Dans un geste décisif signalant une rigueur fiscale, le premier ministre Mark Carney a demandé à son cabinet nouvellement formé d’identifier des économies opérationnelles substantielles dans tous les ministères fédéraux d’ici la fin de l’été, ont confirmé hier des sources proches de l’administration.
Cette directive, communiquée lors de la première réunion du cabinet hier sur la Colline du Parlement, représente la première étape concrète de l’administration pour répondre aux préoccupations croissantes concernant le déficit du Canada – une pierre angulaire de la plateforme économique de Carney durant son ascension au pouvoir.
“Il ne s’agit pas de réduire les services essentiels ou d’abandonner nos engagements,” a expliqué la ministre des Finances Chrystia Freeland lors d’un point de presse improvisé suivant la réunion. “Nous cherchons à rationaliser les opérations, éliminer les redondances et assurer que l’argent des contribuables offre une valeur maximale aux Canadiens.”
Selon des documents internes obtenus par CO24, les ministres ont été chargés de trouver entre 5 et 7 % d’efficacités opérationnelles dans leurs portefeuilles respectifs – ce qui pourrait représenter des milliards d’économies dans les opérations gouvernementales. Les ministres doivent soumettre des propositions détaillées d’efficacité d’ici le 31 août pour examen par le cabinet.
Le moment choisi pour cette initiative est particulièrement significatif alors que l’administration se prépare à présenter sa première mise à jour économique cet automne, suivie d’un budget complet au début de 2026. Les analystes économiques examinant les données récentes de Statistique Canada suggèrent que ces mesures surviennent alors que le déficit du Canada a grimpé à près de 42 milliards de dollars – considérablement plus élevé que les projections de l’administration précédente.
“Carney exploite son expérience bancaire d’une façon prévisible mais nécessaire,” a noté Dre Helena Morgenstern, économiste principale à l’Université de Toronto. “Il établit la discipline fiscale comme principe fondamental avant que le gouvernement ne commence à mettre en œuvre son programme économique plus large.”
Les observateurs politiques soulignent que cette approche représente un équilibre délicat pour le nouveau gouvernement libéral, qui a fait campagne à la fois sur la responsabilité fiscale et l’expansion des programmes sociaux. Les chefs de l’opposition ont déjà exprimé leur scepticisme quant à la capacité de l’administration à atteindre ces deux objectifs.
“Nous avons déjà entendu ces promesses d’efficacité auparavant,” a déclaré le critique conservateur des finances Pierre Poilievre durant la période des questions aujourd’hui. “Les Canadiens méritent de la transparence sur l’origine exacte de ces coupes et qui en supportera le fardeau.”
Des sources au sein du Bureau du Premier ministre soulignent que certains domaines prioritaires resteront protégés contre d’éventuelles réductions, notamment les initiatives de réconciliation avec les Autochtones, les programmes d’action climatique et les transferts de santé aux provinces.
La directive du cabinet demande explicitement aux ministres de se concentrer sur les frais administratifs, les contrats de consultants et les mécanismes de prestation des programmes plutôt que sur les niveaux de service. On a également demandé aux ministres d’identifier les programmes désuets qui ne servent plus leur objectif initial ou qui pourraient être consolidés avec d’autres initiatives.
Cette approche de gestion fiscale semble trouver écho sur les marchés financiers, le dollar canadien s’étant légèrement renforcé suite à l’annonce de la directive du cabinet. Les rendements obligataires ont également montré une légère amélioration, suggérant un optimisme prudent quant à l’engagement du gouvernement envers la discipline fiscale.
Pour les Canadiens ordinaires qui observent ces développements, les implications restent floues. Ces “efficacités opérationnelles” se traduiront-elles par des changements notables dans les services gouvernementaux, ou resteront-elles invisibles pour le citoyen moyen? Alors que les examens ministériels commencent sérieusement, la réponse à cette question pourrait déterminer non seulement le succès économique du gouvernement de Carney, mais aussi son avenir politique.