Dans un développement surprenant qui menace d’aggraver les relations déjà tendues entre l’Inde et le Canada, des documents judiciaires américains récemment dévoilés révèlent que l’agence de renseignement extérieur de l’Inde aurait recruté un homme d’affaires indien pour orchestrer l’assassinat d’un activiste sikh canadien sur le sol canadien.
Les documents, déposés devant un tribunal fédéral de New York, détaillent comment le Research and Analysis Wing (RAW) de l’Inde a approché l’homme d’affaires Vikash Yadav avec un complot d’assassinat visant Gurpatwant Singh Pannun, un leader séparatiste sikh éminent qui possède la double citoyenneté américano-canadienne. Selon les procureurs, Yadav aurait reçu l’instruction d’organiser le meurtre de Pannun en échange de l’abandon des accusations criminelles contre lui en Inde et d’une compensation financière pouvant atteindre 200 000 $.
“La cible se livre à des activités anti-indiennes”, aurait dit à Yadav un responsable du gouvernement indien identifié dans les documents judiciaires comme CC-1. “C’est mieux d’en finir avec lui.”
Cette révélation ajoute de la crédibilité aux allégations formulées par le premier ministre canadien Justin Trudeau en septembre dernier, lorsqu’il a publiquement suggéré que des agents du gouvernement indien étaient impliqués dans l’assassinat d’un autre activiste sikh, Hardeep Singh Nijjar, en Colombie-Britannique. À l’époque, l’Inde avait vigoureusement nié ces allégations, les qualifiant d'”absurdes” et expulsant des diplomates canadiens en représailles.
L’enquête du département américain de la Justice a mis au jour ce qui semble être un modèle de violence parrainée par l’État contre des critiques de la diaspora. Les enquêteurs ont découvert des preuves montrant que des responsables du RAW ont fourni à Yadav des informations détaillées de surveillance sur les déplacements et les habitudes de Pannun à New York, y compris des photographies de sa résidence et des instructions spécifiques sur la méthode d’exécution.
Des experts en sécurité ont noté que de telles opérations présumées représentent une violation importante des normes internationales. Dr. Jocelyn Coulon, chercheur au Centre d’études internationales de l’Université de Montréal, a déclaré à CO24 World News que “ces actions, si elles s’avèrent vraies, constituent une grave violation de la souveraineté des États et du droit international qui va au-delà des activités d’espionnage traditionnelles.”
Les retombées diplomatiques ont été rapides. Le ministre canadien des Affaires étrangères a convoqué le haut-commissaire de l’Inde pour des consultations urgentes, tandis que la sécurité des activistes sikhs éminents à travers l’Amérique du Nord a été renforcée. Les relations économiques entre les deux pays, qui comprennent plus de 11 milliards de dollars d’échanges commerciaux annuels, font maintenant face à une incertitude croissante.
Pour la communauté sikhe du Canada, qui compte environ 770 000 personnes et représente l’une des plus grandes populations sikhes hors de l’Inde, ces révélations ont accentué les préoccupations concernant leur sécurité et leur liberté d’expression. Les leaders communautaires ont appelé à des protections plus fortes contre l’ingérence étrangère et la répression transnationale.
“Cette affaire démontre les défis permanents d’équilibrer les relations diplomatiques avec le devoir fondamental de protéger les citoyens contre les menaces étrangères”, a noté l’ancienne analyste du SCRS Stephanie Carvin dans une entrevue avec CO24 Canada News.
Le gouvernement indien a répondu aux documents judiciaires américains en établissant un comité d’enquête de haut niveau pour examiner les allégations, tout en maintenant que de telles opérations représenteraient des actions d'”éléments voyous” plutôt qu’une politique officielle.
Alors que les enquêtes se poursuivent des deux côtés de la frontière, la question centrale demeure: comment les nations démocratiques devraient-elles réagir lorsque des preuves suggèrent que des gouvernements étrangers ciblent des dissidents à l’intérieur de leurs frontières, et quel prix diplomatique devrait être payé pour de telles violations présumées de la souveraineté?