La silhouette iconique de Toronto pourrait bientôt devenir le théâtre d’un conflit de travail alors que les employés de la Tour CN ont voté massivement en faveur d’une grève qui pourrait débuter dès le week-end de la fête du Canada, perturbant potentiellement les célébrations à l’un des monuments les plus reconnaissables du pays.
Près de 300 employés représentés par la section locale 175 des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) ont approuvé le mandat de grève à un pourcentage stupéfiant de 99 % vendredi, signalant une profonde insatisfaction quant à leurs conditions de travail actuelles. Ces travailleurs—comprenant tous les postes, des agents de sécurité aux opérateurs d’ascenseurs, en passant par le personnel d’entretien et les serveurs du restaurant de la tour—pourraient débrayer dès le samedi 29 juin, précisément au moment où des milliers de visiteurs affluent habituellement vers l’attraction pour les célébrations de la fête du Canada.
“Le moment ne pourrait être plus critique pour les deux parties,” explique la Dre Sandra Martinez, experte en relations de travail de l’Université Ryerson. “La fête du Canada représente l’une des périodes les plus achalandées et les plus rentables pour la Tour CN, donnant aux travailleurs un levier important dans les négociations.”
Au cœur du différend se trouvent des demandes pour de meilleurs salaires, avantages sociaux et horaires plus prévisibles. Selon les représentants syndicaux, de nombreux employés de la Tour CN ont dû composer avec des horaires irréguliers et une rémunération qui n’a pas suivi le rythme du coût de la vie en hausse à Toronto, où les prix des loyers ont augmenté de près de 15 % au cours de la dernière année seulement.
“Ces travailleurs assurent le bon fonctionnement quotidien de l’une des principales attractions touristiques du Canada,” a déclaré Tim Deelstra, porte-parole des TUAC section locale 175, dans un communiqué. “Ils méritent une rémunération équitable et des conditions de travail qui reflètent leur contribution au succès de ce monument national.”
La Société immobilière du Canada, qui exploite la Tour CN, a maintenu qu’elle s’engage à parvenir à une entente équitable par le processus de négociation collective. Leur porte-parole, Jennifer Davidson, a souligné que des plans d’urgence sont en cours d’élaboration pour minimiser les perturbations pour les visiteurs si une grève devait se matérialiser.
“Nous gardons espoir qu’une entente puisse être conclue avant toute interruption de service,” a noté Davidson. “La Tour CN accueille des visiteurs depuis près de cinq décennies, et nous comprenons son importance pour le paysage touristique du Canada, particulièrement durant les célébrations nationales.”
Les analystes de l’industrie touristique estiment qu’une grève pendant le week-end de la fête du Canada pourrait affecter des milliers de visiteurs et entraîner des pertes financières importantes non seulement pour la tour, mais aussi pour les commerces environnants qui bénéficient du trafic touristique. La Tour CN accueille typiquement environ 1,5 million de visiteurs annuellement, les week-ends fériés représentant des périodes de pointe.
Les responsables municipaux suivent la situation de près, préoccupés par les effets d’entraînement potentiels dans le centre-ville de Toronto si l’une de ses principales attractions devient inaccessible pendant un jour férié majeur. L’expérience EdgeWalk de la tour et le restaurant tournant 360 sont particulièrement populaires pendant les mois d’été et les week-ends fériés.
Des négociations menées par un médiateur entre la direction et les représentants syndicaux sont prévues tout au long du week-end, les deux parties exprimant le désir d’éviter toute perturbation des festivités de la fête du Canada. Cependant, aucune des parties n’a indiqué de mouvement significatif vers un compromis sur les questions fondamentales.
Pour les visiteurs qui ont déjà acheté des billets pour le week-end de la fête du Canada, l’incertitude plane. La Société immobilière du Canada n’a pas encore annoncé de politiques spécifiques concernant les remboursements potentiels ou les options de report, ajoutant une autre couche de complexité à la situation.
Alors que le Canada se prépare à célébrer son 157e anniversaire, la question demeure: l’un des symboles les plus photographiés de la réussite canadienne deviendra-t-il plutôt un symbole des tensions croissantes du travail dans une économie post-pandémique où les travailleurs exigent de plus en plus de meilleures conditions? Les jours à venir pourraient s’avérer décisifs non seulement pour les employés de la Tour CN, mais aussi pour notre compréhension de la relation changeante entre les institutions emblématiques et les travailleurs qui les font vivre.