Dans une évaluation révélatrice qui apporte à la fois soulagement et préoccupation continue au paysage démocratique du Canada, les responsables fédéraux du renseignement ont conclu que, bien que des tentatives d’ingérence étrangère aient eu lieu durant les élections fédérales de 2025, aucune preuve n’indique que ces efforts ont significativement affecté les résultats finaux. Cette détermination survient après des mois de surveillance intensive et d’analyse par le nouveau comité de surveillance de l’intégrité électorale du Canada, formé en réponse aux préoccupations croissantes concernant l’ingérence internationale dans les processus démocratiques à l’échelle mondiale.
“Nous avons détecté des tentatives sophistiquées d’influencer le processus électoral par divers canaux, mais notre analyse indique que ces activités n’ont finalement pas compromis l’intégrité du résultat électoral,” a déclaré la conseillère en sécurité nationale Caroline Fraser lors d’un point de presse hier à Ottawa. “Cela dit, ces tentatives représentent une escalade inquiétante des tactiques par rapport aux cycles électoraux précédents.”
Le rapport de 187 pages du comité, publié mardi, détaille comment des acteurs étrangers—principalement liés à la Chine, la Russie et l’Iran—ont déployé des approches à multiples facettes ciblant les électeurs canadiens via la manipulation des médias sociaux, des campagnes de désinformation et des tentatives d’influence sur certains candidats politiques. Le rapport souligne particulièrement les efforts accrus pour exploiter les divisions sur des sujets controversés comme l’immigration, la politique environnementale et les relations économiques avec les États-Unis.
Les responsables du renseignement ont identifié plus de 300 cas de comportements inauthentiques coordonnés sur les principales plateformes sociales, le contenu généré par intelligence artificielle émergeant comme une menace particulièrement difficile. Ces campagnes visaient principalement à amplifier les tensions sociétales existantes plutôt qu’à promouvoir des résultats électoraux spécifiques.
“Ce que nous observons représente une évolution des tactiques d’ingérence étrangère,” a expliqué Dr. Melissa Trudeau, experte en cybersécurité à l’Université de Toronto. “Plutôt que de soutenir des candidats spécifiques, ces opérations se sont concentrées sur la fragilisation de la confiance des Canadiens envers les institutions démocratiques et l’exacerbation de la polarisation—des objectifs qui dépassent tout cycle électoral unique.”
Le rapport survient dans un contexte d’inquiétudes croissantes concernant la vulnérabilité du Canada aux opérations d’influence internationale. L’établissement l’an dernier de la Commission d’intégrité électorale représentait la réponse institutionnelle la plus significative à l’ingérence étrangère depuis l’émergence des premières allégations suite aux élections fédérales de 2019.
Le premier ministre Justin Trudeau a accueilli favorablement les conclusions mais a souligné la nécessité d’une vigilance continue : “Bien que nous puissions trouver un certain réconfort en sachant que notre résultat électoral est resté sécurisé, ce rapport confirme ce que nous soupçonnions depuis longtemps—que le Canada demeure une cible pour ceux qui cherchent à miner nos processus démocratiques.”
Les chefs de l’opposition ont offert des réponses mesurées au rapport. Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre a appelé à des sanctions plus sévères contre les pays engagés dans des activités d’ingérence, tandis que le chef du NPD Jagmeet Singh a souligné la nécessité d’une plus grande transparence concernant le financement politique et l’influence étrangère.
Le rapport fait plusieurs recommandations pour renforcer les défenses du Canada contre les futures ingérences, notamment une coordination améliorée entre les agences de renseignement, des investissements accrus dans les programmes d’alphabétisation numérique, et des pouvoirs élargis pour Élections Canada afin de surveiller et répondre aux campagnes de désinformation.
Les observateurs internationaux notent que l’expérience du Canada reflète une tendance mondiale d’opérations d’ingérence de plus en plus sophistiquées ciblant les élections démocratiques. Des tentatives similaires ont été documentées lors d’élections récentes en Europe, en Australie et aux États-Unis.
Alors que le Canada navigue dans ce paysage évolutif de menaces envers ses institutions démocratiques, une question cruciale émerge : dans une ère où la guerre de l’information devient de plus en plus sophistiquée et le contenu généré par IA presque indiscernable des communications authentiques, comment les démocraties peuvent-elles efficacement protéger l’intégrité de leurs processus électoraux tout en préservant l’échange ouvert d’idées qui les définit?