Alors que les températures estivales atteignent des sommets sans précédent dans l’ensemble du Canada atlantique, des groupes de défense intensifient leur pression sur le gouvernement du Nouveau-Brunswick pour établir un financement essentiel destiné aux systèmes de climatisation dans les foyers à faible revenu—une mesure qu’ils considèrent désormais comme une question de vie ou de mort plutôt qu’un simple confort.
“Nous constatons de plus en plus que la chaleur extrême est un tueur silencieux, particulièrement pour nos populations les plus vulnérables,” affirme Marilyn LeBlanc, directrice générale d’Alternatives en logement Nouveau-Brunswick. “Lorsque les températures dépassent les 30 degrés pendant plusieurs jours consécutifs, ceux qui n’ont pas accès à des systèmes de climatisation font face à de véritables risques pour leur santé que beaucoup d’entre nous prenons pour acquis de pouvoir éviter.”
Cet appel à l’action survient après trois étés consécutifs de vagues de chaleur record dans la province, les climatologues prévoyant que cette tendance non seulement se poursuivra mais s’intensifiera. La coalition, qui comprend des groupes de réduction de la pauvreté, des organisations de soins aux aînés et des défenseurs de la santé publique, cite des programmes déjà établis dans les provinces voisines comme modèles viables.
La Nouvelle-Écosse a mis en œuvre une initiative similaire l’année dernière qui offre aux ménages admissibles jusqu’à 750 $ pour l’achat et l’installation de climatiseurs. Le programme cible spécifiquement les aînés, les personnes handicapées et les familles avec jeunes enfants—populations les plus vulnérables aux maladies liées à la chaleur.
Dr. James Harrington, chercheur en santé climatique à l’Université du Nouveau-Brunswick, souligne l’évolution de la réalité de notre climat nordique. “Il y a eu une incompréhension fondamentale dans la politique canadienne selon laquelle notre préoccupation principale est de garder les gens au chaud, pas au frais. Le changement climatique a radicalement modifié cette équation, et nos infrastructures et systèmes de soutien n’ont pas suivi cette nouvelle réalité.”
L’équipe de CO24 News a enquêté dans plusieurs complexes d’appartements à Fredericton, Saint John et Moncton, découvrant que moins de 40% des logements locatifs dans les immeubles construits avant 2000 disposent de climatisation centrale, tandis que les appareils de fenêtre demeurent un luxe coûteux pour de nombreux locataires.
Les défenseurs du logement soulignent que de nombreux contrats de location interdisent les appareils de fenêtre sans autorisation spéciale ou frais supplémentaires, créant un obstacle supplémentaire pour les locataires. Aggravant le problème, les coûts d’électricité au Nouveau-Brunswick ont augmenté d’environ 8% au cours des deux dernières années, rendant l’utilisation des systèmes de climatisation de plus en plus inabordable pour ceux qui sont déjà en difficulté financière.
Le ministère du Développement social provincial a accusé réception de la proposition mais ne s’est pas encore engagé dans un nouveau programme. Un porte-parole a indiqué que les programmes d’efficacité énergétique existants offrent un certain soulagement, bien que les critiques notent que ces programmes se concentrent principalement sur les besoins de chauffage plutôt que de climatisation.
“Il ne s’agit pas de confort—c’est une question de survie,” déclare Patricia Doherty, infirmière à la retraite qui fait du bénévolat auprès des aînés dans le nord de Moncton. “J’ai personnellement vu des personnes âgées souffrir dans des appartements qui atteignent plus de 35 degrés à l’intérieur. Quand on vit avec un revenu fixe de 1 500 $ par mois et que le loyer en prend la majorité, comment peut-on se permettre un climatiseur?”
Les implications économiques s’étendent au-delà des ménages individuels, selon l’analyse de CO24 Business. Les admissions hospitalières liées à la chaleur pendant les périodes de températures extrêmes ont augmenté de 23% au cours des cinq dernières années, exerçant une pression supplémentaire sur le système de santé déjà surchargé du Nouveau-Brunswick.
Pour Gérald MacIntosh, 68 ans, résident de Fredericton, la question est douloureusement personnelle. “L’été dernier, j’ai dû emmener ma femme aux urgences deux fois pour épuisement par la chaleur. Nous avons économisé pendant des mois pour acheter un petit appareil pour notre chambre, mais nous ne pouvons le faire fonctionner que la nuit à cause de la facture d’électricité. Pendant la journée, nous endurons simplement.”
La proposition de la coalition suggère une approche à deux niveaux: des subventions directes pour l’achat d’équipements de climatisation et une aide supplémentaire pour les factures d’électricité pendant les mois d’été les plus chauds. Ils estiment que le programme nécessiterait environ 4,2 millions de dollars annuellement pour servir les quelque 12 000 ménages les plus dans le besoin.
Alors que le changement climatique continue de redéfinir notre compréhension des services essentiels, la question demeure: le Nouveau-Brunswick reconnaîtra-t-il la climatisation comme un besoin fondamental pour la santé et la sécurité, ou continuera-t-elle d’être traitée comme un luxe hors de portée pour ceux qui en ont le plus besoin?