Le projet de loi C-5 sur l’exportation de viande au Canada pourrait compromettre les normes de l’industrie

Olivia Carter
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Alors que le Parlement reprend ses travaux après la pause estivale, une bataille émergente concernant les normes fédérales d’inspection des viandes menace d’opposer l’autonomie provinciale aux intérêts nationaux d’exportation. Le projet de loi C-5, présenté par le gouvernement libéral dans le cadre de son programme économique plus large, a suscité d’importantes préoccupations parmi les organismes de surveillance de l’industrie qui avertissent que les normes provinciales pourraient nuire à la réputation internationale soigneusement cultivée du Canada en matière d’excellence de la sécurité alimentaire.

La législation proposée vise à harmoniser le commerce interprovincial en reconnaissant les produits qui répondent aux normes d’une province comme acceptables dans toutes les autres. Bien que cette approche favorise ostensiblement l’efficacité économique, les experts de l’industrie de la viande ont tiré la sonnette d’alarme quant aux conséquences potentiellement dévastatrices pour le secteur canadien de l’exportation de viande, évalué à 8,5 milliards de dollars.

“Il ne s’agit pas simplement de différences réglementaires, mais de maintenir la référence d’excellence qui a fait des produits carnés canadiens des produits de confiance dans le monde entier”, explique Dr. Sylvia Hernandez, ancienne conseillère principale de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. “Une fois que nous commençons à accepter diverses normes provinciales pour le commerce interprovincial, nous créons un environnement réglementaire qui pourrait sérieusement compromettre notre position auprès des partenaires commerciaux internationaux.”

Les détails techniques du projet de loi C-5 ont créé des alignements politiques inhabituels. Des députés conservateurs de circonscriptions rurales comptant d’importants électeurs agricoles se sont retrouvés alignés avec des défenseurs de la sécurité alimentaire généralement associés à des causes progressistes. Cette alliance peu commune souligne la complexité de la question qui transcende les divisions partisanes traditionnelles.

Selon une analyse de l’industrie obtenue par CO24 Business, environ 70 % des produits carnés canadiens sont exportés vers des marchés aux exigences d’importation exceptionnellement strictes. Les États-Unis, le Japon et l’Union européenne – les plus grands partenaires commerciaux du Canada – ont clairement indiqué que tout affaiblissement perçu des normes nationales pourrait déclencher des restrictions immédiates à l’importation.

“La norme fédérale existe parce que nos clients internationaux l’exigent”, note Martin Lavoie, président du Conseil des viandes du Canada. “Créer différents niveaux de normes de sécurité à l’intérieur de nos frontières met en péril des décennies de travail pour établir la confiance avec nos partenaires mondiaux.”

Le gouvernement défend la législation comme une réponse aux obstacles commerciaux interprovinciaux de longue date qui ont entravé la croissance économique. Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a souligné que le projet de loi renforcerait l’économie canadienne tout en préservant les protocoles de sécurité essentiels.

“Nous avons soigneusement conçu cette législation pour équilibrer les opportunités économiques avec notre engagement inébranlable envers la sécurité alimentaire”, a déclaré Champagne durant la période des questions la semaine dernière. “Il n’y aura aucun compromis sur les normes qui ont fait des produits canadiens des produits respectés dans le monde entier.”

Cependant, les critiques soulignent des lacunes techniques spécifiques dans la législation. Actuellement, les installations inspectées au niveau fédéral doivent répondre à des normes complètes couvrant tout, du bien-être animal aux procédures détaillées de documentation des processus. Les normes provinciales, bien que généralement robustes, varient considérablement dans des domaines comme les exigences de traçabilité et les protocoles de test.

L’Agence canadienne d’inspection des aliments emploie plus de 720 vétérinaires et inspecteurs dédiés uniquement aux installations de viande, représentant un investissement fédéral substantiel pour maintenir la certification d’exportation. Ce système a résisté avec succès à l’examen international, y compris pendant les périodes de crise comme l’épidémie d’ESB (encéphalopathie spongiforme bovine) de 2003 qui a dévasté les exportations de bétail.

D’éminents économistes agricoles ont pesé dans le débat, beaucoup suggérant que les pertes économiques potentielles dues à des restrictions d’exportation, même temporaires, éclipseraient tous les gains résultant de la réduction des barrières commerciales interprovinciales. Dr. Eleanor Campbell, du Département d’économie agricole de l’Université de la Saskatchewan, estime qu’une restriction partielle des exportations de trois mois pourrait coûter à l’industrie plus de 1,2 milliard de dollars.

“Quand on regarde l’analyse risques-avantages, cette approche semble fondamentalement défectueuse”, explique Campbell. “Les gains marginaux en efficacité interprovinciale ne justifient tout simplement pas de risquer l’accès aux marchés qui représentent plus des deux tiers des revenus de l’industrie.”

Alors que le projet de loi passe par les comités parlementaires, les représentants de l’industrie font pression pour des exemptions spécifiques aux produits carnés. Leurs amendements proposés maintiendraient les exigences actuelles d’inspection fédérale pour tous les produits carnés, qu’ils soient destinés aux marchés interprovinciaux ou internationaux.

La controverse met en lumière l’équilibre délicat entre l’efficacité économique et le maintien des normes rigoureuses qui ont positionné favorablement les produits canadiens sur les marchés mondiaux compétitifs. Alors que le Parlement débat de cette législation dans les semaines à venir, la question fondamentale demeure : le Canada peut-il moderniser son cadre de commerce intérieur sans compromettre l’intégrité des systèmes qui ont si bien servi ses industries d’exportation?

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