L’affaire d’une mère montréalaise accusée d’avoir abandonné sa fille de deux ans le mois dernier a pris un tournant important mercredi lorsqu’un juge de la cour du Québec a annoncé que la décision concernant la libération sous caution sera reportée à vendredi. La femme de 35 ans, dont le nom ne peut être divulgué pour protéger l’identité de son enfant, semblait visiblement bouleversée lors de la brève audience au palais de justice de Montréal.
“Ces affaires impliquant des enfants nécessitent une considération minutieuse de multiples facteurs, notamment l’intérêt supérieur de l’enfant et la sécurité de la communauté,” a déclaré la procureure de la Couronne Annabelle Sheppard à l’issue de la procédure. “La complexité de cette situation nécessite un temps supplémentaire pour que le tribunal rende une décision appropriée.”
La femme fait face à de graves accusations, notamment l’abandon d’enfant, le défaut de fournir les nécessités de la vie et la négligence criminelle après que sa fille a été retrouvée seule dans un appartement de Notre-Dame-de-Grâce le 24 avril. La police a découvert l’enfant dans des conditions préoccupantes après que des voisins ont signalé avoir entendu des pleurs pendant plusieurs jours.
Selon les documents judiciaires, les autorités croient que l’enfant avait été laissée sans surveillance pendant environ 72 heures avant d’être retrouvée. La fillette a depuis été placée sous la protection de la province, les responsables des services de protection de la jeunesse du Québec veillant à son bien-être pendant que la procédure judiciaire se déroule.
L’avocat de la défense Martin Cohen a plaidé pour la libération de sa cliente avec des conditions strictes, citant son absence d’antécédents criminels et ses liens solides avec la communauté. “Il y a d’importants aspects de santé mentale dans cette affaire qui doivent être abordés par des systèmes de soutien appropriés, pas par l’incarcération,” a déclaré Cohen aux journalistes à l’extérieur du palais de justice.
La poursuite a répliqué en soulignant la gravité de l’abandon présumé, Sheppard notant que “les preuves suggèrent un modèle de comportement préoccupant qui a précédé cet incident.” Les enquêteurs continuent de recueillir des informations sur les circonstances qui ont conduit à ce que l’enfant soit laissée seule.
Cette affaire a relancé les discussions sur les systèmes de protection de l’enfance au Québec et le soutien en santé mentale pour les parents en crise. Les défenseurs du bien-être des enfants ont souligné les lacunes systémiques qui empêchent souvent d’identifier les familles à risque avant que des urgences ne surviennent.
“Ce que nous voyons de plus en plus, ce sont des parents sans réseaux de soutien adéquats qui atteignent leurs limites,” a expliqué Dr Sophia Belanger, chercheuse en protection de l’enfance à l’Université de Montréal. “La pandémie a exacerbé l’isolement de nombreuses familles, et nos filets de sécurité sociale ne se sont pas complètement rétablis pour répondre à ces besoins.”
Les membres de la famille de l’accusée, qui ont assisté à l’audience de mercredi, ont refusé de parler aux médias mais ont publié une déclaration exprimant leur engagement à soutenir la mère et l’enfant par des voies appropriées. Ils ont décrit la situation comme “une tragédie pour tous les concernés” et ont demandé le respect de leur vie privée.
Si elle est reconnue coupable de toutes les accusations, la mère pourrait faire face à jusqu’à cinq ans de prison, bien que les experts juridiques suggèrent que le tribunal envisagera probablement des options de peine axées sur la réhabilitation compte tenu des circonstances.
Alors que Montréal continue de faire face à cette affaire troublante, une question plus large se pose : comment nos communautés peuvent-elles mieux identifier et soutenir les parents en difficulté avant que des situations de crise ne se développent, et quelle responsabilité portons-nous collectivement pour le bien-être de nos citoyens les plus vulnérables?