Affluence en hausse pour le Comiccon de Montréal 2024 malgré les tensions commerciales aux États-Unis

Daniel Moreau
8 Min Read
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Le Palais des congrès de Montréal était une véritable marée de cosplayers, de passionnés de bandes dessinées et d’aficionados de la culture pop ce week-end. Le Comiccon de Montréal 2024 a pulvérisé tous les records d’affluence, accueillant plus de 65 000 visiteurs lors de ce que les organisateurs qualifient d’événement le plus réussi à ce jour. Cette impressionnante participation survient à un moment intéressant, alors que les tensions entre le Canada et les États-Unis concernant les politiques commerciales créent des ondulations inattendues dans nos industries culturelles.

« Nous n’avons jamais vu de tels chiffres », a déclaré Élisabeth Coulombe, porte-parole du Comiccon de Montréal. « La fréquentation a augmenté de près de 20 % par rapport à l’année dernière, ce qui nous indique qu’il se passe quelque chose d’important dans la communauté des fans. »

Ce qui rend cette hausse particulièrement remarquable, c’est qu’elle contraste avec la baisse de fréquentation observée dans plusieurs grandes conventions américaines. Le Comic-Con de San Diego, longtemps considéré comme la référence de l’industrie, a signalé une légère diminution de sa fréquentation pour la deuxième année consécutive. La question se pose : Montréal profite-t-elle d’une dynamique changeante dans le circuit des conventions nord-américaines?

La réponse pourrait résider en partie dans l’économie. Avec le dollar canadien qui se maintient autour de 73 cents américains, les exposants, célébrités et fans américains trouvent Montréal de plus en plus attrayante. Plusieurs vendeurs américains avec qui j’ai discuté sur le plancher de la convention ont mentionné le taux de change favorable comme motivation principale pour faire le voyage vers le nord.

« Mes coûts de kiosque sont effectivement réduits de près de 30 % par rapport à des conventions similaires aux États-Unis », a expliqué Marcus Reynolds, un marchand d’art de bande dessinée de Boston. « De plus, le public montréalais achète avec enthousiasme, particulièrement auprès des créateurs indépendants. »

Cet avantage économique existe sur fond de frictions commerciales croissantes. Les récents différends concernant le bois d’œuvre, les produits laitiers et l’industrie automobile ont créé un refroidissement dans les relations canado-américaines. Bien que les bandes dessinées et les objets de collection n’aient pas été directement ciblés par les tarifs douaniers, les industries culturelles ne sont pas à l’abri de ces courants économiques plus larges.

Ce qui est particulièrement fascinant dans le succès de la convention montréalaise, c’est comment il reflète un phénomène culturel qui transcende les considérations économiques. La ville s’est depuis longtemps établie comme un pôle créatif, mélangeant les sensibilités nord-américaines et européennes d’une façon qui crée une saveur distincte pour ses rassemblements de culture pop. La programmation de cette année a mis l’accent sur cette unicité, présentant une solide représentation des créateurs de bandes dessinées québécois, des studios d’animation et des entreprises de jeux vidéo.

L’industrie locale du jeu vidéo a été particulièrement bien représentée cette année. Les studios montréalais comme Behaviour Interactive, Eidos-Montréal et Ubisoft Montréal ont présenté leurs prochains titres à des foules enthousiastes. Cette connexion locale offre quelque chose que les conventions américaines n’ont souvent pas – un véritable sentiment d’appartenance communautaire qui va au-delà du simple fandom pour devenir une authentique fierté culturelle.

« Il y a quelque chose de spécial dans les conventions montréalaises », a noté Stéphanie Chen, cosplayeuse chevronnée qui participe à plus d’une douzaine d’événements chaque année à travers l’Amérique du Nord. « La nature bilingue de la ville crée ce mélange fascinant d’influences qu’on ne voit pas ailleurs. Les bandes dessinées en français partagent l’espace avec Marvel et DC, les fans d’anime se mêlent aux joueurs de jeux de société – c’est remarquablement fluide. »

Cette fusion culturelle s’étend également aux apparitions de célébrités. Alors que les stars hollywoodiennes attiraient prévisiblement de longues files pour les autographes, des foules tout aussi impressionnantes se sont rassemblées pour les personnalités de la télévision québécoise et les comédiens de doublage. La programmation bilingue de la convention – panels et événements en français et en anglais – la distingue davantage de ses homologues américaines.

Pourrait-ce être un modèle pour l’avenir des conventions de fans? Peut-être. Alors que la culture pop mondiale continue de se diversifier au-delà des récits dominés par les Américains, les événements qui embrassent de multiples influences culturelles pourraient se retrouver mieux positionnés pour la croissance. Le succès du Comiccon de Montréal suggère que le public a soif d’expériences qui équilibrent le divertissement grand public avec des références culturelles locales.

Les implications économiques s’étendent au-delà de la convention elle-même. Tourisme Montréal estime que l’événement a généré environ 19 millions de dollars d’activité économique pour la ville, les hôtels affichant des réservations presque à pleine capacité tout au long du week-end. Les restaurants, les boutiques et les services de transport ont tous bénéficié de l’afflux de visiteurs, dont beaucoup arboraient des costumes élaborés qui ont transformé le centre-ville de Montréal en une célébration vivante de l’imagination.

Cette stimulation économique arrive à un moment crucial. La reprise post-pandémique pour les entreprises événementielles a été inégale, de nombreuses conventions luttant pour retrouver leurs niveaux de fréquentation d’avant 2020. Le succès de Montréal offre une feuille de route potentielle pour les organisateurs de conventions ailleurs : embrasser la culture locale, créer une programmation unique introuvable dans les événements concurrents, et favoriser un environnement où plusieurs fandoms peuvent coexister.

Alors que le Canada navigue dans sa relation complexe avec son voisin du sud, des événements culturels comme le Comiccon de Montréal nous rappellent que le soft power compte. La capacité à créer des espaces où créativité, commerce et communauté se croisent représente une forme d’influence qui transcende les tensions politiques.

Pour l’instant, Montréal peut célébrer sa position d’étoile montante dans l’univers des conventions. La question reste de savoir si le record d’affluence de cette année représente un avantage temporaire dû aux conditions économiques ou le début d’un changement plus permanent dans le paysage de la culture pop nord-américaine. Quoi qu’il en soit, le succès du Comiccon de Montréal 2024 démontre que dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, les rassemblements culturels peuvent prospérer même lorsque les relations politiques deviennent compliquées.

En prévision de 2025, les organisateurs ont déjà annoncé une expansion de la surface d’exposition et des volets de programmation supplémentaires. Si le succès de cette année est un indicateur, ils auront besoin de chaque mètre carré disponible.

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