Le parquet de la Bourse de Toronto est tombé momentanément silencieux lorsque les chiffres ont clignoté en rouge sur les écrans mercredi après-midi. L’indice de référence S&P/TSX du Canada a plongé de plus de 150 points, marquant l’une des baisses quotidiennes les plus marquées du trimestre, au milieu des inquiétudes croissantes concernant les vents contraires économiques mondiaux et l’incertitude des politiques nationales.
À la clôture, le TSX s’est établi à 24 867,39, en baisse de 157,82 points ou 0,63 pour cent, avec neuf des 11 principaux secteurs de l’indice affichant des pertes. Les actions énergétiques ont mené la spirale descendante, chutant de 2,1 pour cent alors que les prix internationaux du pétrole brut sont retombés sous les 82 dollars le baril suite à des augmentations imprévues des stocks américains.
“Ce que nous voyons aujourd’hui est un parfait mélange de pressions externes et de recalibrage interne du marché,” a déclaré Michael Hartnett, stratège en chef des investissements chez RBC Marchés des Capitaux. “Les producteurs d’énergie canadiens sont particulièrement vulnérables à la volatilité actuelle des prix des matières premières, surtout avec l’incertitude entourant les décisions de production de l’OPEP+ attendues la semaine prochaine.”
Le secteur des matériaux, fortement pondéré en sociétés minières, a suivi de près avec une baisse de 1,8 pour cent. Les producteurs d’or ont fait face à une pression particulière alors que le prix du métal précieux est tombé sous les 2 750 dollars l’once après trois séances consécutives de gains. Les actions de Barrick Gold Corporation ont chuté de 2,3 pour cent tandis que celles d’Agnico Eagle Mines ont baissé de 3,1 pour cent.
Pendant ce temps, au sud de la frontière, les marchés américains ont affiché des résultats mitigés. Le Dow Jones Industrial Average a gagné un modeste 0,3 pour cent pour clôturer à 41 356,27, tandis que l’indice S&P 500 a terminé essentiellement stable, en baisse de seulement 0,1 pour cent. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a complètement inversé la tendance générale, grimpant de 0,7 pour cent grâce à la force des actions de semi-conducteurs suite aux prévisions de bénéfices positives des leaders de l’industrie.
La divergence entre les performances des marchés canadien et américain souligne la déconnexion économique croissante entre les deux voisins nord-américains. Alors que la Réserve fédérale américaine a signalé d’éventuelles baisses de taux plus tard cette année, la Banque du Canada fait face à un environnement inflationniste plus complexe, selon une récente analyse de CO24 Affaires.
“Les investisseurs canadiens sont de plus en plus préoccupés par la capacité de la Banque du Canada à naviguer dans l’inflation tout en soutenant la croissance économique,” a expliqué Sophia Chen, économiste principale chez Valeurs Mobilières TD. “Le mouvement du marché d’aujourd’hui reflète un pessimisme croissant quant à la résilience économique du Canada par rapport à son voisin du sud.”
Le secteur financier, qui représente environ 30 pour cent de la pondération du TSX, a reculé de 0,4 pour cent. Les principales banques canadiennes ont subi des pressions après que Moody’s ait ajusté ses perspectives pour le secteur, citant des préoccupations concernant les niveaux d’endettement des ménages et le potentiel d’augmentation des défauts de paiement si les conditions économiques se détériorent davantage.
Cependant, tous les secteurs n’ont pas affiché des pertes. Les actions technologiques ont montré une résilience remarquable, gagnant collectivement 1,2 pour cent. Shopify Inc., le géant canadien du commerce électronique, a progressé de 3,4 pour cent après avoir annoncé des solutions de paiement internationales élargies et des ajouts de marchands au deuxième trimestre supérieurs aux attentes.
Le secteur des services publics a également terminé en territoire positif, en hausse de 0,3 pour cent, les investisseurs cherchant des positions défensives au milieu des turbulences plus larges du marché. Comme rapporté par CO24 Actualités, plusieurs grands projets d’infrastructure ont reçu l’approbation réglementaire cette semaine, stimulant le sentiment pour les entreprises dans le domaine des énergies renouvelables.
Le volume des échanges était notablement plus élevé que la moyenne des 90 jours, avec plus de 325 millions d’actions changeant de mains à la Bourse de Toronto. L’ampleur du marché était résolument négative, les titres en baisse dépassant les titres en hausse dans un rapport de près de 3 contre 1.
Pour l’avenir, les analystes restent prudents quant aux perspectives à court terme du TSX. “Les prochaines séances de négociation seront cruciales pour déterminer s’il s’agit d’un recul temporaire ou du début d’une correction plus substantielle,” a noté Jennifer Patterson, gestionnaire de portefeuille chez BMO Gestion mondiale d’actifs. “Les investisseurs devraient porter une attention particulière aux chiffres du PIB canadien de vendredi et aux données sur l’emploi de la semaine prochaine pour des signaux sur la trajectoire économique plus large.”
Alors que le Canada navigue dans cette période de volatilité du marché, la question demeure de savoir si le ralentissement actuel représente une opportunité d’achat ou un signe avant-coureur de conditions économiques plus difficiles à venir. Pour les investisseurs qui surveillent chaque mouvement du TSX, la réponse pourrait se trouver non seulement dans les chiffres, mais aussi dans les récits économiques plus larges qui se déroulent dans les paysages nationaux et internationaux.