Des drapeaux arc-en-ciel ont flotté dans tout le centre-ville de Toronto dimanche alors que des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour l’emblématique défilé de la Fierté, marquant l’apogée d’un mois de célébrations de la communauté LGBTQ2S+. Le cortège vibrant a serpentéà travers les rues dans une explosion de couleurs, de musique et d’appels passionnés à poursuivre les progrès en matière d’égalité.
“Ce n’est pas seulement une célébration—c’est une affirmation que nous existons, que nous avons notre place et que nous ne partirons pas,” a déclaré Marina Chen, une participante qui assiste à la Fierté de Toronto depuis plus d’une décennie. “L’énergie aujourd’hui est particulièrement puissante après des années de restrictions liées à la pandémie.”
Le défilé, qui a débuté à l’intersection des rues Church et Bloor avant de descendre la rue Yonge jusqu’à Dundas Square, a réuni plus de 300 groupes, dont des organismes communautaires, des commanditaires et des délégations politiques. La mairesse Olivia Chow a défilé aux côtés des conseillers municipaux, tandis que des représentants fédéraux et provinciaux ont manifesté leur soutien, soulignant l’importance politique de l’événement.
Les festivités de cette année revêtaient une signification particulière suite aux récents défis législatifs concernant les droits LGBTQ2S+ dans diverses juridictions à travers l’Amérique du Nord. De nombreux participants portaient des pancartes abordant ces préoccupations, avec des messages axés sur la protection des droits des personnes transgenres et l’opposition aux lois discriminatoires.
“Nous assistons à des attaques sans précédent contre notre communauté dans des endroits que nous pensions autrefois sûrs,” a expliqué Jordan Williams, directeur exécutif de l’Alliance de la Fierté de Toronto. “C’est pourquoi ce défilé n’est pas seulement une célébration—c’est un acte de solidarité et de résistance.”
L’impact économique de la Fierté ne peut être négligé. Selon les analystes économiques, les activités du Mois de la Fierté génèrent environ 650 millions de dollars pour l’économie torontoise, offrant un coup de pouce significatif aux secteurs de l’hôtellerie, du commerce de détail et du divertissement encore en convalescence après les pertes dues à la pandémie.
“Le week-end de la Fierté est notre période la plus achalandée de l’année, doublant généralement nos revenus habituels,” a déclaré Elena Martinez, propriétaire d’un restaurant dans le Village Church-Wellesley. “Mais au-delà des avantages commerciaux, nous sommes fiers de créer un espace où tout le monde se sent bienvenu.”
La sécurité est restée renforcée tout au long du week-end après la marche des lesbiennes samedi et la marche des personnes trans vendredi, la police de Toronto maintenant une présence visible tout en respectant la politique du défilé limitant la participation des agents en uniforme. Ce protocole, établi en 2017, continue d’évoluer dans le cadre des discussions en cours sur les relations entre la police et la communauté.
Malgré quelques averses, le défilé s’est déroulé sans incidents majeurs, se terminant à Dundas Square où les célébrations se sont poursuivies jusque tard dans la soirée. La zone du festival le long de la rue Church est restée bondée de fêtards profitant des spectacles, des stands de nourriture et des kiosques communautaires.
Pour les nouveaux arrivants au Canada vivant leur première Fierté, le défilé a offert l’occasion de témoigner de l’engagement du pays envers l’inclusivité. “Dans mon pays d’origine, cela serait impossible,” a confié Rafael Moreno, arrivé à Toronto comme réfugié l’an dernier. “Voir des milliers de personnes célébrer ensemble me donne espoir pour l’avenir.”
Alors que les festivités s’achèvent et que le nettoyage commence, des questions persistent sur la façon de maintenir l’élan pour les droits LGBTQ2S+ au-delà de ce week-end coloré. Face aux défis persistants pour l’égalité tant au pays qu’à l’étranger, comment l’esprit de la Fierté se traduira-t-il en actions concrètes tout au long de l’année?
