Une percée qui pourrait transformer les approches de traitement pour des millions de patients : de nouvelles recherches suggèrent que les agonistes des récepteurs du GLP-1 comme l’Ozempic et le Wegovy – des médicaments qui ont gagné en popularité pour le traitement du diabète de type 2 et de l’obésité – pourraient également offrir des avantages significatifs aux personnes atteintes de diabète de type 1. Cette découverte remet en question la séparation traditionnelle entre les protocoles de traitement des deux formes de diabète.
L’étude, publiée dans le New England Journal of Medicine, a suivi 208 adultes atteints de diabète de type 1 qui ont été assignés aléatoirement à recevoir soit une injection hebdomadaire de sémaglutide (l’ingrédient actif de l’Ozempic) soit un placebo pendant 52 semaines. Les deux groupes ont poursuivi leur traitement à l’insuline tout au long de l’essai.
“Ce que nous avons observé représente un changement de paradigme potentiel dans la gestion du diabète de type 1,” a déclaré Dr Paresh Dandona, auteur principal de l’étude et professeur de médecine à l’Université de Buffalo. “Ces médicaments semblent fonctionner par des mécanismes qui complètent l’insulinothérapie plutôt que de la remplacer.”
Les résultats étaient frappants : les participants recevant du sémaglutide ont obtenu un meilleur contrôle glycémique avec une réduction moyenne des niveaux d’HbA1c de 0,5 point de pourcentage par rapport au groupe placebo. Plus significatif encore, ils ont nécessité environ 15 % moins d’insuline quotidienne et ont connu moins d’épisodes d’hypoglycémie sévère – une condition dangereuse où la glycémie chute à des niveaux critiquement bas.
Pour contexte, le diabète de type 1 est une maladie auto-immune où le système immunitaire détruit les cellules productrices d’insuline dans le pancréas. Contrairement au diabète de type 2, souvent associé à des facteurs liés au mode de vie et à la résistance à l’insuline, le type 1 a traditionnellement été traité exclusivement par insulinothérapie depuis sa découverte en 1921.
Les mécanismes à l’origine de ces bienfaits semblent multiples. Les agonistes du GLP-1 ralentissent la vidange gastrique, ce qui aide à modérer les pics de glycémie après les repas. Ils semblent également réduire la production de glucagon – une hormone qui élève la glycémie – et pourraient avoir des effets anti-inflammatoires bénéfiques pour les cellules productrices d’insuline restantes chez les personnes atteintes de diabète de type 1.
La perte de poids était un autre avantage notable observé dans l’étude. Les participants recevant du sémaglutide ont perdu en moyenne 4,3 kg au cours de l’essai d’un an, tandis que le groupe placebo a connu des changements de poids minimes. Cet effet pourrait avoir une importance particulière pour les patients qui luttent contre la gestion du poids parallèlement à leurs soins du diabète.
Les professionnels de la santé soulignent que ces médicaments compléteraient plutôt que remplaceraient l’insulinothérapie pour le diabète de type 1. “L’insuline reste la pierre angulaire du traitement,” a expliqué Dr Jennifer McIntosh, endocrinologue à l’Hôpital général de Toronto, qui n’a pas participé à l’étude. “Ce que ces résultats suggèrent, c’est que nous pourrions avoir un outil supplémentaire pour aider les patients à obtenir de meilleurs résultats avec potentiellement moins de complications.”
Les implications financières de l’ajout d’agonistes du GLP-1 aux soins du diabète de type 1 restent importantes. Ces médicaments coûtent généralement entre 900 et 1 300 dollars par mois sans couverture d’assurance au Canada, soulevant des questions sur l’accessibilité et sur la possibilité que les systèmes de santé publique et les assureurs privés élargissent la couverture sur la base de ces résultats.
Les effets secondaires rapportés dans l’étude étaient cohérents avec ceux observés chez les patients atteints de diabète de type 2, principalement des problèmes gastro-intestinaux comme des nausées, vomissements et diarrhées, qui ont généralement diminué avec le temps pour la plupart des participants.
Les autorités réglementaires n’ont pas encore approuvé les agonistes des récepteurs du GLP-1 pour le diabète de type 1, bien que certains endocrinologues rapportent déjà les prescrire hors indication pour des patients sélectionnés qui pourraient bénéficier de leurs effets. Les résultats de l’étude pourraient accélérer l’examen d’une approbation formelle pour cette indication.
Alors que la recherche se poursuit et que la pratique médicale évolue, la question clé demeure : ces médicaments transformeront-ils ultimement les soins standard pour les quelque 300 000 Canadiens vivant avec le diabète de type 1, ou resteront-ils une option spécialisée pour des profils de patients spécifiques au sein de cette population diverse?