Dans une affaire sans précédent qui met en lumière les préoccupations croissantes concernant la gestion immobilière non autorisée, un homme de Vancouver s’est vu infliger une amende colossale de 80 000 $ pour avoir exercé sans les accréditations nécessaires. La décision, annoncée hier par l’Autorité des services financiers de la Colombie-Britannique (BCFSA), envoie un message clair à ceux qui tentent de contourner les exigences réglementaires dans le secteur immobilier lucratif de la province.
Michael Chen, 42 ans, a été reconnu coupable d’avoir géré environ 15 propriétés résidentielles dans la région du Grand Vancouver entre 2022 et 2025 sans détenir le permis obligatoire requis par la réglementation provinciale. Selon les enquêteurs de la BCFSA, Chen percevait les loyers, coordonnait les réparations et négociait les contrats de location tout en se présentant comme un gestionnaire immobilier légitime auprès des propriétaires et locataires qui ne se doutaient de rien.
“Cette affaire représente l’une des plus importantes pénalités que nous ayons imposées pour des activités de gestion immobilière non autorisées ces dernières années”, a déclaré Elizabeth Murray, directrice de l’application de la loi à la BCFSA. “Le montant de l’amende reflète à la fois la durée des infractions et le nombre de propriétés concernées.”
L’enquête a débuté suite aux plaintes de plusieurs locataires qui signalaient des problèmes d’entretien non résolus et une mauvaise gestion des dépôts de garantie. L’enquête a révélé que Chen avait précédemment demandé une licence mais avait continué à exercer après le rejet de sa demande en raison de qualifications insuffisantes.
Les experts immobiliers notent que cette affaire survient dans un contexte de défis persistants en matière de logement au Canada, où la gestion appropriée des propriétés locatives est de plus en plus cruciale. “Les gestionnaires immobiliers agréés sont liés par un code d’éthique et des normes professionnelles”, explique Dr. Sarah Teng, chercheuse en politique du logement à l’Université de la Colombie-Britannique. “Lorsque des personnes non autorisées opèrent dans ce domaine, il n’existe aucun mécanisme de responsabilisation pour protéger les consommateurs contre d’éventuelles malversations.”
En Colombie-Britannique, la réglementation sur la gestion immobilière exige que les individus complètent des formations spécifiques, passent des vérifications d’antécédents et maintiennent une assurance professionnelle avant de pouvoir légalement gérer des propriétés pour le compte de propriétaires. Ces garanties visent à protéger à la fois les propriétaires et les locataires contre la mauvaise gestion financière et la négligence.
Le Conseil immobilier de la Colombie-Britannique estime que les activités de gestion immobilière non autorisées coûtent aux entreprises légitimes des millions en revenus perdus chaque année tout en exposant les consommateurs à des risques importants. Au cours du dernier exercice financier, la province a imposé plus de 350 000 $ d’amendes liées à des activités de gestion immobilière non autorisées.
Chen dispose de 30 jours pour faire appel de la décision mais sera interdit de se livrer à toute activité de gestion immobilière pendant cette période. De plus, il devra compléter un programme de conformité avant que toute demande de licence future ne soit considérée.
Pour le marché locatif de Vancouver, déjà sous pression en raison d’une offre limitée et de préoccupations d’abordabilité, cette mesure d’application souligne l’importance d’une surveillance adéquate. “Lors de la sélection d’un gestionnaire immobilier, les propriétaires devraient toujours vérifier le statut de la licence via le registre BCFSA”, conseille Priya Singh, présidente de l’Association des propriétaires de Vancouver. “Cette simple étape peut prévenir d’importants maux de tête à l’avenir.”
Alors que les politiques de logement continuent d’évoluer dans les municipalités canadiennes, la question demeure : les mesures d’application accrues comme celle-ci seront-elles suffisantes pour dissuader les opérateurs non autorisés, ou le système nécessite-t-il des réformes fondamentales pour mieux protéger le public contre ceux qui opèrent dans l’ombre de l’industrie immobilière?