La tension qui couve depuis longtemps entre les dirigeants provinciaux et municipaux de l’Alberta a éclaté au grand jour cette semaine lorsque le ministre des Transports Devin Dreeshen et la maire de Calgary Jyoti Gondek ont échangé des mots acerbes concernant les projets d’infrastructure cyclable de la ville. Ce qui a commencé comme un désaccord politique s’est rapidement transformé en confrontation qui met en lumière les frictions juridictionnelles plus larges entre le gouvernement albertain et sa plus grande ville.
“La province est ultimement responsable du réseau routier en Alberta,” a déclaré Dreeshen dans une déclaration cinglante mardi, suite à l’approbation par la ville d’une piste cyclable prévue sur Memorial Drive. Le ministre a qualifié cette décision de “frustrante” et a suggéré qu’elle aurait un impact négatif sur les navetteurs qui dépendent de cet important corridor est-ouest.
La maire Gondek a rapidement riposté à cette critique provinciale, défendant l’autorité de la ville sur sa planification des transports. “Je crois que le ministre Dreeshen outrepasse ses limites,” a-t-elle déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville. “Memorial Drive est une route municipale, et la ville maintient sa juridiction sur les routes municipales.”
Le différend porte sur la stratégie cyclable de Calgary, qui vise à étendre le réseau de pistes cyclables protégées de la ville. Les urbanistes municipaux soutiennent que cette infrastructure est essentielle pour promouvoir des options de transport durable, réduire les émissions et améliorer la sécurité des usagers vulnérables de la route. Le projet de Memorial Drive comprend spécifiquement des plans pour une voie cyclable dédiée qui relierait les sentiers existants tout en réduisant potentiellement la capacité des véhicules.
Les experts en transport familiers avec la situation notent que cette controverse reflète plus qu’un simple désaccord sur les pistes cyclables. “Il s’agit de la question fondamentale de savoir qui contrôle l’urbanisme dans les grandes villes de l’Alberta,” a déclaré Dre Alexandra Petersen, professeure d’urbanisme à l’Université de Calgary. “La province fait valoir son pouvoir constitutionnel tandis que la ville affirme son droit de déterminer les priorités locales en matière de transport.”
Ce conflit survient dans le contexte d’un paysage de transport en évolution à Calgary, où la congestion croissante et les préoccupations environnementales ont suscité des appels à des options de mobilité plus diversifiées. Les défenseurs du cyclisme soulignent les mises en œuvre réussies de pistes cyclables dans d’autres villes nord-américaines qui ont augmenté le nombre d’usagers tout en minimisant les perturbations du trafic.
Les données de circulation de la ville montrent que Memorial Drive accueille environ 60 000 véhicules par jour, ce qui en fait l’une des artères les plus fréquentées de Calgary. Les changements proposés réduiraient les voies de circulation dans certaines sections pour accommoder l’infrastructure cyclable protégée—une modification qui a déclenché l’alarme chez certains navetteurs et au sein du gouvernement provincial.
“Nous avons investi des millions dans l’infrastructure routière autour de Calgary,” a noté Dreeshen, soulignant le rôle de la province dans le financement des principales artères de transport. Les responsables provinciaux ont suggéré que la réduction de la capacité des véhicules sur Memorial Drive pourrait pousser davantage de circulation vers Deerfoot Trail et d’autres autoroutes provinciales, nécessitant potentiellement des investissements supplémentaires en infrastructure.
La maire Gondek a rejeté ces préoccupations comme étant exagérées, citant des études de circulation qui suggèrent que l’impact sur le flux de véhicules serait minime tout en offrant des avantages significatifs pour les cyclistes. “Nous prenons des décisions fondées sur des preuves qui reflètent les divers besoins de transport de tous les Calgariens,” a-t-elle affirmé.
La réaction du public a été prévisiblement divisée. Les groupes d’affaires et certaines organisations de navetteurs se sont alignés sur la position de la province, tandis que les défenseurs de l’environnement et les experts en urbanisme ont généralement soutenu l’approche de la ville. Les plateformes de médias sociaux sont devenues des champs de bataille où les Calgariens débattent des mérites de l’expansion de l’infrastructure cyclable par rapport au maintien de la capacité des véhicules.
Susan Yamamoto, résidente locale qui emprunte Memorial Drive quotidiennement, a exprimé son inquiétude quant aux implications potentielles sur la circulation. “Je comprends le besoin de pistes cyclables, mais Memorial est déjà congestionné aux heures de pointe,” a-t-elle déclaré. En revanche, Michael Chen, défenseur du cyclisme, a répliqué: “Les pistes cyclables protégées ne sont pas simplement un luxe—elles constituent une infrastructure de sécurité essentielle pour les personnes qui choisissent de ne pas conduire.”
Le différend a des implications plus larges pour les relations provinciales-municipales à travers l’Alberta. Les analystes politiques suggèrent qu’il reflète la position de plus en plus affirmée du gouvernement UCP envers les centres urbains, qui penchent généralement plus progressistes dans leurs approches politiques que la direction conservatrice de la province.
Alors que cette impasse continue de se développer, la question fondamentale demeure: dans une province où les villes existent techniquement selon le bon vouloir du gouvernement provincial, qui a ultimement le dernier mot sur la planification des transports urbains? Avec les deux parties qui campent sur leurs positions, les Calgariens se demandent si ce différend aboutira à un compromis ou à un renforcement de ce qui est devenu bien plus qu’un simple désaccord sur les pistes cyclables.
Cette controverse remodelera-t-elle la façon dont les gouvernements provinciaux et municipaux naviguent dans leurs juridictions qui se chevauchent, ou n’est-ce que le dernier chapitre de la longue histoire de tensions intergouvernementales de l’Alberta?