Les barrières commerciales interprovinciales au Canada retardent les objectifs de libre-échange interne

Olivia Carter
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Dans un pays qui se targue d’ouverture économique, le paysage commercial intérieur du Canada raconte une histoire radicalement différente. Près de sept ans après que les dirigeants provinciaux et territoriaux se soient ambitieusement engagés à démanteler les barrières commerciales interprovinciales, les progrès restent désespérément lents, les entreprises continuant à naviguer dans un labyrinthe de différences réglementaires qui fragmentent notre marché national.

L’Accord de libre-échange canadien (ALEC) de 2017 a été salué comme un moment décisif pour le commerce intérieur. Les dirigeants se sont unis dans leur engagement à harmoniser les réglementations et à éliminer les obstacles qui coûtent des milliards à l’économie canadienne chaque année. Cependant, alors qu’une autre fête du Canada passe, la promesse d’un commerce sans entraves d’un océan à l’autre reste largement non tenue.

“Nous avons constaté quelques améliorations progressives, mais le rythme du changement est bien en deçà de ce dont les entreprises ont besoin pour être concurrentielles”, explique Patricia Goff, professeure de sciences politiques à l’Université Wilfrid Laurier. “Beaucoup des obstacles les plus importants restent fermement en place.”

L’impact économique est considérable. Selon Statistique Canada, les barrières commerciales interprovinciales réduisent le PIB d’environ 90 milliards de dollars par an, soit l’équivalent de 2 400 dollars par Canadien. Ces barrières se manifestent sous diverses formes : réglementations différentes pour le camionnage, exigences incohérentes en matière de licences professionnelles, et monopoles provinciaux sur l’alcool qui restreignent l’accès au marché.

Le secteur des transports illustre parfaitement ces défis. Les camions traversant les frontières provinciales doivent souvent composer avec des restrictions de poids, des exigences dimensionnelles et des normes de sécurité variables. Un véhicule conforme en Ontario peut nécessiter des modifications pour fonctionner légalement au Manitoba ou au Québec, créant des inefficacités qui finissent par augmenter les prix à la consommation.

Les licences professionnelles présentent un autre obstacle majeur. Une infirmière, un enseignant ou un électricien certifié en Nouvelle-Écosse peut faire face à d’importants obstacles réglementaires lors d’un déménagement en Alberta, malgré l’exercice de la même profession. Bien que certains progrès aient été réalisés grâce à des accords de reconnaissance mutuelle, de nombreuses professions restent cloisonnées dans les frontières provinciales.

La pandémie de COVID-19 a brièvement accéléré la coopération, avec des mesures d’urgence suspendant temporairement certaines restrictions. Plusieurs provinces ont permis aux professionnels de la santé d’autres provinces d’exercer sans licence supplémentaire, démontrant qu’une flexibilité réglementaire est effectivement possible lorsque la volonté politique existe.

Trevor Tombe, professeur d’économie à l’Université de Calgary et chercheur de premier plan sur le commerce intérieur, note : “La pandémie nous a montré que de nombreuses barrières ne sont pas aussi essentielles qu’on le prétendait auparavant. Face à une crise, les provinces ont trouvé des moyens de coopérer qui avaient été jugés impossibles en temps normal.”

Le gouvernement fédéral a tenté de catalyser les progrès par des incitations financières et des efforts de coordination. En 2021, Ottawa a établi une Table de conciliation et de coopération en matière de réglementation dotée de 21 millions de dollars visant à harmoniser les normes entre juridictions. Cependant, son efficacité reste limitée par la nature volontaire de la participation provinciale.

Le protectionnisme provincial continue de saper toute réforme significative. Les préférences d’approvisionnement local, bien que politiquement populaires, restreignent la concurrence et font grimper les coûts des projets publics. De même, les systèmes de gestion de l’offre agricole et les monopoles provinciaux sur les alcools restent largement intacts malgré des preuves économiques claires suggérant des avantages substantiels à la libéralisation.

Quelques points positifs existent. La Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba ont formé le Partenariat commercial du Nouveau-Ouest, créant un marché plus intégré dans l’Ouest canadien. Cette approche régionale a démontré qu’une intégration économique plus profonde est réalisable lorsque le leadership politique s’aligne sur le pragmatisme économique.

Les services numériques représentent un autre domaine de progrès. Les services professionnels fonctionnent de plus en plus à travers les frontières provinciales via des plateformes numériques, contournant les barrières réglementaires traditionnelles. Cette solution technologique contournant les règles obsolètes pourrait finalement forcer la modernisation des politiques à mesure que le commerce numérique continue de se développer.

Alors que le Canada navigue dans la reprise économique et les incertitudes du commerce mondial, la persistance des barrières internes semble de plus en plus contre-productive. Avec une population vieillissante et des défis de productivité, l’élimination de ces inefficacités représente une rare opportunité de stimuler la performance économique sans nécessiter de dépenses gouvernementales supplémentaires.

La voie à suivre exige un engagement politique soutenu au-delà des cycles électoraux et des annonces tapageuses. Des progrès significatifs exigeront que les dirigeants provinciaux privilégient les intérêts économiques nationaux par rapport aux considérations régionales à court terme—une proposition difficile dans une fédération où l’autonomie provinciale est farouchement défendue.

Alors que les Canadiens réfléchissent à notre avenir économique, nous devons affronter une question difficile : dans un monde où la concurrence mondiale s’intensifie chaque jour, pouvons-nous nous permettre de maintenir des barrières artificielles à l’intérieur de nos propres frontières, ou allons-nous enfin réaliser la promesse d’un marché canadien véritablement uni?

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