L’Organisation mondiale de la santé a dévoilé hier une nouvelle stratégie audacieuse, appelant les gouvernements du monde entier à mettre en place une taxation ciblée sur les aliments et boissons malsains dans le cadre d’une campagne énergique pour combattre l’augmentation des taux d’obésité et des maladies chroniques associées.
“Les preuves sont irréfutables,” a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, lors d’une conférence de presse à Genève. “Taxer les aliments et boissons malsains peut réduire considérablement leur consommation tout en générant des revenus que les gouvernements peuvent réinvestir dans des initiatives de santé publique.”
Cette proposition représente la position la plus ferme de l’OMS à ce jour concernant la politique fiscale comme outil de santé publique, s’appuyant sur les modèles réussis de taxe sur le sucre mis en œuvre dans des pays comme le Mexique et le Royaume-Uni. Ces nations ont signalé des diminutions mesurables de la consommation de sucre suite à l’introduction de ces taxes, le Mexique documentant une réduction de 7,5% des achats de boissons sucrées dans les deux ans suivant l’introduction de sa taxe.
Les économistes de la santé à l’OMS estiment qu’une augmentation de prix même modeste de 10 à 20% grâce à la taxation pourrait réduire la consommation des produits ciblés de 8 à 13% tout en générant des milliards de revenus à l’échelle mondiale. Selon les recherches de l’organisation, plus de 80 pays ont déjà mis en œuvre une forme de taxe sur les boissons sucrées, mais moins nombreux sont ceux qui ont étendu des mesures similaires aux aliments ultra-transformés riches en sel, sucre et graisses malsaines.
L’initiative a suscité un débat parmi les décideurs politiques canadiens, les responsables de Santé Canada confirmant qu’ils “examinent attentivement les recommandations de l’OMS.” Des documents internes obtenus par CO24 suggèrent que le gouvernement fédéral a commandé une évaluation de l’impact économique pour évaluer les scénarios potentiels de mise en œuvre d’un cadre national.
Les représentants de l’industrie ont prévisiblement réagi. “Ces taxes proposées ciblent injustement des produits spécifiques sans aborder la nature complexe des choix alimentaires,” a déclaré Martin Lavoie, PDG des Transformateurs alimentaires du Canada, dans un communiqué. “Elles risquent d’affecter de manière disproportionnée les consommateurs à faible revenu tout en ne parvenant pas à améliorer l’éducation nutritionnelle globale.”
Les défenseurs de la santé publique rétorquent que le fardeau économique des maladies liées à l’alimentation dépasse de loin les préoccupations de l’industrie. “Le Canada dépense environ 13,8 milliards de dollars annuellement pour traiter des conditions évitables liées à l’alimentation,” note la Dre Claire Johnson, Directrice de la Coalition canadienne pour la santé nutritionnelle. “Une politique fiscale bien conçue pourrait aider à compenser ces coûts tout en orientant les consommateurs vers des options plus saines.”
L’initiative de l’OMS souligne que la taxation ne représente qu’un élément d’une approche globale. L’organisation recommande également des mesures complémentaires, notamment l’amélioration de l’étiquetage nutritionnel, des restrictions sur la commercialisation de produits malsains destinés aux enfants, et des subventions pour réduire les prix des aliments nutritifs comme les fruits et légumes.
Plusieurs analystes économiques prévoient que les pays adoptant rapidement ces mesures pourraient réaliser des économies de soins de santé de 2 à 3% de leur budget annuel de santé dans la décennie suivant la mise en œuvre, des chiffres qui se traduiraient par des milliards de dépenses médicales réduites.
Alors que les gouvernements du monde entier sont aux prises avec des systèmes de santé surchargés et des taux croissants de maladies chroniques, une question fondamentale émerge: la politique fiscale s’avérera-t-elle être l’ingrédient manquant dans notre recette collective pour faire face à la crise nutritionnelle mondiale, ou la résistance politique et industrielle continuera-t-elle à entraver des progrès significatifs sur l’un de nos défis de santé publique les plus pressants?