L’atmosphère à Montréal est différente cette semaine. Une électricité palpable parcourt les rues de la ville qui n’a rien à voir avec nos festivals d’été habituels ou nos événements culturels. C’est plutôt l’anticipation de voir la grandeur en chair et en os alors que Lionel Messi, sans doute le plus grand footballeur de tous les temps, s’apprête à fouler notre terrain ce week-end lorsque l’Inter Miami CF visitera le CF Montréal.
Pour une ville qui a longtemps existé à la périphérie de la conscience footballistique mondiale, l’arrivée de Messi représente quelque chose de monumental. Le huit fois vainqueur du Ballon d’Or, champion du monde et légende vivante apportera son talent surnaturel au Stade Saputo samedi, créant ce qui sera sans doute l’un des événements sportifs les plus importants de l’histoire récente de Montréal.
“Ce n’est pas juste un match de plus au calendrier,” explique Jean Tremblay, un partisan de longue date du CF Montréal que j’ai rencontré devant le stade plus tôt cette semaine. “C’est de l’histoire. Mes enfants se souviendront du jour où ils ont vu Messi jouer en personne. Combien de générations peuvent dire cela?”
En effet, l’impact de l’arrivée de Messi s’étend bien au-delà du terrain. Depuis qu’il a rejoint l’Inter Miami l’année dernière, le maestro argentin a transformé le profil mondial de la Major League Soccer presque à lui seul. Les cotes d’écoute télévisées ont grimpé en flèche, les ventes de produits dérivés ont explosé, et plus révélateur encore, les prix des billets ont atteint des sommets sans précédent partout où Miami joue.
Montréal ne fait pas exception. En quelques minutes après la mise en vente des billets, les plateformes de revente affichaient des prix qui montaient en flèche à des niveaux généralement réservés aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley ou aux grands concerts. Un billet qui coûterait normalement entre 50 et 75 dollars se vendait soudainement entre 500 et 1000 dollars ou plus, excluant de nombreux partisans dévoués du CF Montréal tout en créant une manne pour les détenteurs d’abonnements de saison prêts à se séparer de leurs places.
Cette onde de choc économique illustre ce que les analystes ont surnommé “l’effet Messi” – un phénomène qui suit le petit Argentin partout où il va. Les hôtels locaux signalent des réservations presque complètes, les restaurants autour du Stade Saputo sont inondés de réservations, et même les voyagistes ont remarqué un intérêt accru de la part des visiteurs qui prolongent leur séjour pour apercevoir la royauté du football.
Pour le CF Montréal, les projecteurs apportent à la fois des opportunités et des pressions. Le club a eu du mal à maintenir des chiffres de fréquentation constants ces dernières années malgré des équipes compétitives. La foule à guichets fermés de samedi offrira un aperçu de ce qui pourrait être possible avec le bon marketing, l’engagement communautaire et un produit de qualité sur le terrain.
“Le défi pour le CF Montréal n’est pas seulement de faire un bon spectacle ce week-end,” explique Sophie Girard, professeure de marketing sportif à l’Université de Montréal. “C’est de trouver comment convertir ces touristes occasionnels venus pour Messi en supporters réguliers. C’est la différence entre un pic momentané et une croissance véritable pour le club.”
Sur le terrain, les joueurs du CF Montréal font face au double défi de rivaliser avec des talents de classe mondiale tout en ne devenant pas eux-mêmes de simples spectateurs. Pour les jeunes joueurs canadiens comme Mathieu Choinière et Bryce Duke, partager le terrain avec Messi représente à la fois une perspective intimidante et l’opportunité d’une vie.
“Tu rêves de ces moments en grandissant,” a confié Duke aux journalistes après l’entraînement. “Jouer contre le meilleur de tous les temps? C’est pour ça qu’on joue au foot. On le respecte énormément, mais une fois que l’arbitre siffle, on est là pour gagner un match de football.”
De son côté, Miami arrive à Montréal en tant qu’attraction principale incontestée de la MLS, comptant non seulement sur Messi mais aussi sur les légendes barcelonaises Sergio Busquets et Jordi Alba. Leur équipe est passée presque du jour au lendemain d’une équipe secondaire de la ligue à un prétendant au championnat, se situant actuellement près du sommet du classement de la Conférence Est.
Au-delà des 90 minutes d’action samedi, la visite de Messi constitue un moment culturel pour les diverses communautés de Montréal. La population latino-américaine substantielle de la ville a été particulièrement galvanisée, avec des soirées de visionnement et des événements communautaires prévus dans les quartiers, de Saint-Michel à Villeray.
“Le football est le langage universel qui relie tant de communautés immigrantes de Montréal,” note Roberto Sanchez, qui organise des événements communautaires par l’intermédiaire du Centre culturel latino-américain. “Avoir Messi ici crée des ponts entre les générations et les origines. Je connais des grands-parents qui parlent à peine anglais ou français et qui emmènent leurs petits-enfants nés au Canada pour vivre cette expérience ensemble.”
À l’approche du week-end, les prévisions météorologiques promettent un ciel clair et des températures agréables – des conditions parfaites pour ce qui s’annonce comme un événement sportif mémorable. Que vous soyez un fanatique de football de longue date ou simplement curieux de voir un talent unique en son genre, Montréal se retrouve au centre de l’attention du monde sportif, ne serait-ce que pour un après-midi remarquable.
La visite de Messi peut être éphémère, mais son impact sur le paysage sportif montréalais pourrait résonner bien au-delà du coup de sifflet final. Dans une ville qui se targue de son importance culturelle, samedi offre un moment rare où l’excellence athlétique devient de l’histoire culturelle sous nos yeux.
Quant aux pronostics? Le score semble presque secondaire par rapport au spectacle lui-même. Mais après tout, c’est le beau jeu dans toute sa splendeur – même en présence de la grandeur, tout peut arriver une fois que le ballon commence à rouler.