuis 2020, représentant l’un des secteurs d’activité à la croissance la plus rapide au Canada.
Au coucher du soleil, une danse en rond a réuni des participants autochtones et non autochtones dans un cercle symbolisant l’unité et l’humanité partagée. Cette image puissante a servi de rappel que, bien que la Journée nationale des peuples autochtones n’ait lieu qu’une fois par an, le travail de réconciliation et de revitalisation culturelle se poursuit quotidiennement dans les communautés à travers le pays.
Alors que le Canada approche de son 160e anniversaire, la question demeure: une nation construite sur des fondations coloniales peut-elle vraiment transformer sa relation avec les peuples originels de cette terre, ou les célébrations comme la Journée des peuples autochtones resteront-elles des gestes symboliques plutôt que des marqueurs de changement fondamental?